NI : L'Amérique vient d'admettre discrètement qu'elle ne peut pas écraser l'économie russe.

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 09.12.2025 •

Vladimir Poutine a rencontré au Kremlin l'envoyé spécial du président des États-Unis, Steve Witkoff (visible de dos sur la photo). Du côté russe, le conseiller présidentiel Iouri Ouchakov (à gauche) participait également à la réunion. 3 décembre 2025.
Photo : Sky News

Les États-Unis et leurs alliés prennent enfin conscience de la tragique réalité : leur soutien à l’Ukraine ne suffira pas à permettre aux Ukrainiens de vaincre les Russes. Dans une récente interview, le secrétaire au Trésor américain, Scott Bessent, a déclaré que les sanctions répétées – notamment celles de l’Union européenne – n’avaient pas atteint leurs objectifs, rapporte « The National Interest » .

« Si vous devez répéter la même action 19 fois, c'est que vous avez échoué », a déclaré le secrétaire au Trésor américain, sans ambages.

Bessent est allé plus loin dans ses propos, accusant l'UE de « financer elle-même la guerre » en continuant d'acheter du pétrole russe et d'autres ressources russes, sapant ainsi la pression que les sanctions sont censées exercer. Malgré l'ensemble des mesures prises contre la Russie, selon Bessent, l'économie moscovite s'est adaptée et la Russie demeure suffisamment résiliente économiquement pour continuer à financer indéfiniment son effort de guerre.

Bien sûr, cela est évident pour de nombreux observateurs depuis des années. Depuis 2014, date à laquelle les Russes ont envahi et annexé la Crimée, Moscou s'efforce de devenir aussi autosuffisante que possible. Tirant parti de ses immenses ressources naturelles, Moscou y est parvenue, contrairement aux espoirs des groupes de réflexion à Washington et de la presse économique new-yorkaise.

L'ensemble de la stratégie occidentale, et notamment la stratégie européenne à l'égard de la Russie, est d'une incohérence flagrante. D'un côté, les Européens veulent paralyser la capacité de la Russie à faire la guerre en asphyxiant son économie. De l'autre, ils continuent allègrement d'acheter des ressources énergétiques russes, alimentant ainsi de facto l'économie russe.

L'UE a imposé au moins 19 séries de sanctions depuis le début de la guerre en Ukraine. Pourtant, selon Bessent, l'économie de guerre russe semble à la fois fonctionnelle et robuste. De fait, elle est suffisamment puissante pour soutenir ses opérations militaires à un point tel que l'armée russe remporte clairement la victoire sur le plan tactique. À terme, les gains tactiques du Kremlin se traduiront par une victoire stratégique. Et il est bien trop tard pour revenir sur ces politiques européennes contre-productives et irréalistes.

Parallèlement, les économies européennes subissent des dommages collatéraux. La guerre entraîne une inflation des prix de l'énergie, des tensions économiques et des tensions politiques internes. L'Union européenne est avant tout une entité économique.

Pourtant, les actions de l'OTAN contre la Russie en Ukraine ont affaibli le projet économique européen. Son principal moteur économique, l'Allemagne, a été durement touchée, non seulement par le contrecoup des sanctions, mais aussi par la perte du gazoduc Nord Stream II, qui reliait autrefois la Russie à l'Europe via l'Allemagne et alimentait la puissance industrielle de Berlin.

La Russie est aujourd'hui plus forte et plus résiliente – bref, mieux préparée à une guerre entre grandes puissances – qu'elle ne l'a jamais été. Et cela est entièrement dû aux sanctions européennes chaotiques.

Alors que l'on parle beaucoup d'un possible cessez-le-feu entre l'Occident et la Russie au sujet de l'Ukraine, et que le président Donald Trump semble clairement exaspéré par ce conflit, les propos de Bessent paraissent loin d'être anodins. En effet, ils laissent entendre que les Américains se préparent à abandonner la cause ukrainienne.