" FÉMINICIDE " - " FÉMICIDE" - C'est quoi ?

Ce qui suit est un recopié/collé ,  sans autorisation, d’un article du JDD, écrit par Aude Le Gentil
Les termes surlignés sont un choix personnel



«  Féminicide » ? Il ne s’agit pas simplement du meurtre d’une femme , mais du « meurtre d’une femme parce qu’elle est femme » . La nuance , de taille , a été introduite par la sociologue américaine Diana Russel dans son livre Feminicide. The Politics of woman killing. publié en 1992. Depuis , ce néologisme ou sa variante « fémicide » ont été repris par des organisations internationales comme les Nations Unies ou l’Organisation mondiale de la santé (OMS) . Plusieurs pays d’Amérique latine notamment, l’ont inscrit dans leur droit , comme  l’Argentine ou le Mexique . En France , seul le Robert fait figurer ce mot dans le dictionnaire, depuis 2015. La définition retenue est similaire : «  le meurtre d’une femme, d’une fille , en raison de son sexe »

Violences conjugales , crime d’honneur ou tuerie misogyne sont des féminicides. 

Le massacre d’étudiantes de l’Ecole polytechnique de Montréal , en 1989, par un tueur misogyne ?  C’est un féminicide.  Les avortements sélectifs de foetus féminins , en Chine  notamment  ? Des féminicides aussi. 

Pour affiner cette définition très large , l’OMS distingue quatre catégories 
- Le féminicide  intime «  commis par un époux ou un petit ami » ;
- Le féminicide « lié à l’honneur «  impliquant une  fille ou une femme qui est assassinée par un membre masculin ou féminin de sa famille parce qu’elle a ou est censée avoir commis une transgression sexuelle  ou comportementale « ;
- Le féminicide « lié à la dot » ,dans le sous-continent indien en particulier ; 
- Le féminicide non intime « commis par une personne qui n’est pas en relation intime avec la victime ». 

Autrement dit, les féminicides ne sont pas toujours revendiqués comme tels. Au contraire, le mécanisme est souvent inconscient. Mais tous ont un point commun : l’auteur du crime est imprégné de culture sexiste.

Un point commun : le sexisme

Pour les spécialistes de violences conjugales , les femmes mortes sous les coups de leur conjoint sont des féminicides . Pour Françoise Brié,  porte-parole de Solidarité femmes ( le numéro d’urgence 3919) , «  lorsque des femmes sont tuées dans le cadre de violences conjugales , elles le sont parce qu’elles sont des femmes, car ces violences s’inscrivent dans un système de domination et d’inégalités à l’encontre des femmes . C’est pour cela que l’écrasante majorité des victimes de violences conjugales sont des femmes «  

Les auteurs ont souvent des idées extrêmement préconçues sur la femme et le couple 

La femme, dans ces représentations sexistes, est un objet , que l’on peut donc posséder et détruire. C’est ce qui explique que ces meurtres ont souvent lieu au moment de la séparation, lorsque la compagne essaie de se libérer de l’emprise d’un homme violent . «  Les auteurs ont souvent des idées extrêmement préconçues sur la femme et le couple «  ajoute Françoise Brié . Ils sont aussi « favorisés  par une société qui banalise la violence sexiste » , complète Raphaëlle Rémy-Leleu , porte-parole d’Osez le féminisme .

Sortir les violences conjugales de la sphère privée.

Pour ces militantes , utiliser le mot « féminicide », c’est montrer que les inégalités, les discriminations, les stéréotypes genrés, forment  un continuum et nourrissent les violences contre les femmes. «  Ce terme met en lumière que tous ces meurtres ont pour point commun la haine des femmes «  estime  Raphaëlle Rémy-Leleu . Et de citer la féministe Benoîte Groult  : «  Le féminisme  n’a jamais tué personne, le machisme tue tous les jours « 

Il ne s’agit pas de problèmes de famille ou de couple, ni de « crime passionnel » mais bien de sexisme.

Pour Françoise Brié, il s’agit aussi de « sortir les violences conjugales de la sphère privée « . Plusieurs fois , elle répète  « Il ne s’agit pas de problèmes de famille ou de couple, ni de « crime passionnel » , mais bien de sexisme. «  Mettre un mot sur ce fait social , c’est donc pouvoir mieux l’identifier, l’étudier, et en prendre conscience. 


Le féminicide reconnu dans le Code pénal ?

C’est pourquoi les collectifs militants comme Osez le féminisme réclament la reconnaissance du terme « féminicide » dans le droit français . «  Cela impliquerait plus de reconnaissance et de moyens , et une meilleure prise en charge «  argumente Raphaëlle Rémy-Leleu.
Mais pour l’avocate Emmanuelle Rivier, interrogée par Le Figaro fin août, « il y a un vrai risque de confusion. Pour l’heure, je ne vois pas ce que cela apporterait au droit « 

La loi Egalité et citoyenneté , en effet, a introduit comme circonstance aggravante le fait de s’en prendre à quelqu’un « en raison de son sexe, son orientation sexuelle ou identité de genre vraie ou supposée «  en 2017. Et le meurtre commis «  par le conjoint ou concubin de la victime «  est également une circonstance aggravante . «  « Mais , le sexisme  est , dans les faits, rarement reconnu » déplore Raphaëlle Rémy-Leleu.

Dans un avis rendu en 2016, la Commission nationale consultative des droits de l’homme jugeait «  peu opportun » d’inclure le terme « féminicide » dans la loi, « dans la mesure où (cel) comporterait le risque de porter atteinte à l’universalisme du droit » , mais recommandait l’usage du mot «  à la fois sur la scène internationale dans le langage diplomatique français, mais aussi dans le vocabulaire courant, en particulier dans les médias » 



Photo du PARISIEN  - 7 juillet 2019 - 


https://www.youtube.com/watch?time_continue=7&v=I7lsN-nX4ck 




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