« Les dévoiements de la HAS à propos de la troisième dose » par François Pesty
de : https://www.francesoir.fr/opinions-tribunes/has-troisieme-dose
Chronique N°79 – « Les dévoiements de la HAS à propos de la troisième dose »
CHRONIQUE — La Haute Autorité de Santé (HAS) a été créée sur trois principes fondateurs : l’indépendance, la rigueur scientifique de ses décisions et la transversalité de ses travaux, qui devaient faire autorité.
Elle a perdu son indépendance, car sa présidente a été nommée par décret du président de la République, les experts auxquels elle fait appel sont souvent bardés de conflits d’intérêts avec les firmes de la santé, et contre l’avis de son comité de déontologie, elle ne reconnaît toujours pas leurs prises en charge dans les congrès ainsi que leurs invitations au restaurant comme des conflits d’intérêts majeurs ; elle n’a plus de rigueur scientifique puisque ses recommandations portant sur une 3ᵉ dose en font la démonstration contraire ; enfin, elle ne fait plus autorité, puisque toutes les décisions sont prises à l’Élysée…
Le 19 novembre 2021, la HAS met en ligne son communiqué de presse « Covid-19 : la HAS préconise une dose de rappel pour les personnes de 40 ans et plus ».
La première question qui se pose :
Israël et les États-Unis sont-ils seulement capables de réaliser sur les vaccins des études cliniques prospectives randomisées en double aveugle versus placebo bien dimensionnées, bien conduites, portant sur les critères cliniques de jugement les plus pertinents ?
(Nous sommes, hélas, logés à la même enseigne en France avec l’Institut Pasteur).
La réponse est malheureusement non ! Quelle régression de la médecine…
Un petit rappel, vraiment crucial, sur les relations très particulières entretenues par l’État hébreu et la firme Pfizer. Retour sur une matinale de RTL le 9 février 2021. avec Jean-Mathieu Pernin : « Vous êtes sur RTL… ». Puis une voix féminine : « RTL Matin avec Julien Sellier ».
JS « Et l’info à la loupe avec l’expert en vérifications. Bonjour Jean-Mathieu Pernin ».
J-MP « Bonjour »
JS « Alors hier, hier matin, invité sur RTL, le commissaire européen, Thierry Breton, a affirmé qu’Israël était en avance sur la vaccination, pourquoi ? Parce qu’un contrat très particulier lierait l’état hébreu et Pfizer / BioNtech. Qu’en est-il exactement ? »
J-MP « Alors, ancien ministre de l’Économie entre 2005 et 2007, aujourd’hui commissaire européen chargé du marché intérieur, Thierry Breton, c’est un peu le monsieur qui doit en fait, activer, appuyer sur le bouton en Europe pour la production de vaccins. Et dans ce domaine, on le sait, Israël est très en avance. Et pour Thierry Breton, il y a une raison ».
Thierry Breton, au micro d’Alba Ventura « Israël a décidé d’acheter pour ses compatriotes, des vaccins, en avant-première, contre les données ? Ils ont cédé les données de santé de l’ensemble de leurs concitoyens pour pouvoir, avoir, faire un peu… »
Alba Ventura « Pour une question de sécurité, nous n’allons pas faire la même chose. Voilà. »
J-MP « Voilà, Thierry Breton aux côtés d’Alba Ventura. Et c’est vrai, qu’ils ont fait ça, Israël, puisque dès le 8 janvier (2021), Benjamin Netanyahu expliquait : "l’accord que j’ai conclu avec Pfizer, nous permettra de vacciner tous les Israéliens de plus de 16 ans d’ici fin mars. Israël sera un pays modèle pour Pfizer, en proposant des données statistiques sur l’efficacité du vaccin". L’idée de faire un pays-test a séduit le gouvernement hébreu qui s’est positionné assez tôt sur les vaccins, puisque la campagne a débuté le samedi 19 décembre, avec Netanyahu lui-même, devant les caméras. En tout, 14 millions de doses ont été commandées afin de vacciner deux fois. Bon, même s’il y a 9 millions d’habitants en Israël. Données des vaccinés offertes et achat des doses plus chères, c’est la formule de la réussite vaccinale version Pfizer ».
JS « Est-ce que l'on connaît exactement la teneur du contrat entre Israël et Pfizer ? »
J-MP « Alors, imaginez un instant Julien, si je vous dis, voilà, vous êtes vacciné, je donne tous les résultats, non pas au ministère de la Santé, mais à une entreprise privée, pour qu’elle analyse. C’est assez discutable, hein, comme démarche. Et pourtant, c’est l’accord israélien. Au départ secret, il a été publié le 19 janvier par le gouvernement. Pfizer, donc, ne peut pas obtenir des informations médicales personnelles. Notamment les noms, mais seulement des données agrégées hebdomadaires, y compris sur des sous-groupes de petites tailles. Donc on connait votre âge, le passif médical et également le lieu de vaccination. Ça permet comme ça à Pfizer de voir comment son vaccin évolue sur une population entière. Le contrat, eh bien n’exclut pas le partage d’informations. Ce qui est assez étonnant quand vous lisez ce contrat, disponible sur le site du ministère de la Santé israélien, c’est que vous avez un peu l’impression d’être dans le bureau des gens quand même, puisque des passages sont entièrement caviardés, et ou rayés de noir. Et qu’y a-t-il sous ses bandes noires ? Eh bien, la date de signature du contrat et le prix payé, toujours confidentiel. Le 27 janvier, devant le forum économique de Davos, Netanyahu a expliqué la raison pour laquelle nous avons réussi. C’est que nous avons acheté beaucoup, vite et sans mégoter sur le prix. Il y aurait eu en tout, 21 conversations entre le Premier ministre israélien et le président de Pfizer ».
