La grande allergie française, une rupture irréparable ?
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Les Français ne toussent plus, ils suffoquent. Une véritable épidémie d’allergies s’est emparée de la nation, non pas aux pollens ou aux acariens, mais à un mal plus insidieux : leurs politiciens, leurs élites, leur administration, leurs médias mainstream et, au sommet de cette pyramide vacillante, le « commandeur en chef », Emmanuel Macron.
Ce n’est plus une simple irritation, c’est une rupture profonde, un rejet viscéral d’un système perçu comme toxique, mensonger et déconnecté. Aucune pommade, aucun sparadrap ne saurait apaiser cette inflammation collective.
La France est multi-allergique, et le diagnostic est sans appel
78 % n’ont plus confiance dans le gouvernement, et 83 % estiment qu’il n’agit pas dans l’intérêt du peuple, comme le confirme le sondage MIS Group pour France-Soir/BonSens.org, réalisé le 28 août 2025 auprès de 1 200 Français, qui révèle une défiance massive envers les institutions. Ce baromètre de la colère populaire met en lumière une crise de légitimité totale, avec un appel vibrant à un retour à la souveraineté nationale, 61 % des sondés soutenant des forces politiques qui priorisent les intérêts français contre seulement 12 % pour celles alignées sur l’Union européenne. Dans ce contexte, ce sondage n’est pas un simple chiffre froid, mais le thermomètre d’une nation en ébullition, qui valide et amplifie les allergies que nous développons ici. De même, l’édito « Comment l’arrêter ? », pose la question cruciale de la destitution du système macronien, en critiquant son arrogance technocratique et son sacrifice de la souveraineté, au profit d’une mondialisation débridée, tout en proposant un front uni des colères populaires, pour reconquérir la démocratie. Cet appel à la désobéissance civile pacifique, et à l’investissement des urnes n’est pas une utopie : c’est une réponse radicale à une rupture qui s’est creusée au fil des crises mal gérées, des réformes imposées, et des promesses trahies. La dernière illustration en date est la nomination de Sébastien Lecornu au poste de premier ministre avant-hier : on prend les mêmes et on recommence !
Les allergies françaises
Au cœur de cette pathologie nationale, l’allergie la plus aiguë est celle envers les élites, ces technocrates parisiens et énarques qui incarnent pour 70 % des Français l’absence totale d’avenir positif, selon le même sondage, et pour 57 % une nécessité d’une équipe extérieure au paysage politique actuel pour restaurer la confiance. Cette caste hors-sol, avec son mépris affiché pour le « petit peuple », ses avantages exorbitants – dénoncés par 90 % des sondés – et sa corruption rampante perçue comme trop importante par 74 % d’entre eux, suscite une démangeaison chronique qui ronge le tissu social. Les Français, confrontés à une fracture béante entre une « France d’en bas » asphyxiée et une élite mondialisée, rejettent viscéralement cette arrogance qui transforme la gouvernance en un théâtre élitiste, où les citoyens ne sont que des pions, dans un jeu de pouvoir déconnecté des réalités quotidiennes. Je le déplore dans l’édito en question en comparant Macron à un Louis XIV moderne, violant les principes constitutionnels pour imposer un libéralisme sauvage.
Vient ensuite l’allergie à l’impuissance publique et à l’administration, ces services en déshérence qui contrastent avec les discours triomphalistes sur la « start-up nation ». Hôpitaux à bout de souffle, écoles en crise, justice engorgée : 83 % des Français estiment que le gouvernement n’agit pas pour eux, un chiffre qui traduit un sentiment d’abandon profond, amplifié par une bureaucratie inhumaine où chaque démarche devient un calvaire. Cette complexité inutile, ces usines à gaz réglementaires promises à simplification, mais qui s’empilent comme des strates géologiques incompréhensibles, étouffent les citoyens et alimentent un ressentiment qui n’est plus gérable par de simples ajustements. Un diagnostic qui en pointant les échecs flagrants, comme la gestion chaotique du Covid, l’ « escrologie » ou le soutien militaire à l’Ukraine au détriment des priorités nationales, etc., malheureusement les exemples sont légion. Remédier à cette situation catastrophique exige de l’État de briser cette spirale d’impuissance. Comment ? En opérant sans tarder une réindustrialisation du pays et un réinvestissement massif dans les services publics.
