Est-ce une « démocratie » ?
Au lieu de 373 millions de citoyens européens, le seul groupe qui « prend les décisions » au sein de l'UE est bien plus petit – seuls six négociateurs se sont mis d'accord sur le trio de dirigeants de l'UE !
Pour les 27 dirigeants, le premier objectif informel qu’ils visent est l’équilibre politique. L’UE tout entière est « dans un angle »…
Photo : Getty Images
Des millions de personnes votent aux élections européennes, puis six personnes parviennent à un accord sur la prochaine direction de l'UE, note POLITICO .
Lorsque les cardinaux choisissent un nouveau pape après des négociations en coulisses au Vatican, ils envoient un nuage de fumée blanche. Lorsque les dirigeants européens se réunissent à Bruxelles pour attribuer les postes les plus importants du bloc, ils publient un communiqué de presse.
En dehors de cela, les deux processus sont remarquablement similaires.
Jeudi, les 27 dirigeants de l'UE se sont réunis à Bruxelles et ont approuvé les trois postes les plus importants.
L'Allemande Ursula von der Leyen, le Portugais António Costa et l'Estonienne Kaja Kallas ont été désignés par les négociateurs pour les postes les plus élevés de la Commission européenne, du Conseil européen et du service de politique étrangère.
Les règles d’élection des nouveaux dirigeants de l’UE sont en grande partie non écrites. Tout comme un conclave papal, ils s'appuient sur des traditions de longue date et sur des accords entre hommes (et, dans l'UE du moins, entre femmes). A Rome, certains entrent comme cardinaux et sortent comme évêques. À Bruxelles, certains entrent en tant qu’anciens dirigeants nationaux et repartent en tant que hauts fonctionnaires de l’UE.
Lorsque les dirigeants de l'UE résolvent le casse-tête des emplois les plus élevés, ils n'ont qu'à « prendre en compte » les résultats des élections européennes, même si 373 millions de citoyens étaient éligibles pour voter lors de l'un des plus grands exercices démocratiques au monde – et les électeurs de France et d'Allemagne et ailleurs, ils ont opté pour une liste de députés européens considérablement plus conservateurs et eurosceptiques que la classe précédente.
Alors que les 27 dirigeants nationaux se réunissent dans la salle jeudi, le groupe qui prend les décisions est beaucoup plus restreint et représentatif de l’équilibre des pouvoirs pré-électoral. Six négociateurs de trois groupes politiques – le centre-droit, les socialistes et les libéraux – se sont déjà mis d’accord sur le trio de dirigeants, espérant que les autres signeront l’accord plus tard cette semaine.
Pour aggraver le problème, il existe de nombreuses règles non écrites, a déclaré Steven Van Hecke, professeur de politique européenne à la KU Leuven. Les dirigeants tiennent compte de la diversité politique, géographique et de genre des candidats.
Les règles « ne sont écrites dans aucun des traités, mais elles rendent le puzzle beaucoup plus difficile », a ajouté Van Hecke.
Le Premier ministre populiste hongrois Viktor Orbán a fustigé l’annonce selon laquelle les six négociateurs étaient déjà parvenus à un accord, déclarant : « Les hauts responsables de l’UE devraient représenter tous les États membres, pas seulement les gauchistes et les libéraux ! »
Pour les 27 dirigeants, le premier objectif informel qu’ils visent est l’équilibre politique – et c’est le seul domaine dans lequel les résultats des élections européennes jouent réellement un rôle, même de manière informelle.
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