JS « Et, est-ce qu’on a une idée du prix payé par Israël ? »
J-MP « On ne sait pas précisément. On entend tous les genres de prix, mais on évoque le prix de 46 euros par double dose de vaccin Pfizer / BioNtech, 40 % de plus qu’aux États-Unis. Nous, ce serait entre 12 et 15 euros la dose, soit 22 et 30 euros la double dose. Voyez, donc, c’est le double prix, hein. Chose à retenir, malgré l’offre de données personnelles, il y a eu peu de contestation. Un tiers de la population est aujourd’hui vaccinée [1]. Et des vaccins beaucoup plus chers. Un quoi qu’il en coûte XXL ».
JS « Plus de 90 % des plus de 60 ans aujourd’hui sont vaccinés en Israël. Mais le rythme décélère parce que les jeunes ne sont plus candidats aujourd’hui pour se faire vacciner. Ils sont assez méfiants. C’est assez étonnant. Il y a des doses, mais il n’y a plus personne pour se vacciner. Merci beaucoup Jean-Mathieu ».
[1] Oui, rappelons cette émission a été diffusée le 9 février 2021…
Avouez que ce rappel méritait d’être fait. Car, cela veut dire qu’avec les données de santé personnelles (probablement pseudonimisées) cédées par Israël à Pfizer, ceux qui pourront les exploiter, les « manipuler », auront toute latitude de tricher…
Examinons à présent ces trois travaux « scientifiques » référencés par la HAS à l’appui de sa recommandation d’administrer un rappel (3ᵉ dose) au 40 ans et plus :
1/ Un rapport hebdomadaire réalisé aux États-Unis par le Centre de Contrôle des Maladies (Centers for Disease Contrôle and Prevention) que l’on peut considérer comme l’équivalent chez nous de Santé Publique France, publiée en ligne sur son site le 28 septembre 2021 (ici), cite une étude clinique de phase 3 conduite par Pfizer / BioNtech chez 306 personnes âgées de 18 à 55 ans qui montrerait que les effets secondaires observés après une 3ᵉ dose administrée 5 à 8 mois après la seconde dose, seraient similaires à ceux rapportés après la deuxième dose.
306 patients inclus, franchement, c’est se ficher du monde, alors que des centaines de millions, voire des milliards de personnes pourraient devenir éligibles à une 3ᵉ dose.
Cela ne permet que d’identifier les effets indésirables généraux ou locaux les plus fréquents. Ce même rapport cite aussi une étude réalisée au moyen d’une application sur smartphone dénommée « V-safe », qui permettait aux personnes vaccinées de déclarer elles-mêmes durant les 7 jours suivant l’administration de la 3ᵉ dose, la sévérité de leurs symptômes : définis comme « Léger » (« notable », mais « non problématique ») ; « Modéré » (« limite les activités quotidiennes habituelles ») ; ou « Sévère » (« rend difficile ou impossible les activités quotidiennes »). Entre le 12 août et le 19 septembre 2021, 22 191 utilisateurs de l’application ont rapporté avoir reçu une 3ᵉ dose. 97,6 % d’entre elles avait un schéma vaccinal réalisé avec le même vaccin à ARN messager. Parmi les 12 591 personnes vaccinées ayant répondu complètement au questionnaire via l’application, pour chacune des 3 doses (58,1 %), 79,4 % et 74,1 % respectivement ont déclaré des effets indésirables locaux ou généraux, après la 3ᵉ dose, contre 77,6 % et 76,5 % après la 2ᵉ dose. Voilà qui ne nous éclaire pas vraiment sur les événements indésirables, si ce n’est que les réactions locales (au site de l’injection) et générales sont très fréquentes (entre 75 % et 80 %). Quid des événements indésirables moins fréquents, mais graves ?
2/ L’étude observationnelle rétrospective israëlienne publiée dans le Lancet le 26 octobre 2021, sur laquelle la HAS s’est appuyée pour sa décision (ici), avec un supplément annexé (ici). La méthodologie complète de ce travail avait été publiée dans le New England Journal of Medicine (NEJM) en avril 2021 à l’occasion d’une première étude israélienne (ici). L’étude du Lancet a été financée par le « Clalit Research Institute », qui se présente comme le plus gros organisme privé d’assurance maladie en Israël, fort de ses 4,7 millions d’assurés, soit plus de la moitié de la population. À noter parmi les auteurs, Marc Lipsitch, virologue à la Harvard Medical School à Boston, qui s’est si lourdement trompé. Il avait affirmé début mars 2020, qu’il y aurait 40 à 70 % de la population mondiale qui serait infectée par le SARS-CoV-2. Alors que nous avons mis en France près de deux ans pour dépasser 10 % de Françaises et de Français testés positifs au Covid-19 (RT-PCR). Au 18 novembre 2021, le cumul des personnes testées positives au Covid-19 en France atteignait 7 203 880 personnes, pour une population estimée à 67 407 241 habitants, soient 10,7 %. La présence de Marc Lipsitch parmi les auteurs de cette étude du Lancet, ne serait-elle pas un cas avéré de « ghostwritting », encore appelé « écriture en sous-main d’articles médicaux » ? (Voir la définition qu’en donne l’association du Formindep, pour une formation et une information médicale indépendante : ici)
Dois-je encore rappeler ici, que les études de cohortes observationnelles rétrospectives (cela la HAS devrait le savoir), font partie avec les études « cas-témoin », des travaux qui ont les plus bas niveaux de preuves, car les plus sujets à des biais majeurs, voire à de la fraude scientifique…
Alors, voici ce que l’on trouve comme explication à propos de l’algorithme d’appariement des vaccinés en 3ᵉ dose, avec les vaccinés deux doses (non-vaccinés en 3ᵉ dose), dans cette étude israélienne (À retrouver page 6, du supplément « Supplementary Appendix » dans l’article du NEJM qui détaille la méthodologie des études de cohortes observationnelles retrospective israéliennes : ici).
