COVID-19 - Femmes responsables politiques et efficacité
Ce texte est recopié du site Les Nouvelles News .
Les femmes dirigeantes meilleures que les hommes face à la pandémie ?
Ecrit par Isabelle Germain 14 avril 2020

Political Leaders Showing the Way 20-FIRST
Allemagne, Nouvelle-Zélande, Taiwan, San-Francisco… Pays et villes dirigés par des femmes sont plus efficaces face à la crise sanitaire selon la presse anglo-saxonne. La biologie n’y est pour rien.
Face aux roulements de mécaniques d’un Donald Trump ou d’un Boris Johnson, face à un président français qui affirmait crânement, une semaine avant de devoir annoncer le confinement, qu’il fallait continuer à aller au théâtre comme lui… Les femmes dirigeantes se sont montrées efficaces face au Coronavirus. Bien sûr, le facteur « femme dirigeante » n’est pas le seul à expliquer la bonne gestion de la crise par les pays qui s’en sortent bien mais il joue indéniablement et il est plus culturel que biologique.
Avivah Wittenberg-Cox, directrice générale de 20-first, (et co-fondatrice du réseau d’EPWN en France) le constate par exemple dans le magazine Forbes. Elle a scruté les Etats dirigés par des femmes : « De l’Islande à Taïwan et de l’Allemagne à la Nouvelle-Zélande, les femmes se mobilisent et montrent au monde comment gérer cette crise.» Elle réfute l’objection selon laquelle il s’agit de petits pays, d’îles ou autres. «L’Allemagne est une grande puissance et le Royaume-Uni une île, leurs résultats sont très différents ». Quelle alternative ces femmes dirigeantes ont-elles opposé d’emblée aux roulements de mécanique de leurs homologues masculins s’affirmant plus forts qu’une petite gripette ?
Calme, sérieux, anticipation
« Angela Merkel, la chancelière d’Allemagne, s’est réveillée très tôt et a dit calmement à ses compatriotes qu’il s’agissait d’un virus grave qui infecterait jusqu’à 70% de la population. « C’est sérieux », a-t-elle dit, « prenez-le au sérieux » » écrit Avivah Witterberg-Cox. Face à la gravité du message le pays a suivi. Les tests ont commencé dès le départ. Et les chiffres de personnes infectées et de morts sont bien inférieurs à ceux de ses voisins européens.
La dirigeante de Taiwan, Tsai Ing-wen’s, impressionne beaucoup. La chaîne américaine CNN a même affirmé qu’elle avait donné «l’une des meilleures réponses au monde». Dès les premiers signes, elle a mis en place 124 mesures pour stopper la propagation, sans recourir au confinement de l’ensemble de la population.
Politique du bien-être
Jacinda Ardern, la Première ministre de Nouvelle-Zélande est aussi citée en exemple dans de nombreux médias. Cette travailliste féministe mène une politique du bien-être depuis qu’elle a pris ses fonctions. (Lire : LA PREMIÈRE MINISTRE NÉO-ZÉLANDAISE MÈNE UNE POLITIQUE DU BIEN-ÊTRE) Elle a mis son pays en alerte maximum très tôt. Le Washington Post, très laudatif, décrit sa stratégie en deux temps. Le 28 février, la Nouvelle-Zélande identifie un premier cas de Covid-19 et met en quatorzaine les visiteurs internationaux, quitte à porter un sérieux coup au tourisme. Le 19 mars, la Nouvelle-Zélande ferme ses frontières à tous les étrangers. Les mesures de confinement et de distanciation sociale ont été prises avant que le virus ne se propage. Côté économie, la Première ministre a permis aux néo-zélandais, ainsi qu’aux immigrants de l’archipel, de recevoir une aide de l’Etat pour leur éviter de se rendre au travail.
