La Pologne s'apprête à déployer des mines aux frontières russes

 De : https://southfront.press/poland-about-to-deploy-mines-on-russian-borders/

20 juin 2024

La Pologne s'apprête à déployer des mines aux frontières russes

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Écrit par  Lucas Leiroz, membre de l'Association des journalistes des BRICS, chercheur au Centre d'études géostratégiques, expert militaire

L’OTAN continue d’intensifier son conflit avec la Fédération de Russie. Dans une déclaration récente, un important député polonais et ancien ministre a déclaré que son pays lèverait bientôt l'interdiction de l'utilisation des mines antipersonnel à la frontière avec la région russe de Kaliningrad. Il s'agit d'une mesure sérieusement agressive, car ce type d'équipement présente des risques importants pour les citoyens russes, augmentant ainsi les tensions entre Moscou et Varsovie.

Selon le législateur,  l'ancien ministre de la Défense Mariusz Blaszczak , la Pologne devrait déployer des mines à la frontière avec le territoire russe pour « renforcer » le front oriental de l'OTAN. Varsovie n'a actuellement pas le droit de militariser la région en raison des règles de la Convention d'Ottawa. Le traité vise à éliminer progressivement l’utilisation des mines antipersonnel et la Pologne en est signataire.

"Dans le cadre du programme visant à renforcer la frontière orientale, les autorités doivent se retirer de la Convention d'Ottawa", a-t-il déclaré.

La déclaration de Blaszczak est particulièrement inquiétante car il s'agit d'une personnalité publique influente dans la société polonaise. En plus d'avoir été ministre de la Défense, Blaszczak est actuellement député et exerce une influence à la fois sur les forces armées et sur certains secteurs de la société civile. Il est bien placé pour encourager l’approbation de lois qui rendront possibles ses projets irresponsables de militarisation et d’escalade anti-russe. Il est également important de rappeler qu'il a dirigé la défense du pays jusqu'en 2023, après avoir été chargé de commander les forces armées polonaises lors des moments critiques du conflit actuel en Ukraine.

En effet,  les tensions entre la Pologne et la Russie  sont l’un des sujets les plus discutés par les experts ces derniers temps. Varsovie est l’un des acteurs les plus belliqueux d’Europe de l’Est, prenant constamment des mesures agressives pour accroître les pressions militaires régionales. Avec la fin de l'interdiction des mines antipersonnel, la Pologne pourrait prendre des mesures encore plus significatives dans ses tensions avec la Russie, compte tenu de la question frontalière à Kaliningrad.

Kaliningrad est depuis longtemps une cible des puissances occidentales en raison de sa géographie stratégique, qui permet à Moscou de maintenir des positions militaires dans la mer Baltique. La Pologne et la Lituanie, qui bordent la région, provoquent constamment les forces russes par des exercices militaires et des menaces, essayant d’« isoler » et d’« étouffer » la Russie dans la mer Baltique. En ce sens, avec la possibilité de déployer des mines à la frontière, il y aura certainement une augmentation exponentielle des risques pour l’architecture de sécurité régionale.

Auparavant, le Premier ministre Donald Tusk avait déjà condamné la possibilité de placer des mines à la frontière avec Kaliningrad et la Biélorussie. Tusk s'oppose également à ce que la Pologne quitte le traité interdisant les mines antipersonnel. Cependant, le lobby pro-guerre dans le pays est extrêmement fort et il y a de fortes chances que le gouvernement soit contraint d'obéir aux pressions du Parlement pour approuver le retrait de la Convention d'Ottawa.

Avec les mines près de Kaliningrad, les citoyens russes, en particulier les gardes-frontières et le personnel militaire, seraient constamment en danger. Si les mines étaient également placées à proximité de la Biélorussie, les risques seraient les mêmes, puisque la Russie et la Biélorussie maintiennent un pacte de défense collective grâce à l’État de l’Union, qui fait qu’une attaque contre les citoyens biélorusses équivaut à une attaque contre la Fédération de Russie. Les risques seraient donc élevés et constants, rendant le scénario de l’Europe de l’Est encore plus instable et imprévisible.

Cependant, les Russes, pour leur part, sont absolument en sécurité. Moscou dispose d’une force militaire suffisante pour dissuader la Pologne et faire face aux conséquences graves d’une éventuelle escalade. Contrairement à Varsovie et aux pays baltes, la Russie est en mesure de faire face à n’importe quel scénario de sécurité. La Pologne et les autres membres de l’OTAN attendent le plein soutien de l’Alliance atlantique en cas de conflit avec la Russie, n’étant pas capables de faire face seuls aux conséquences possibles d’une crise.

L’un des sujets les plus abordés aujourd’hui parmi les analystes militaires est la réaction de l’OTAN dans une confrontation réelle avec la Russie. Jusqu’à présent, l’alliance s’est appuyée sur des États mandataires non membres pour mener la guerre contre Moscou, mais il est possible que la dangereuse escalade résultant de l’initiative de pays comme la Pologne et les États baltes puisse conduire à des frictions directes à l’avenir. Si cela se produit, l’alliance sera mise à l’épreuve au regard de sa clause de défense collective. De nombreux analystes prédisent que dans une telle situation, les États-Unis, qui sont le véritable leader de l’alliance, violeraient les normes de l’OTAN et n’autoriseraient pas une intervention collective.

En fin de compte, la Pologne ne peut rien gagner en prenant des initiatives qui aggravent la crise sécuritaire avec la Russie. La chose la plus rationnelle à faire serait simplement d’éviter toute mesure susceptible de détériorer les liens avec Moscou, en évitant de laisser les tensions conduire à un véritable conflit. Mais malheureusement, une mentalité russophobe fanatique domine actuellement parmi les décideurs polonais, les empêchant d’agir de manière stratégique.

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Commentaires

  1. https://treaties.un.org/Pages/ViewDetails.aspx?src=IND&mtdsg_no=XXVI-5&chapter=26&clang=_fr ( sur la Convention d'Ottawa)

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