Mécanisme d'appariement lors de la 1ʳᵉ étude de primovaccination anti-covid (NEJM 04/2021)
Les vaccinés et les non-vaccinés ont été appariés sur les variables suivantes comme suit :
- Âge - par tranches de deux années consécutives.
- Sexe (homme, femme) - correspondance exacte.
- Lieu de résidence - correspondance exacte, au niveau du quartier ou de la petite ville.
- Secteur de population (juif général, arabe, juif ultra-orthodoxe) - correspondance exacte.
- Vaccins antigrippaux au cours des 5 dernières années (0, 1-2, 3-4, 5) - correspondance exacte.
- Grossesse (oui, non) - appariement exact.
- Nombre de pathologies préexistantes considérées par le CDC comme des critères de risque (0,1,2,3,4+) correspondance exacte.
Pour illustrer le processus d'appariement, l’exemple suivant était proposé : un homme juif ultra-orthodoxe de 76 ans, d'un quartier spécifique, qui a reçu 4 vaccins contre la grippe au cours des cinq dernières années et présente 2 comorbidités facteurs de risque connus de COVID-19 sévère, ne pourrait être apparié qu'avec un homme juif ultra-orthodoxe similaire du même quartier, âgé de 76-77 ans, ayant reçu 3-4 vaccins contre la grippe lors des 5 dernières années [2], et 2 comorbidités.
[2] D’ailleurs on peut déjà se demander si ce critère est pertinent ?
Mécanisme d'appariement lors de la 2ᵉ étude pour la 3ᵉ dose (Lancet 10/2021)
Les vaccinés et les non-vaccinés ont été appariés sur les variables suivantes comme suit :
- Âge - par tranches de deux années consécutives.
- Sexe (homme, femme) - correspondance exacte.
- Lieu de résidence - correspondance exacte, au niveau du quartier ou de la petite ville.
- Mois civil au cours duquel la deuxième dose a été reçue.
- Nombre de tests PCR au cours des 9 mois précédant l'inclusion.
On notera que 3 variables utilisées dans le processus d’appariement de la 1ʳᵉ étude observationnelle israélienne ont été abandonnées (secteur de population : juif général, arabe, juif ultra-orthodoxe ; nombre de vaccinations antigrippales des 5 dernières années, dont je questionnais la pertinence d’ailleurs ; grossesse ou non), au profit de 2 nouvelles variables (mois civil au cours duquel la deuxième dose a été reçue ; nombre de tests PCR au cours des 9 mois précédant l'inclusion).
La pertinence de la dernière variable paraît aussi particulièrement douteuse (en quoi le nombre de tests pratiqués lors des 9 derniers mois peut-il être un facteur de risque d’infection, d’hospitalisation, de forme sévère ou de décès covid ?) Nous allons voir comment ce type de variable prétendue « confondante », qui n’en est pas, peut s’avérer utile dans le cas d’une manipulation frauduleuse des données…
Mais, ne pensez-vous pas qu’il manque quelque chose pour parvenir chaque fois à finaliser un « matching » individuel parfait, entre un triplement vacciné, qui sera apparié à un doublement vacciné ? En effet, il manque les plans « B » lorsque qu’aucun appariement n’est possible, et surtout, il manque l’algorithme lorsque plusieurs appariements sont possibles (probablement le cas de figure le plus fréquent, mais nous allons le vérifier). Comment font-ils ? Ce n’est pas précisé !
Seul un paragraphe esquisse une suite très imprécise et confuse du processus d’appariement, traduit avec l’aide de DeepL :
« La sélection des variables pour l'appariement s'est faite en deux étapes. Tout d'abord, une sélection de variables a été choisie sur la base du domaine d’expertise (je comprends qu’il s’agit de l’expérience des experts, auteurs qui ont eu accès aux données brutes, les ont collectées et analysées : nommément il s’agissait de Noa Dagan, Noam Barda, Oren Miron, Shay Perchik, et Eldad Kepten). Cette sélection a ensuite été progressivement élaguée (je comprends qu’ils ont progressivement dans le processus d’appariement abandonné une ou plusieurs variables) tout en veillant à ce que l'échangeabilité soit maintenue. L'échangeabilité a été évaluée en utilisant l'efficacité du vaccin COVID-19 sur l'infection symptomatique dans les 14 jours suivant la première dose, qui était proche de 0 dans l’étude clinique randomisée (je comprends qu’il s’agit de l’étude clinique randomisée versus placebo Pfizer / BioNtech de phase 3 initiale, qui en présentait les résultats préliminaires, et publiée dans le NEJM le 10 décembre 2020 : ici).
Ces imprécisions et incertitudes majeures dans la description du processus d’appariement, jettent une forte suspicion de fraude organisée sur ce travail israélien…
Il est intéressant de calculer le ratio entre les nombres de personnes éligibles et les nombres de personnes « matchées ». Ce qui permet de renseigner sur le nombre de cas possibles pour l’appariement. Cela dans les deux études israéliennes successives :
Voici les ratios calculés pour la première étude israélienne dont l’objectif était la comparaison de l’efficacité du vaccin chez les vaccinés et les non-vaccinés (NEJM 04/2021). Il apparait notamment, lorsque l’on monte dans les tranches d’âges plus avancées, qu’il y avait le plus souvent, une, deux, trois ou quatre possibilités d’apparier un vacciné avec un non-vacciné.
Figure : Tableau S2, appendix étude de cohortes observationnelles rétrospective israélienne (NEJM 04-2021)
Nous voyons bien que plus la tranche d’âges est élevée, plus le nombre de comorbidités est haut, plus le choix s’élargit pour apparier. Et comme le ratio éligibles / « matchés » augmente en même temps que les risques d’hospitalisations, de formes graves et de décès, la possibilité facilité de choisir des personnes confirmées COVID-19 non-vaccinées en rappel (3ᵉ dose), qui ont été hospitalisées, ont fait des formes sévères ou sont décédées, rend plus aisé encore la falsification scientifique.
