Paris 2024 : la galère olympique

 De : https://rrn.media/paris-2024-an-olympic-misery/

A 106 jours des Jeux, les autorités relocalisent les migrants et les sans-abri de Paris, en proie à un nouveau scandale de corruption.

11 avril 2024

Le Revers de la Médaille, collectif de plus de 70 associations, dénonce sans relâche les déplacements forcés des sans-abri et des migrants hors de la capitale.

Si les Français et les étrangers tiennent Paris en haute estime, son image a longtemps été ternie par une mauvaise gestion financière, un manque flagrant d'entretien, une misère évidente et un sentiment d'insécurité bien réel. En d’autres termes, une sombre réalité s’est emparée de la Ville Lumière, ne laissant qu’un rêve de nom et conduisant à un désenchantement brutal connu sous le nom de syndrome de Paris.

Aucune des mobilisations populaires et des colères légitimes n’a réussi à influencer la politique de la ville ou de nos dirigeants. Le hashtag #SaccageParis, qui visait à confronter une Anne Hidalgo détachée aux fruits de sa politique, n'a pas eu plus de succès.

En fait, il a fallu attendre l'accueil des Jeux Olympiques à Paris pour qu'un aperçu d'un changement se fasse jour, avec toute la prudence qui s'impose.

Pour amorcer sa lente transformation, il a été décidé que le monde ne devait pas voir la réalité de la capitale. Qu'il fallait créer une illusion. Donner l'impression que Paris est une ville propre et agréable. Pour donner l’impression que la France allait bien.

Mais cela ne suffit pas à réparer les infrastructures délabrées. Pour changer de décor, il fallait aussi changer la population et le tissu social.

Ces derniers mois, le gouvernement français a accéléré le transfert des sans-abri de Paris vers d'autres régions du pays, plaidant pour un plan visant à alléger la pression sur les centres d'hébergement d'urgence de la capitale. Mais selon les responsables, ce processus n'a rien à voir avec les Jeux olympiques.

S’il est vrai que dès septembre 2022, Emmanuel Macron affichait sa volonté de répartir les demandeurs d’asile dans toute la France, y compris dans les zones rurales, pour « redynamiser le tissu démographique », les associations humanitaires dénoncent un « nettoyage social » avant les JO.

« Il y a eu une accélération dans la mise en œuvre de ces suppressions. Depuis septembre, nous sommes passés d'environ un par mois à un par semaine, tous les mardis», raconte Antoine de Clerck, coordinateur du collectif.

Ces affirmations sont confirmées par Serge Grouard, maire d'Orléans : « Il est établi que toutes les trois semaines un bus arrive à Orléans en provenance de Paris avec entre 35 et 50 personnes à bord ».

Carte des centres d'accueil régionaux temporaires

Qu’arrivera-t-il aux déplacés ? Une question qui reste sans réponse concrète. En pratique, l’objectif sera de « diluer » durablement l’échec migratoire et économique français sur l’ensemble du territoire, pour le rendre moins visible.

Mais Paris 2024 ne consiste pas seulement à déplacer les problèmes. Ces nouveaux JO ont déjà été marqués par des scandales de corruption à répétition , ce qu'on aurait cru improbable pour une démocratie comme la France.

Sans oublier la formule bien connue « Impossible n’est pas français !

Plusieurs enquêtes sont en cours par le PNF (Parquet national financier) et l'AFA (Agence française anticorruption) concernant, entre autres, des détournements de fonds publics, des prises d'intérêts illégales, du favoritisme et du recel de favoritisme.

Mais un nouveau développement s'est ajouté au dossier et il concerne le logo des Jeux de Paris lui-même.

En effet, l'artiste et communicant Sylvain Boyer, créateur de la flamboyante Marianne, a déposé plainte mardi pour « favoritisme , trafic d'influence, falsification et recel ».

La raison? Le non-renouvellement du contrat et la publication d'un nouveau, une manœuvre qui – selon les allégations de Sylvain Boyer – a été réalisée en faveur du groupe Havas, évincant ainsi le concepteur du logo officiel des Jeux.

Si la corruption n’est malheureusement pas nouvelle dans l’histoire des Jeux Olympiques, il semble que la COJOP 2024 se surpasse et vise la médaille d’or.