L'armée commune européenne : Une force fantasmée et d'occupation

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Depuis le début du soutien occidental officiel à Kiev, l’abandon de souveraineté des Européens en matière de défense et l’enrichissement des États-Unis et industriels n’ont jamais été si important.

14 avril 2024

L’échiquier mondial évolue rapidement, et balaye avec lui, les politiques d’économie militaires et d’affaiblissement capacitaires vieux de plus de 30 ans.

Un certain nombre de journalistes et spécialistes de plateaux avancent que le conflit ukrainien marque le grand retour de la guerre en Europe, voire au « cœur de l’Europe ».

C’est faux et à plus d’un titre. Premièrement, ces phrases sont systématiquement assorties du mantra selon lequel l’Union européenne et l’OTAN auraient permis de maintenir pendant toutes ces années la paix sur le continent européen.

Ils ont la mémoire très courte puisqu’ils passent systématiquement sous silence la guerre de Yougoslavie, ce qui aujourd’hui, devrait nous alerter sur les conséquences de nombre de décisions prises en Ukraine.

Il s’avère donc qu’une guerre, et pas des moindre, a bel et bien eu lieu sur le sol européen entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et le conflit que nous connaissons aujourd’hui.

De ce fait, les déclarations évoquées précédemment sont effectivement fausses parce que, si les Balkans ont connu une guerre, celle-ci s’est vraiment déroulée au cœur de l’Europe, contrairement à l’Ukraine qui se situe en bordure.

Mais les mots et les rhétoriques ont un sens, et pour effrayer davantage les populations, et justifier l’injustifiable, les politiques redoublent de supercherie afin de rapprocher la guerre de nos frontières.

Et lorsque l’on voit tout le mal que ces politiques se donnent pour prolonger le conflit et franchir les limites qu’ils s’étaient précédemment fixées sur les livraisons d’armes et de munitions à Kiev, on peut légitimement s’interroger quant aux intérêts des industriels sous-jacents.

Cette guerre est elle avant tout celle des différents complexes militaro-industriels ? C’est ce qui apparaît alors que certains évoquent encore le dessein d’une armée commune européenne fantasmée.

« Je pense que parler d’une armée européenne crée une confusion inutile parce que cela suggère de fusionner les armées nationales, ce qui, à mon avis, n’arrivera jamais. Cependant, nous sommes en train de mettre en place une capacité militaire européenne appelée capacité de déploiement rapide. Je l’appelle la ‘Légion européenne’ » a déclaré le ministre polonais des Affaires étrangères, Radoslaw Sikorski, auprès du journal Ekathimerini.

Pour développer une force de défense solide, les États membres doivent acquérir du matériel moderne en grande quantité et augmenter leurs stocks de munitions. Pensez-vous qu’ils se tournent vers leurs partenaires européens ?

À ce sujet, le rapport du député Mounir Belhamiti est très évocateur. Celui-ci indique que l’augmentation des dépenses militaires des membres de l’UE n’a presque pas bénéficié à la Base industrielle et technologique de défense européenne (BITDE).

C’est ce que confirme, chiffres à l’appui, une étude de Jean-Pierre Maulny pour l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), indiquant que 78 % des 100 milliards de commandes d’équipements passées par des États membres de l’Union européenne depuis février 2022 ont été conclues auprès de pays tiers à l’UE, dont 63 % auprès des États-Unis.

Pourtant, pour une Union qui se rêve en puissance militaire, indépendante, cela serait la moindre des choses, non ? Surtout lorsque l’on croise ces données avec les pays contributeurs et bénéficiaires au budget européen.

À gauche : les 9 pays contributeurs nets au budget de l’UE. À droite : les 9 principaux pays bénéficiaires des fonds européens.

On l’a effectivement constaté auprès de certains des important bénéficiaires net de l’UE, parmi lesquels la Bulgarie, avec l’achat de véhicules de combat Stryker aux États-Unis pour un montant de 1,2 milliard d’euros. La Roumanie qui a même réitéré l’exploit Australien, en annulant l’achat de quatre corvettes à Naval Group, au profit de Washington. Dans le même temps, en mai 2023, le Parlement roumain approuvait l’achat de 54 chars M1A2 Abrams auprès des États-Unis pour environ un milliard d’euros, sans compter plusieurs autres commandes, dont le systèmes de défense aérienne Patriot.