Il est bien évident que seul un arbitrage totalement aléatoire pour le choix de la personne non vaccinée à apparier avec celle qui a reçu la 3ᵉ dose, serait scientifiquement acceptable. Je n’ai trouvé aucune mention de tirage au sort…
Et, l'abandon d’une, ou mieux encore, de plusieurs variables sélectionnées initialement, qui est explicitement mentionné dans le paragraphe de description du processus d’appariement que j’ai traduit plus haut, permet d’augmenter le degré de liberté dans le choix du cas apparié…
Et voici, en deux tableaux, les ratios calculés pour la seconde étude qui nous intéresse ici, au cours de laquelle des personnes triplement vaccinées ont été appariées avec des personnes complètement vaccinées (2 doses). Avec un ratio le plus souvent compris entre 1,5 et 2, on comprend bien qu’il était possible, très fréquemment, de choisir entre deux personnes éligibles pour un appariement donné.
Figure : Tableau S2, appendix étude de cohortes observationnelles rétrospective israélienne (Lancet 10-2021)
À noter que contrairement à la première étude, nous n’avons pas pour cette deuxième étude les données par tranches d’âges. Mais, puisque ces personnes finalement sont les mêmes avec six mois de plus, les ratios doivent aussi augmenter avec l’âge et les nombres de comorbidités.
Il est patent que l’abandon de la variable « nombre de tests RT-PCR effectués sur les 9 derniers mois, avec des ratios compris entre 1,5 et 2,2, élargirait encore plus les possibilités de choix.
Figure : Tableau S2 appendix, (suite) étude de cohortes observationnelles rétrospective israélienne (Lancet 10-2021)
Il est licite, surtout compte-tenu du contrat très spécial qui lie l’état hébreu à Pfizer, de se demander si les exploitants de cette base de données personnelles, n’ont pas été tentés de choisir, autant que faire se peut, parmi les différents appariements possibles, des personnes qui ont été infectées, ou avaient fait une forme sévère du COVID-19, ou qui sont décédées du COVID-19, ou des cas COVID-19 confirmés qui ont été en soins intensifs…
C’est exactement ce que j’ai déjà décrit pour les études menées en France par la structure EPI-PHARE, qui unit l’Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM) et l’Assurance maladie (CNAMTS).
Pour en savoir plus, voir aussi ma chronique N°74. Chronique dans laquelle, compte-tenu d’un faisceau d’arguments convergents, je concluais en réclamant une enquête circonstanciée de l’IGAS, tant une fraude avérée de la part d’institutions telles que l’ANSM et l’Assurance maladie, serait gravissime et sans aucun précédent en France !
À noter que dans cette étude, les personnes immunodéprimées qui avaient reçu une 3ᵉ dose étaient exclues, au motif que l’objectif était d’évaluer l’efficacité de la 3ᵉ dose dans la « population générale ». De même, les personnels soignants, les personnes hospitalisées en unité de soins de long séjour, et les personnes confinées à leur domicile (quelle qu’en soit la cause, y compris indépendamment du covid). Ceci constitue évidemment un indéniable biais de sélection, qui fait que l’efficacité vaccinale de la 3ᵉ dose mesurée sur cette population étriquée, sortira surestimée, et que l’on continuera d’ignorer totalement l’efficacité chez ces profils de personnes qui auront été censurés…
Dans le supplément de l'article du Lancet, il apparait qu’un seul des sept auteurs n'a déclaré aucun lien d'intérêt avec Pfizer ; tous les autres ont perçu des subventions de la part de la firme américaine. Celui qui présente le plus grand nombre de conflits d’intérêts (Pfizer, MSD et BMS), et cela ne surprendra personne, est le Pr Marc Lipsitch dont nous parlions plus haut...
3/ L’étude observationnelle rétrospective israëlienne trouvée sur le site du Journal of Infectious diseases le 2 novembre 2021 (téléchargeable : ici). Il s’agit d’un papier accepté, mais pas encore publié, une étude analogue à la précédente, réalisé par Maccabi HealthCare Services database, deuxième plus grand organisme d’assurance maladie en Israël par le nombre de ses assurés (2,4 millions). Que dire de plus ?
Le manuscrit fait 14 pages avec un double interligne, on a l’impression qu’il n’a pas été relu par les pairs. Aucun graphique. Méthodologie très imprécise. Ils ont juste calculé un taux d’incidence chez les vaccinés en 3ᵉ dose, versus les doublement vaccinés sur la période de 70 jours entre le 7 août et le 15 octobre 2021. Pour moi, c’est poubelle. Je trouve inadmissible que ce travail bâclé soit référencé dans l’argumentaire de la HAS qui se ridiculise ainsi.C’est du grand n’importe quoi. Pour dire la nullité de ce travail israélien, par rapport à la période d’étude définie plus haut, ils ont réparti les participants en trois groupes : 81 244 vaccinés en double dose en janvier et février 2021 (soit seulement 8,6 % de l’effectif total), 724 540 vaccinés en double dose puis ayant reçu une 3ᵉ dose (qui contribuent en fonction des dates de vaccination au prorata des nombres de jours en doublement vaccinés puis en triplement vaccinés) et 141 347 tous vaccinés uniquement pendant la période d’étude. Cela correspond à mélanger des torchons et des serviettes. Tout en sachant que 91,4 % des participants éligibles ont été vaccinés entre juillet et mi-octobre 2021. Ces trois groupes, évidemment ne sont pas comparables, ce qui biaise les résultats.
