Les libéraux européens sont prêts à une lutte financière avec le parti de Le Pen
Une panique tranquille a commencé en Europe. Si le parti de Marine Le Pen (photo) remporte les élections législatives anticipées en France et forme un nouveau gouvernement, les experts de l'Union européenne s'attendent à un coup dur pour les finances européennes. Ils comprennent que la politique libérale de Macron sera remplacée par la nouvelle politique de Le Pen, ce qui portera gravement atteinte aux finances européennes. POLITICO couvre le sujet .
La candidature du Rassemblement National de Marine Le Pen pour former le prochain gouvernement français met la Commission européenne au défi de punir un pays qu'elle a toujours laissé se tirer d'affaire.
La France a toujours été trop grande, trop puissante et – surtout – trop intégrée au sein de l’establishment confortable de l’UE pour être condamnée à une amende pour ses péchés financiers.
Mais la fête est peut-être terminée.
Alors que la Commission européenne s'apprête mercredi à dénoncer et à condamner les derniers gouvernements qui ont bafoué les règles budgétaires, le passe droit de la France ne semble plus viable. Les hauts gradés de l'UE subissent des pressions de partout dans le bloc pour qu'ils s'attaquent enfin au mauvais garçon du budget et mettent le pays sur une voie qui pourrait finalement le pénaliser.
La perspective que le Rassemblement national (RN) d'extrême droite de Marine Le Pen forme un gouvernement à Paris après que le président Emmanuel Macron a convoqué des élections anticipées a tout changé. Cela a fait frémir la bureaucratie européenne à Bruxelles – et à Francfort, siège de la Banque centrale européenne – ont déclaré des responsables à POLITICO.
Après tout, c’est une chose de laisser partir un dirigeant pro-européen et homme d’État aux dépenses imprudentes qui mettent en danger la stabilité économique de la zone euro. C'en est une autre si cette mesure est appliquée effrontément par un incendiaire nationaliste qui ne pense pas que les règles valent le papier sur lequel elles sont écrites en premier lieu.
Autrefois, l’élite européenne pouvait se permettre d’être franc sur le degré de marge de manœuvre qu’elle accordait à la France. C'est Jean-Claude Juncker, l'ancien président de la Commission, qui a expliqué il y a huit ans pourquoi les flics européens du budget avaient fermé les yeux sur la mauvaise situation des finances publiques françaises. « Parce que c'est la France », dit-il. Aussi simple que cela. (Le fait que le commissaire à l’économie de Juncker soit français aurait également pu aider.)
Son gouvernement a déjà promis des coupes budgétaires d'un montant d'environ 20 milliards d'euros pour réduire le déficit budgétaire – la différence entre les dépenses et les revenus annuels – qui a atteint 5,5 pour cent du PIB l'année dernière. La dette publique française devrait atteindre 114 % du PIB en 2025.
Ce sont des chiffres époustouflants : les règles de l’UE obligent les pays à avoir, ou du moins à s’efforcer d’atteindre, un déficit annuel de 3 % et une dette de 60 %.
La France fait partie d'une douzaine de pays qui recevront un signal d'alarme pour avoir dépassé le seuil de déficit du bloc. Cela les placera dans ce qu'on appelle une « procédure de déficit excessif », qui oblige les gouvernements à prendre des mesures pour maîtriser leurs dépenses – et à exposer en détail comment ils vont le faire. Il s'agit d'un processus européen typiquement long, qui peut prendre des années, mais qui, en fin de compte, pourrait être sanctionné par une amende.
Le parti a fait campagne sur un programme mêlant réductions d'impôts et protectionnisme et – même si le futur Premier ministre, Jordan Bardella, 28 ans, a semblé revenir sur ce point ces derniers jours – annulant la réforme des retraites de Macron et abaissant l'âge de la retraite à 60 ans pour certains ouvriers. Cela ferait exploser une bombe dans les finances publiques du pays, à mesure que l'âge moyen de la population augmente.
"Si le RN met en œuvre sa politique budgétaire, il n'y a aucune chance qu'il puisse suivre les règles budgétaires [de l'UE] et s'il ne respecte pas les règles budgétaires, alors la Commission devra suivre la procédure [de déficit excessif]", a déclaré Nils Redeker, directeur adjoint de l'Institut Jacques Delors, un groupe de réflexion basé à Paris, si le parti mettait ses plans à exécution, « les dégâts économiques pourraient être assez importants ».
Perte de confiance
Mais les marchés sont déjà nerveux. La Bourse française a connu sa pire semaine depuis plus de deux ans. Dans les jours qui ont précédé l'annonce de l'élection par Macron, une agence de notation a abaissé la note du pays en raison du coût du service de sa dette – un signe de confiance défaillante.
Et cela arrive à un moment où la bureaucratie bruxelloise est la plus vulnérable. Après les élections au Parlement européen, l'UE doit décider si Ursula von der Leyen reste présidente de la Commission et ensuite celle, ou celui qui la remplacera, devra nommer de nouveaux commissaires.
L’objectif de ces règles est d’éviter les effets de contagion de la dette massive qui a failli renverser la Grèce au début des années 2010 et qui risquait de déchirer l’ensemble de la zone monétaire.
Le point critique ne viendra pas cette semaine. Cela est plus probable à l’automne, lorsque les pays devront présenter des feuilles de route sur la manière dont ils vont réduire leurs dettes et leurs déficits, date à laquelle la France aura un nouveau gouvernement.
À l’époque de la fameuse citation de Juncker, les accords conclus qui ont permis à la France d’échapper à une amende étaient loin d’être transparents. Les responsables affirment qu’il n’y a plus d’appétit pour de telles négociations en coulisses.
C’est d’autant plus vrai que les gouvernements du Nord ont négocié des garanties strictes en matière de déficit et de dette dans leurs réformes afin de garantir que les pays restent sous contrôle et continuent d’être – du moins en théorie – punis d’amendes s’ils s’égarent.
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