En Islande, la Première ministre Katrín Jakobsdóttir, a décidé de diffuser des tests gratuits de coronavirus et de tester toute la population, pas seulement les personnes présentant des symptômes comme en Corée du Sud. Aujourd’hui, l’Islande a déjà dépisté, proportionnellement à sa population, cinq fois plus de personnes que la Corée du sud. Elle n’a pas eu à fermer les écoles.
Parler au peuple
En Finlande, Sanna Marin la plus jeune cheffe de gouvernement du monde s’est appuyée sur les réseaux sociaux pour faire circuler les informations sur la prévention du Covid 19 et a ainsi pu mobiliser les plus jeunes. Le pays a aussi interdit les déplacements dans et vers les régions touchées par le virus.
En Norvège, dirigée par un trio de femmes, Avivah Wittenberg-Cox applaudit la Première ministre, Erna Solberg, qui « a eu l’idée novatrice d’utiliser la télévision pour parler directement aux enfants de son pays. » Elle leur a expliqué pourquoi il était acceptable d’avoir peur et a répondu directement à leurs questions.
Au Danemark, son homologue Mette Frederiksen a fait la même chose.
Et ce n’est pas tout : aux Etats Unis, San-Fransisco est une des rares villes dirigées par une femme. C’est aussi, selon The Atlantic, une ville dans laquelle le nombre de cas est bien inférieur à celui d’autres métropoles américaines de même taille. Il faut dire que la maire démocrate n’a pas suivi le président Trump dans le déni. Fin février elle déclarait l’état d’urgence dans sa ville. Le 17 mars, elle a ordonné le confinement des habitants et limité l’activité économique alors qu’on ne comptait, à San Francisco que 50 cas confirmés de coronavirus.
Sur-performance
Qu’est-ce qui rend les femmes plus performantes dans cette crise ? Ce n’est certainement pas une affaire de biologie. Dans The Guardian, Arwa Mahdawi rappelle que pour se faire une place dans des lieux de pouvoir traditionnellement réservés aux hommes, les femmes doivent être bien meilleures qu’eux, rien ne leur est pardonné. Pas étonnant donc qu’elles gèrent mieux cette crise. Elle note aussi que les femmes se sont appuyées sur l’expertise des scientifiques tandis que certains hommes comme Trump ont fait de la bataille contre le covid19 une bataille d’égo. Et c’est une posture acceptée voire encouragée chez eux. « Trump s’en prend à la presse et aux chefs d’État. Imaginons qu’Hillary Clinton ait réagi ainsi à une crise. Elle aurait immédiatement été mise en accusation. Ce qui soulève cette question, s’amuse l’éditorialiste du Guardian : certains hommes sont-ils tout simplement trop émotifs pour être des leaders? »
Empathie versus autorité
Avivah Wittenberg-Cox voit dans les performances des dirigeantes des qualités attribuées au genre féminin. L’empathie, l’écoute, le souci du bien-être sont les qualités attendues des femmes. Toute leur vie, elles ont été éduquées avec cette idée. Quand elle les observe « C’est comme si leurs bras sortaient de leurs vidéos pour vous serrer dans une étreinte chaleureuse et affectueuse. » Une approche à l’opposé de la mâle assurance de dirigeants pétris d’autoritarisme: « blâmer «les autres», capturer le pouvoir judiciaire, diaboliser les journalistes et couvrir leur pays de «je ne veux jamais » (Trump, Bolsonaro, Obrador, Modi, Duterte, Orban, Poutine, Netanyahu…)» écrit-elle.
Sa conclusion est à méditer : « Depuis des années, des recherches suggèrent timidement que les styles de leadership des femmes pourraient être différents et bénéfiques. Au lieu de cela, trop d’organisations politiques et d’entreprises travaillent toujours pour que les femmes se comportent davantage comme des hommes si elles veulent diriger ou réussir. Pourtant, ces dirigeants nationaux sont des observations d’études de cas des sept traits de leadership que les hommes peuvent vouloir apprendre des femmes. Il est temps de le reconnaître – et d’en élire davantage. » conclut-elle.