4/ La grande absente de l’argumentaire de la HAS, à savoir l’étude clinique « à l’eau de rose » randomisée en double aveugle de la 3ᵉ dose versus placebo chez 10 000 participants, dont les résultats ont été publiés sous forme de deux communiqués de presse de Pfizer (probablement toujours pas publiés dans une grande revue médicale). Pourquoi à l’eau de rose ? Parce que la 3ᵉ dose s'avère réduire les contaminations, mais ni les décès, ni les formes sévères, ni les hospitalisations… (Voir ma chronique N°76 où je donne davantage de détail sur ce qui est finalement, une « non-étude », à retrouver dans mon commentaire [23] : ici)
Les doutes exprimés sur France Info par le virologue Bruno Lina sur l’efficacité d’une 3ᵉ dose :
Le 20 novembre 2021, France Info interviewait longuement la Pr Bruno Lina, virologue, après le fil info de Diane Ferchit à 7 h 40 du matin :
« Une dose de rappel contre le covid à partir de 40 ans, c’est ce que préconise la Haute Autorité de Santé pour lutter plus efficacement contre l’épidémie en pleine recrudescence. Sur foi des recommandations des autorités de santé Emmanuel Macron affirme qu’il ne serait pas étonné qu’on aille progressivement vers des rappels vaccinaux pour l’ensemble des adultes. Cette 3ᵉ dose de vaccin anti-covid, qui est désormais autorisée aux États-Unis pour tous les adultes vaccinés depuis six mois. De son côté, Israël annonce que les enfants de 5 à 11 ans seront à leur tour vaccinés. La campagne débutera mardi ». Puis, la voix du journaliste Benjamin Fontaine, animateur de ce créneau horaire : « Plus de 21 000 nouveaux cas de covid en 24 h en France, contre à peine 4 000, il y a une semaine. C’est évident, les courbes remontent. Emmanuel Macron exclut un nouveau confinement, comme en Autriche, mais ne s’est pas encore prononcé sur une dose de rappel pour tous. La Haute Autorité de Santé, elle recommande désormais cette 3ᵉ dose à partir de 40 ans. Bonjour Bruno Lina ».
Pr Bruno Lina « Bonjour ».
Benjamin Fontaine « Vous êtes virologue et membre du conseil scientifique, qui depuis un an et demi murmure à l’oreille du président. On a vu les chiffres remonter depuis quinze jours, au moins. Le président de la fédération hospitalière (de France, FHF !) nous l’a dit sur France Info, il faut aller plus vite sur la 3ᵉ dose parce que l’hôpital est déjà en tension. Pourquoi on traine autant à instaurer cette dose de rappel pour tous ? »
Pr Bruno Lina « C’est parce qu’on a besoin d’avoir des données scientifiques pour faire un choix éclairé. Si vous voulez, ce que l’on apprend au fil du temps, c’est que le schéma vaccinal initial qui permettait d’induire une immunité protectrice pour contrer la circulation du virus, semblait pouvoir être fait avec deux doses. Et ça a permis, on l’a vu, d’avoir, pour les pays qui ont eu un niveau de vaccination suffisamment élevé, un vrai frein sur la diffusion du virus. En sachant que le vaccin seul ne suffit pas. Il faut, bien évidemment aussi dans un contexte de circulation importante du virus, continuer à utiliser, notamment le masque, les mesures d’hygiène, et les mesures de distanciation physiques qui ont montré leur efficacité [3].
[3] Mais non. Bien au contraire, c’est l’inefficacité des masques à réduire les contaminations virales, qu’elles soient jugées sur l’apparition de symptômes ou sur la positivité de tests d’analyse de laboratoires caractérisant le virus, qui, elle, a été démontrée. Cela dans une dizaine d’études cliniques randomisées bien conduites, la plupart menée en grappes, et dont 9 ont fait l’objet d’une revue méthodique avec méta-analyse par la Collaboration Cochrane. Une organisation d’experts médicaux indépendants des firmes pharmaceutiques, qui commence par évaluer les risques de biais des études recherchées systématiquement, élimine celles qui présentent des risques de biais trop importants, pour délivrer des recommandations fondées sur les plus hauts niveaux de preuves… Le lavage des mains permet, lui d’éliminer les virus, mais comme le principal mode de transmission n’est pas le manuportage mais les aérosols de virions aéroportés que l’on inhale dans l’air, sa capacité à réduire les transmissions est certainement très modique (contrairement à certaines bactéries manuportées) et ce qui fait aussi que les distanciations physiques (1 mètre, 1,5 mètre, 2 mètres…) optimales ne sont pas encore connues précisément…
Pr Bruno Lina, poursuivant son propos « Mais avec le temps, ce dont on s’est aperçu, c’est que le taux de protection qui peut être reflété partiellement par le taux d’anticorps [4]. Mais le taux de protection finalement, baisse avec le temps. Et à plus de six mois de la 2ème dose, eh bien, il semble qu’il soit nécessaire de faire un rappel pour qu'on retrouve un niveau de protection permettant vraiment de freiner à la fois la circulation et le risque de formes graves de façon très élevée [5] ».
[4] Alors, ce point ne fait pas du tout consensus, certains experts disent même que les titres d’anticorps dans le sang ne sont pas corrélés à la protection vaccinale. Que cette dernière dépendrait plus de la réponse immunitaire engagée par les cellules T à mémoire ou par les cellules B… Il ne faut pas oublier que le(s) vaccin(s) ne ciblent qu’une seule protéine du virus.
[5] Cela n’a été démontré par aucune des 5 études cliniques randomisées versus placebo de Pfizer / BioNtech (4) et de Moderna (1). Seule la réduction des contaminations est démontrée, ce n’est pas le critère de jugement le plus pertinent !