Non moins irritante est l’allergie aux médias mainstream, perçus comme des porte-voix complaisants du pouvoir, avec 70 % des Français jugeant des chaînes comme TF1, France Télévisions ou BFM dénuées d’objectivité, et 50 % prônant la suspension de leurs subventions. Ces récits formatés, ces éditoriaux moralisateurs et ces silences sur les scandales des élites ont perdu toute crédibilité, poussant les citoyens vers les réseaux sociaux comme un refuge pour une vérité non filtrée, malgré leurs pièges. Cette défiance médiatique, couplée à une idéologie imposée – qu’il s’agisse de postures progressistes déconnectées ou de transitions écologiques mal calibrées –, renforce le sentiment de formatage forcé, où les injonctions morales ignorent les aspirations populaires.
L’allergie à l’insécurité, tant culturelle que physique, complète ce tableau sombre : la montée des violences dans certains quartiers, le sentiment de perte d’identité face à la mondialisation et aux politiques migratoires perçues comme laxistes, exacerbent les tensions chez un peuple attaché à son histoire et à ses traditions. Une allergie qui sévit aussi aux États-Unis avec l'assassinat par tir, probablement à longue distance, de Charlie Kirk, un soutien républicain de Donald Trump lors d'une manifestation universitaire. Ajoutez à cela l’allergie addictive à la dette, cette drogue nationale qui explose sous les gouvernements successifs, finançant une gabegie impunie par des impôts croissants, et l’on comprend pourquoi les Français, conscients de cette insouciance fiscale, ressentent une urticaire permanente.
Mais toutes ces allergies culminent dans celle aux mensonges et aux inversions accusatoires, ces discours lisses recyclés, ces promesses non tenues qui saturent l’air ambiant. Quand les élites pointent du doigt les citoyens pour leurs « comportements irresponsables » – consommer trop d’énergie, manifester violemment ou critiquer le système – tout en s’exonérant de leurs échecs, l’urticaire collective s’intensifie. Les Gilets jaunes, les grèves contre les retraites, les manifestations anti-pass sanitaire : autant de symptômes d’un peuple qui refuse la culpabilisation, qui réclame justice concernant l'impôt, et exige le retour à la souveraineté alimentaire. C'est ce que je préconise pour unir ces colères dispersées en un front commun.
Et au zénith de cette constellation d’allergènes, trône Emmanuel Macron, le symbole ultime de ce rejet viscéral. 71 % des Français le jugent comme un mauvais président, un chiffre en hausse de 5 points depuis juillet 2025, tandis que 62 % expriment de la honte à son égard et 62 % appellent à sa démission immédiate pour 42 % d’entre eux. Son style jupitérien, ses petites phrases cinglantes – « les Gaulois réfractaires », « je traverse la rue, je vous trouve un emploi » –, son image de président des riches et sa gestion autoritaire des crises, des Gilets jaunes au Covid, ont fait de lui l’épicentre du dégoût. Emmanuel Macron incarne pour beaucoup une élite mondialisée qui méprise les aspirations d’un peuple en quête d’identité et de justice. Cette élite française qui sacrifie la souveraineté nationale au profit d’une Europe fédérale honnie par 60 % des sondés au profit d’une Europe des Nations.
Dans « comment l’arrêter » je m’interrogeais si l’on pouvait qualifier son macronisme de « haute trahison » potentielle, à savoir la qualification qui ouvrirait la voie à une procédure de destitution dès le 23 septembre 2025, pour violation des principes républicains. Et j’y ai également avancé qu’inviter les forces de l’ordre à se rallier à la cause du peuple, si la crise institutionnelle s’aggrave, serait sans doute une bonne idée. Une idée légitime, car justifiée. Ce n’est plus un homme que l’on rejette, mais tout le système qu’il représente : arrogant, libéral à outrance, et sourd aux cris d’une nation à vif.
De plus, les événements géopolitiques des dernières 48h, notamment l'incursion de drones dans l'espace aérien polonais, attribués à la Russie, qui dément que les drones aient quitté l'espace aérien russe, sont à analyser. Ceci a entrainé l'appel au déclenchement de l'article 4 par les pays de l'OTAN (texte qui prévoit que les alliés se réunissent dès lors qu'une partie se trouve menacée, un prélude à l'article 5 (possible riposte militaire). En soi, cela apporte une justification à la nomination ulta-rapide de Lecornu au poste de premier ministre, en préparation à l'invocation de l'article 16 en France. Certains observateurs internationaux y voient « un signal que la France se préparerait à une action militaire contre la Russie aux côtés de l'Otan ».
Une solution face à la crise : dépasser le débat sur la destitution ?
Dans ce contexte de défiance généralisée, la prise de position de Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre, ajoute une couche de complexité au débat. Il affirme que
« dans la gravité des circonstances, la demande de destitution du Président ne relève pas, selon moi, de l’esprit républicain @AssembleeNat. »
Il plaide là pour une continuité institutionnelle face à une crise qu’il juge trop grave pour justifier une telle rupture. Cette posture, typique d’un ancien ténor de la droite modérée, reflète une vision conservatrice des institutions, ancrée dans une tradition où la stabilité prime sur l’expression populaire, même lorsque celle-ci s’exprime massivement.