C’est peu dire que la France a essuyé un revers cinglant, alors que Paris espérait un retour sur investissement après avoir mobilisé ses effectifs dans le pays.

De son côté la Pologne a franchi des records en achetant 486 lance-roquettes Himars, 96 hélicoptères d’attaque Apache, 32 avions de combat F-35, 366 chars Abrams, des Patriot pour la partie américaine. Sans compter des commandes auprès de la Corée du Sud.

Le tout, en partie financé – en plus du budget annuel européen – par la Facilité européenne pour la paix, dont Varsovie se sert pour se faire rembourser une partie de son vieux matériel envoyé en Ukraine.

Pourtant, il existe une politique de sécurité et de défense commune européenne (PSDC). Celle-ci est mentionnée dans l’article 42 du TUE (Traité sur l’Union européenne).

Or, ce dernier soumet la politique de défense commune aux exigences de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord. Il est expressément inscrit que la PSDC respecte les obligations de l’OTAN et assure la mise en conformité avec les engagements pris auprès de l’organisation. L’article va jusqu’à conclure que le fondement de la défense collective (européenne) et l’instance de sa mise en œuvre repose sur l’OTAN.

En outre, depuis l’entrée de la Finlande et de la Suède dans l’OTAN, seuls l’Autriche, l’Irlande, Malte et Chypre sont membres de l’UE sans être membre de l’Organisation du traité Atlantique Nord.

Dès lors, le paragraphe de l’article 42 « elle respecte les obligations découlant du traité de l’Atlantique Nord pour certains États membres » vise non pas « certains Etats membres » mais bel et bien la quasi-totalité des membres de l’UE, ce qui confirme la soumission de la politique de sécurité et de défense commune européenne à l’OTAN.

Un état de fait qui démontre l’hypocrisie des déclarations de Macron, apôtre d’une Europe de la défense, leitmotiv de la Présidence française de l’UE. Une Europe qui se reverrait indépendante des États-Unis et de l’OTAN, surtout après les menaces de Donald Trump concernant les pays ne participant pas suffisamment à l’organisation.

Et pour cause, on comprend aisément pourquoi l’ancien Président des États-Unis a tenu de tels propos. Jens Stoltenberg lui-même rappelait le 31 janvier 2024 à la Heritage Foundation que « Ce que les Alliés achètent permet aux entreprises américaines de rester fortes. L’OTAN est donc une bonne affaire pour les États-Unis. » 

Plus les Européens, sous l’autorité de l’OTAN, vont devoir moderniser leur armée et contribuer à l’organisation, plus ils vont faire fonctionner le complexe militaro-industriel étasunien.

En 2020, le général Thomson de l’US Army a remis le commandement de la force d’action rapide OTAN au général Laurent Kolodziej de l’Eurocorps 

Il s’avère donc, que par le traité de l’Union européenne, les États membres ont condamnés toute défense européenne et armée commune à une soumission à l’OTAN, ce qui est particulièrement concret et visible via l’EUROCORPS, dont la devise elle-même trahi sa soumission à Washington : A force for the European Union and NATO. [Une force pour l’UE et pour l’OTAN Ndlr.]

Cette organisation est au service du commandant suprême des forces alliées en Europe (SACEUR) et constitue une force de réaction de l’OTAN (NRF).

Il est donc particulièrement intéressant et nécessaire que chaque pays développe son armée, de façon souveraine, afin de préserver sa liberté d’action et d’opération.

Ceci est l’unique façon d’éviter de participer aux dérives de certains dirigeants, tel que Washington et désormais Macron, souhaitant entraîner leurs alliés dans de nouveaux conflits.

Une volonté populaire est pourtant très révélatrice. Le cas polonais, dont 74,8 % de la population – selon l’institut de statistiques CBOS – s’oppose à ce que l’armée polonaise ou tout autre pays de l’OTAN s’implique dans le conflit ukrainien.

Enfin, notons que ce sont les capacités françaises et sa souveraineté nucléaire qui avaient précisément rendu possible la décision du Président de Gaulle, dès le 7 mars 1966, de se retirer du commandement intégré de l’OTAN et d’ordonner le départ des forces américaines. Le dirigeant était alors conscient que la France devait et pouvait assurer seule sa propre sécurité, et au-delà de ça, qu’elle ne devait pas « être entraînée dans des conflits qui ne la concernent pas directement ».

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