BF « Donc, on a bien compris qu’il fallait attendre d’avoir les données scientifiques, mais aux États-Unis la 3ᵉ dose va être disponible pour tous les adultes. Alors, pourquoi pas chez nous ? »
Pr BL « Alors, c’est parce que, si vous voulez, nous on considère que, aujourd’hui, il vaut mieux avoir des évidences scientifiques pour prendre des décisions, plutôt que de prendre des décisions intuitives. Et que, justement, c’est plus facile d’avoir une approche raisonnable et raisonnée sur la vaccination en ayant des données. Or, il me semble que c’est plus important d’être sûr de savoir où on avance plutôt que d’avancer comme ça à l’aveugle et de prendre des décisions qui peuvent être un petit peu hâtives. Cette vaccination, il faut qu’on la considère comme un atout, et il faut qu’il y ait un niveau de confiance dans l’utilisation du vaccin. Et cette confiance, on peut l’avoir à partir du moment où justement on est capable d’expliquer pourquoi cette 3ᵉ dose est vraiment importante [6] ».
[6] CQFD, aujourd’hui, on n’est pas capable de l’expliquer ! Prends-toi ça la Haute Autorité de Santé !
BF « Et l’Autriche, elle va rendre, elle, la vaccination obligatoire en février. Chez nous, 87 % de la population éligible est vaccinée. Il reste 6 millions d’habitants qui n’ont reçu aucune dose. En tant que membre du conseil scientifique, est-ce que vous vous pensez qu’il faut rendre la vaccination obligatoire ? Vous parliez de confiance il y a quelques secondes ? ».
Pr BL « Alors, cette décision, c’est une décision politique, ce n’est en aucun cas moi qui la prendrais. La deuxième chose, c’est qu’il faut bien comparer la situation de l’Autriche et la situation de la France. Vous avez dit fort justement qu'à peu près 87 % des éligibles à la vaccination en France sont vaccinés. Il faut voir qu’en Autriche, un tiers de la population n’est pas vacciné [7].
[7] Et alors ? Ce qui compte, c’est le taux de couverture vaccinale non pas de la population entière d’un pays, mais celui de ses vulnérables et de ses fragiles. Arrêtons cette médecine qui en fait trop, cette médecine de surdiagnostics et de surtraitements ! Pourquoi en plus exposer aux événements indésirables de ces vaccins des personnes jeunes ou en bonne santé immunitaire, qui ne développeraient que des formes légères, voir le plus souvent asymptomatiques ?
Pr BL « Et ça, ça fait toute la différence [8]. C’est pour ça qu'en Autriche, les taux d’incidence sont aux alentours de 1 400 [9], alors que nous sommes à peine à 200, voire un peu moins [10]. Donc, on voit, on voit toute la différence et tout l’intérêt de cette vaccination [11] ».
[8] Non, il faudrait regarder dans le détail quels sont les taux de couvertures des populations fragiles.
[9] Vérifications faites, le taux d’incidence en Autriche le 20 novembre 2021 n’était pas de 1 400 cas pour 100 000 habitants, mais de seulement 1 040. La moyenne des 7 derniers jours était de 13 496 nouveaux cas, soient 94 472 nouveaux cas sur les 7 derniers jours, soit un taux d’incidence de : [94.972/9.078.817]x100.000, et une exagération de 35 % de la part du professeur. Lorsque l’on cite des chiffres, il faut être précis !
[10] Pour le taux d’incidence en France, nous n’étions qu’à 183 (moyenne des 7 derniers jours de 17 154, soient 120 018 cas sur 7 jours, à diviser par la population française, 65 475 861, et à multiplier le résultat par 100 000). Et probablement moins que ça, car Worldometers semble avoir amputé de 2 millions d’habitants la population française… Là aussi, il serait plus intéressant de regarder les taux d’incidence dans les différentes sous-populations. Ce qui serait franchement embêtant serait de trouver des taux élevés chez les 80 ans et plus. Quelle importance si ce sont les 30-40 ans, par exemple ?
Nouveaux cas et population de l’Autriche au 20/11/2021
Figure : Taux d'incidence en Autriche le 20-11-2021
Nouveaux cas et population de la France au 20/11/2021
Figure : Taux d'incidence en France le 20-11-2021
[11] Là, le professeur quitte le registre du « scientifique » pour épouser celui de l’opinion, du sentiment, de l’intuition, de la croyance, ou de la foi. Il est où le rationnel et le doute du scientifique ? Et, si nous aussi dans quelques semaines nous connaissions des taux d’incidence du même ordre ?
Pr BL « Et il faut bien comprendre aussi que les Autrichiens, comme d’autres pays, avaient complètement cessé d’utiliser toutes les mesures de contrôle et de surveillance en quelque sorte, et c’est vrai que quand on fait tomber le port du masque alors que le virus se remet à circuler, ça n’est pas raisonnable [12], puisque ça induit de la transmission ».
[12] Ce qui aurait été « raisonnable et raisonné », c’est de na pas avoir imposé le port de cet objet totalement inutile contre les virus respiratoires, ce qu’ont fait les Suédois, par exemple. Je rappelle ce que j’ai écrit dans ma précédente chronique, la N°78 (ici), à savoir que cela n’a pas empêché la Suède d’avoir en date du 14 novembre 2021, 408 décès du covid en moins par million d’habitants que la France, soit une mortalité attribuée au covid de 27,6 % plus élevée chez nous, ce qui pourrait se traduire par 35 000 décès que l’on aurait pu éviter en France, excusez du peu, si nous n’avions pas cédé à la mise en application de mesures n’ayant jamais prouvé leur efficacité contre les virus respiratoires…
Benjamin Fontaine « Bruno Lina, virologue et membre du conseil scientifique. Bruno Lina, Israël va commencer la vaccination des 5-11 ans mardi, et nous c’est pour quand ? Est-ce qu’on doit y venir aussi ? »
Pr BL « Alors, c’est de nouveau une réflexion qui est sur la table. Il y a un certain nombre d’essais cliniques qui ont été faits. Mais pour l’instant, on considère que le nombre d’enfants qui ont été inclus dans ces essais n’était pas suffisant [13]. Donc, on a demandé aux producteurs de vaccins de faire une étude un peu plus étendue. Les données vont arriver sous peu et une décision sera probablement prise en tout début d’année pour savoir… »
[13] Effectivement, on ne peut que lui donner raison, seulement 48 enfants ont été inclus dans l’essai Pfizer / BioNtech de phase 1 dont les résultats ont été publiés le 9 novembre 2021 dans le NEJM (ici). C’est un peu court quand-même ! La même publication conclut à une réduction du risque relatif de contamination des enfants de 5-11 ans de 90,7 %. Puisque sur les 1 510 enfants complètement vaccinés (2 doses administrées dans un délai de 21 jours), seulement 3 ont contracté l’infection, contre 16 sur les 746 ayant reçu le placebo. L’expression du résultat en termes de réduction du risque absolu, qui n’exagère pas la perception du bénéfice, donne une diminution de 2 % du risque de contracter le covid chez les enfants de 5-11 ans vaccinés. Formuler différemment, il faut vacciner 50 enfants pour éviter une seule infection covid. Dit comme ça, l’efficacité parait moins spectaculaire, non ? Le point le plus important de cette étude est l’absence de formes sévères du covid, l’absence de syndrome inflammatoire multi-systémique pédiatrique (PIMS), et bien sûr d’hospitalisation et de décès, tant chez les vaccinés que chez ceux qui ont reçu le placebo. Ce qui interroge encore sur l’intérêt de cette vaccination des enfants âgés de 5 à 11 ans !