Cependant, cette position semble déconnectée de la réalité, car elle ignore l’aspiration démocratique croissante :
« si la destitution heurte l’esprit républicain, que dire alors des 62 % des Français qui, selon le sondage MIS Group pour France-Soir et BonSens.org, réclament la démission immédiate ou à terme du président ? »
Comme je l’ai répondu sur X, cette aspiration majoritaire constitue une alternative démocratique légitime. C’est un cri du peuple que l’on ne peut balayer d’un revers de main sous prétexte de préservation institutionnelle. L’opinion publique parle et la rue crie. Le peuple français ne se contentera pas d’un statu quo qui prolonge l’agonie d’une présidence discréditée.
Face à cette impasse, ne reste-t-il pas qu’une solution pragmatique : transformer le rôle d’Emmanuel Macron en celui d’un président à la tête d’un consortium de réalisation des objectifs dans l’intérêt du peuple, une sorte de conseil de transition jusqu’à la fin de son mandat ?
Ce consortium de transition conviendrait-il ?
Oui, sans doute. S’il est composé de personnalités issues de la société civile, et dotées de compétences reconnues dans des domaines cruciaux (comme la santé, l’économie, la sécurité et l’éducation) pourrait prendre en charge les priorités immédiates des Français : restauration de la confiance, réindustrialisation, renforcement des services publics, lutte contre l’insécurité et retour à une souveraineté alimentaire et énergétique. Cette structure, hors des circuits traditionnels de la politique politicienne, permettrait de répondre aux attentes d’un peuple lassé des élites, tout en respectant la continuité institutionnelle que Jean-Pierre Raffarin défend. Mais, auquel cas, cela devrait être en la réorientant vers une gouvernance participative et pragmatique. Ce modèle, inspiré des appels à une équipe extérieure au paysage politique actuel, est soutenu par 57 % des sondés. Il pourrait être un compromis audacieux pour éviter en même temps une destitution chaotique et une paralysie prolongée.
Une rupture irréversible
Ces allergies ne sont pas de simples réactions passagères ; elles traduisent une fracture profonde entre le peuple et ceux qui prétendent le représenter, une crise de confiance systémique où les 64 % qui soutenaient la motion de censure contre le gouvernement Bayrou ont étendu ce 8 septembre avec le refus de vote de confiance par 64 % des députés. Remaniements ministériels, allocutions solennelles et promesses de Gascon, sont autant de sparadraps sur une jambe de bois qui ne calment plus l’inflammation. Car les Français ne croient plus aux remèdes proposés par ceux qui ont apporté la maladie, l’ont causée, les responsables. Emmanuel Macron, en voulant rompre avec l’ancien monde, n’a fait qu’amplifier ce rejet. Il a transformé l’espoir qu’il a suscité de 2017, en une allergie généralisée. (1)
Cette allergie pousse le peuple à mener une guerre narrative sur les réseaux et à une désobéissance civile pour reconquérir les urnes en 2026 et 2027, tel que décrit dans un précédant édito.
D’autres solutions demeurent possibles. J'en parlerai prochainement.
Vers une issue incertaine
Cette multi-allergie française est un signal d’alarme : lassés des faux-semblants, les citoyens pourraient se tourner vers des solutions radicales, des extrêmes politiques, voire à une révolte diffuse. La rupture est palpable dans les conversations, les urnes, la rue. Ignorer l’avis des Français, c’est fermer les yeux sur l’évidence ; l’intégrer, c’est reconnaître que le temps des concessions est révolu. Le défi pour demain : écouter cette colère sans l’étouffer, en fédérant les colères pour une démocratie refondée, sous peine d’anaphylaxie collective.
La France est à vif, son peuple en état d’alerte.
Ces allergies, validées par des chiffres implacables et des appels à l’action, ne sont pas des caprices, mais les stigmates d’une défiance irréversible.
Macron, les élites, les médias, l’administration : tous sont des allergènes d’un corps social épuisé. Sans concession, il est temps d’agir – destitution ou mise en place d’un consortium de transition, souveraineté, unité populaire – avant que le hurlement ne devienne irrépressible.
1) Coluche l’a dit : « Il y a deux sortes d'hommes politiques : ceux qui font des promesses et ceux qui donnent des espoirs. » Emmanuel Macron, c’est les deux à la fois : de faux espoirs « et en même temps » des promesses qu’il ne tient pas.
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