Les femmes dirigeantes meilleures que les hommes face à la pandémie ?
Ecrit par Isabelle Germain 14 avril 2020

Political Leaders Showing the Way 20-FIRST
Allemagne, Nouvelle-Zélande, Taiwan, San-Francisco… Pays et villes dirigés par des femmes sont plus efficaces face à la crise sanitaire selon la presse anglo-saxonne. La biologie n’y est pour rien.
Face aux roulements de mécaniques d’un Donald Trump ou d’un Boris Johnson, face à un président français qui affirmait crânement, une semaine avant de devoir annoncer le confinement, qu’il fallait continuer à aller au théâtre comme lui… Les femmes dirigeantes se sont montrées efficaces face au Coronavirus. Bien sûr, le facteur « femme dirigeante » n’est pas le seul à expliquer la bonne gestion de la crise par les pays qui s’en sortent bien mais il joue indéniablement et il est plus culturel que biologique.
Avivah Wittenberg-Cox, directrice générale de 20-first, (et co-fondatrice du réseau d’EPWN en France) le constate par exemple dans le magazine Forbes. Elle a scruté les Etats dirigés par des femmes : « De l’Islande à Taïwan et de l’Allemagne à la Nouvelle-Zélande, les femmes se mobilisent et montrent au monde comment gérer cette crise.» Elle réfute l’objection selon laquelle il s’agit de petits pays, d’îles ou autres. «L’Allemagne est une grande puissance et le Royaume-Uni une île, leurs résultats sont très différents ». Quelle alternative ces femmes dirigeantes ont-elles opposé d’emblée aux roulements de mécanique de leurs homologues masculins s’affirmant plus forts qu’une petite gripette ?
Calme, sérieux, anticipation
« Angela Merkel, la chancelière d’Allemagne, s’est réveillée très tôt et a dit calmement à ses compatriotes qu’il s’agissait d’un virus grave qui infecterait jusqu’à 70% de la population. « C’est sérieux », a-t-elle dit, « prenez-le au sérieux » » écrit Avivah Witterberg-Cox. Face à la gravité du message le pays a suivi. Les tests ont commencé dès le départ. Et les chiffres de personnes infectées et de morts sont bien inférieurs à ceux de ses voisins européens.
La dirigeante de Taiwan, Tsai Ing-wen’s, impressionne beaucoup. La chaîne américaine CNN a même affirmé qu’elle avait donné «l’une des meilleures réponses au monde». Dès les premiers signes, elle a mis en place 124 mesures pour stopper la propagation, sans recourir au confinement de l’ensemble de la population.
Politique du bien-être
Jacinda Ardern, la Première ministre de Nouvelle-Zélande est aussi citée en exemple dans de nombreux médias. Cette travailliste féministe mène une politique du bien-être depuis qu’elle a pris ses fonctions. (Lire : LA PREMIÈRE MINISTRE NÉO-ZÉLANDAISE MÈNE UNE POLITIQUE DU BIEN-ÊTRE) Elle a mis son pays en alerte maximum très tôt. Le Washington Post, très laudatif, décrit sa stratégie en deux temps. Le 28 février, la Nouvelle-Zélande identifie un premier cas de Covid-19 et met en quatorzaine les visiteurs internationaux, quitte à porter un sérieux coup au tourisme. Le 19 mars, la Nouvelle-Zélande ferme ses frontières à tous les étrangers. Les mesures de confinement et de distanciation sociale ont été prises avant que le virus ne se propage. Côté économie, la Première ministre a permis aux néo-zélandais, ainsi qu’aux immigrants de l’archipel, de recevoir une aide de l’Etat pour leur éviter de se rendre au travail.
En Islande, la Première ministre Katrín Jakobsdóttir, a décidé de diffuser des tests gratuits de coronavirus et de tester toute la population, pas seulement les personnes présentant des symptômes comme en Corée du Sud. Aujourd’hui, l’Islande a déjà dépisté, proportionnellement à sa population, cinq fois plus de personnes que la Corée du sud. Elle n’a pas eu à fermer les écoles.