BF « Mais d’autres pays le font ».
Pr BL « Oui, mais de nouveau je vous redis, nous, ce qu’on souhaite… »
BF « Mais ces données sont arrivées dans ces pays-là, aux États-Unis, au Canada ».
Pr BL « Elles sont arrivées, mais avec des chiffres d’inclusions dans les essais vaccinaux, que l’on considère nous, comme insuffisant pour pouvoir être sûr d’avoir une innocuité totale. Donc, c’est pour ça qu’on attend un petit peu plus. Vous savez, c’est pas forcément en attendant quinze jours de plus que les choses, ou un mois de plus, que les choses vont radicalement changer. Par contre, en termes de confiance, et c’est ça qui est important, eh bien si on est plus éclairé sur la qualité des données qui nous permettent de faire un choix, on peut derrière, avec le public, communiquer autour de ce que ce vaccin est capable de faire, de la balance « bénéfices/risques » et derrière, d’emporter la conviction. Le plus important, c’est qu’au bout du compte, dans quelques mois, il y ait un niveau de vaccination qui permette de nous protéger de façon durable, contre la circulation de ce virus ».
BF « Donc, pas de précipitation, on l’a bien compris Bruno Lina, mais on voit les chiffres augmenter, on voit quelques alertes arriver, du côté des politiques aussi. Est-ce que la situation est véritablement sous contrôle, aujourd’hui en France, cette 5ᵉ vague, on la contrôle ? »
Pr BL « Ce que l’on voit pour l’instant, c’est que dans un certain nombre de pays, du Sud et de l’Ouest de l’Europe, qui ont à la fois eu un taux de vaccination élevé. Je pense à l’Italie, l’Espagne, le Portugal et la France, qui ont parmi les taux de vaccination les plus élevés et le maintien d’un certain nombre de mesures qui accompagnent cette vaccination, qui sont le port du masque, l’utilisation du passe sanitaire, l’hygiène des mains, etc… eh bien, ces pays-là voient une reprise épidémique, parce qu'on n’empêchera pas le virus de circuler, mais avec un niveau premièrement de circulation du virus qui est plus bas, et deuxièmement, surtout, un niveau d’hospitalisation, et de formes graves, qui est plus bas. Et tout l’enjeu du contrôle de la circulation du virus, c’est d’éviter d’avoir un système de santé saturé [14].
[14] Eh bien non, Bruno Lina, pour ne pas saturer notre système de santé « hospitalo-centré », il n’aurait pas fallu fermer tant de lits tous les ans pendant des décennies. Il aurait au contraire fallu augmenter notre capacité d’accueil à l’hôpital, ou se mettre en capacité de le faire rapidement, notamment en réanimation et en soins intensifs, pour en cas de besoin faire face à ce type de pandémie…
Pr BL « Or, pour l’instant, si on continue à appliquer les mesures qu’on utilise et si l’on conserve un niveau de protection induit par la vaccination qui est aussi haut que celui qu’on a, il est possible que l’on maitrise effectivement cette épidémie. La maitriser, c’est pas empêcher le virus de circuler. Les taux d’incidence, ils vont continuer ».
BF « Elle va passer, cette 5ᵉ vague, elle va passer sans faire trop de dégâts, c’est ce que vous nous dites ? »
Pr BL « C’est exact, elle peut passer sans faire trop de dégâts, si justement, les plus fragiles font bien la 3ᵉ dose, pour pouvoir être vaccinés, parce qu’ils seront mieux protégés. Et comme ça a été dit, cette protection après la 3ᵉ dose, elle est extrêmement rapide et extrêmement performante [15]. Et puis, si on continue, collectivement à essayer de freiner à tout prix la circulation du virus par nos comportements, qui sont des comportements qui affectent de façon très importante et significative sur le nombre de cas [16].
[15] Ah bon. Dans toutes les tranches d’âges ? Quelles que soient les comorbidités ? C’est devant de telles affirmations péremptoires (non argumentées par des travaux scientifiques de qualité) qu’il n’est plus possible de vous faire confiance…
[16] Il n’y a que la foi qui sauve. Retour à la case départ. Le naturel revient au galop. Ce professeur ne nous propose finalement qu’une médecine basée sur ses propres opinions et non pas sur des preuves scientifiques solides. C'est pathétique !