Parler au peuple
En Finlande, Sanna Marin la plus jeune cheffe de gouvernement du monde s’est appuyée sur les réseaux sociaux pour faire circuler les informations sur la prévention du Covid 19 et a ainsi pu mobiliser les plus jeunes. Le pays a aussi interdit les déplacements dans et vers les régions touchées par le virus.
En Norvège, dirigée par un trio de femmes, Avivah Wittenberg-Cox applaudit la Première ministre, Erna Solberg, qui « a eu l’idée novatrice d’utiliser la télévision pour parler directement aux enfants de son pays. » Elle leur a expliqué pourquoi il était acceptable d’avoir peur et a répondu directement à leurs questions.
Au Danemark, son homologue Mette Frederiksen a fait la même chose.
Et ce n’est pas tout : aux Etats Unis, San-Fransisco est une des rares villes dirigées par une femme. C’est aussi, selon The Atlantic, une ville dans laquelle le nombre de cas est bien inférieur à celui d’autres métropoles américaines de même taille. Il faut dire que la maire démocrate n’a pas suivi le président Trump dans le déni. Fin février elle déclarait l’état d’urgence dans sa ville. Le 17 mars, elle a ordonné le confinement des habitants et limité l’activité économique alors qu’on ne comptait, à San Francisco que 50 cas confirmés de coronavirus.
Sur-performance
Qu’est-ce qui rend les femmes plus performantes dans cette crise ? Ce n’est certainement pas une affaire de biologie. Dans The Guardian, Arwa Mahdawi rappelle que pour se faire une place dans des lieux de pouvoir traditionnellement réservés aux hommes, les femmes doivent être bien meilleures qu’eux, rien ne leur est pardonné. Pas étonnant donc qu’elles gèrent mieux cette crise. Elle note aussi que les femmes se sont appuyées sur l’expertise des scientifiques tandis que certains hommes comme Trump ont fait de la bataille contre le covid19 une bataille d’égo. Et c’est une posture acceptée voire encouragée chez eux. « Trump s’en prend à la presse et aux chefs d’État. Imaginons qu’Hillary Clinton ait réagi ainsi à une crise. Elle aurait immédiatement été mise en accusation. Ce qui soulève cette question, s’amuse l’éditorialiste du Guardian : certains hommes sont-ils tout simplement trop émotifs pour être des leaders? »
Empathie versus autorité
Avivah Wittenberg-Cox voit dans les performances des dirigeantes des qualités attribuées au genre féminin. L’empathie, l’écoute, le souci du bien-être sont les qualités attendues des femmes. Toute leur vie, elles ont été éduquées avec cette idée. Quand elle les observe « C’est comme si leurs bras sortaient de leurs vidéos pour vous serrer dans une étreinte chaleureuse et affectueuse. » Une approche à l’opposé de la mâle assurance de dirigeants pétris d’autoritarisme: « blâmer «les autres», capturer le pouvoir judiciaire, diaboliser les journalistes et couvrir leur pays de «je ne veux jamais » (Trump, Bolsonaro, Obrador, Modi, Duterte, Orban, Poutine, Netanyahu…)» écrit-elle.
Sa conclusion est à méditer : « Depuis des années, des recherches suggèrent timidement que les styles de leadership des femmes pourraient être différents et bénéfiques. Au lieu de cela, trop d’organisations politiques et d’entreprises travaillent toujours pour que les femmes se comportent davantage comme des hommes si elles veulent diriger ou réussir. Pourtant, ces dirigeants nationaux sont des observations d’études de cas des sept traits de leadership que les hommes peuvent vouloir apprendre des femmes. Il est temps de le reconnaître – et d’en élire davantage. » conclut-elle.
Commentaires
Enregistrer un commentaire