BF « Bruno Lina, on sait maintenant qu’il est important de tracer les cas, de les détecter rapidement, de les suivre. On a entendu plusieurs voix parmi les politiques cette semaine, réclamer le retour de tests de dépistage gratuits. Est-ce que c’est nécessaire aujourd’hui ? »
Pr BL, après une apparente longue réflexion, pour quelque part, esquiver la question « Alors, de nouveau, c’est une décision politique… »
BF « Une décision politique, mais vous pouvez avoir un avis en tant que virologue membre du conseil scientifique ? »
Pr BL « Ce que je peux vous dire, c’est qu'aujourd’hui, sur le niveau de tests réalisés, une étude de Santé Publique France dit qu'à partir du moment où l'on aura un peu plus de 2 millions de tests réalisés par semaine, on a une vision assez propre de ce qui se passe du point de vue épidémiologique. Après, vous savez, un certain nombre de tests de dépistage sont faits pour une analyse personnelle de savoir si effectivement on a été infecté ou pas infecté. Dans certaines conditions, une prescription médicale est possible. Donc, à ce moment la prise en charge est réalisable. Mais c’est plus les tests de confort qui ont été entre guillemets déremboursés. Tout ceci, c’est pour inciter à ce que finalement, tout le monde comprenne bien que l’enjeu c’est pas de savoir si on est infecté ou pas… »
BF « Pas forcément, pas forcément obligatoire… »
Pr BL « Empêcher la transmission par la vaccination, c’est ça qui est le plus important [17].
[17] Mais professeur, on sait que la vaccination n’empêche pas la transmission…
BF « Merci à vous Bruno Lina, virologue et membre du conseil scientifique, d’avoir été l’invité de France Info ce matin ».
Figure : les conflits d’intérêts du virologue et membre du conseil scientifique
Le spot publicitaire le plus trompeur actuellement diffusé sur les radios d’État
France Info, le dimanche 14 novembre 2021, après le fil info de 12 h 00, diffusait ce nouveau spot publicitaire pour pousser à la 3ᵉ piqûre : « Vous êtes atteint de diabète, d'obésité, d'un cancer, ou de troubles psychiatriques ou vous avez une maladie cardiaque, respiratoire, rénale, hépatique ou neurologique [18]. Vous êtes à risque de faire une forme grave de COVID-19. Pour continuer à vous protéger, il est important de faire votre dose de rappel dès six mois après votre dernière injection [19]. N’attendez pas. Prenez rendez-vous [20] chez un professionnel de santé près de chez vous ou sur www.sante.fr [21]. Tous vaccinés, tous protégés [22]. Ceci est un message du ministère des Solidarités et de la Santé.
[18] Le promoteur de cette publicité (Pfizer, non ?), ratisse très large avec des critères bien trop vagues et imprécis. Ce ne sont évidemment pas des situations qui prédisposent toutes à des formes sévères de la covid. Encore une fois la médecine qui en fait trop. Le principe de précaution qui a remplacé la médecine fondée sur les preuves et le discernement d’un praticien expérimenté. On est clairement dans le surdiagnostic et le surtraitement.
[19] On dirait un « sachant » et un « apprenant », le retour de la médecine « paternaliste ». Il est où l’exposé au patient des bénéfices et des risques de la vaccination en 3ᵉ dose ? Elle est où la décision médicale partagée ? Il est où le consentement libre et éclairé ? Disparus. Notre exécutif a-t-il oublié ou abrogé la Loi du 4 mars 2002, dite « Loi du droit des malades » ?
[20] Vous avez vu l’emploi de l’impératif « N’attendez pas, prenez rendez-vous », des ordres quoi ? La dictature sanitaire…
[21] Ma curiosité m’a amené à visiter ce site. Dès la page d’accueil, on mesure le niveau de flicage dont on fait l’objet. N’hésitez pas à zoomer. En haut à gauche dans la petite fenêtre « Autoriser www.sante.fr à accéder à votre localisation ». Tout en bas « Afin d’améliorer votre expérience de navigation, Santé.fr utilise des cookies destinés à faire des statistiques, à conserver vos informations de connexion ou à adapter les fonctionnalités ». Pire que Google ! N’hésitez pas à visiter les pages « Qui sommes-nous ? », « Nos missions », et « Nos partenaires ». Cliquez aussi sur le lien « VACCINATION COVID-19 ». Vous apprécierez la complétude des informations. La qualité de l’information sur la balance « bénéfice/risque ». Leurs sources… Pathétique ! C’est du niveau du spot publicitaire que nous venons d’écouter. Rien sur les résultats de l’étude clinique randomisée Pfizer/BioNtech, réalisée chez 10 000 participants jeunes et en bonne santé (âge médian 53 ans), qui certes montre une réduction des contaminations, mais pas des décès, ni des formes sévères, ni des hospitalisations (étude dont je parle plus largement à la fin de ma chronique N°76 : ici). Dès lors, quel est l’intérêt de cette 3ᵉ dose, en dehors de booster les profits de Pfizer ?
En résumé : L’état d’urgence de la crise sanitaire ne devrait pas être une excuse, un prétexte pour que la recherche médicale multiplie les études qui présentent les plus bas niveaux de preuves scientifiques, quand elles ne sont pas complètement frauduleuses. Les études rétrospectives de cohortes observationnelles ou les études cas-témoins ne méritent pas d’être prises en compte, tant les biais sont nombreux et la suspicion de fraude impossible à écarter. Seules des études cliniques randomisées en double aveugle versus placebo et bien dimensionnées [22] sont susceptibles d’apporter des réponses probantes et robustes à nos interrogations sur l’efficacité et la sécurité vaccinale !
[22] « Bien dimensionnées » signifie que le promoteur de l’étude se met en capacité de pouvoir démontrer un bénéfice sur un critère vraiment pertinent (réduction des hospitalisations, des entrées en réanimation, des formes réellement sévères, avec intubation et ventilation mécanique, des décès covid, ou mieux des décès toutes causes), en ayant inclus un nombre suffisant de personnes, y compris et surtout dans les profils à risque (les différentes tranches d’âges vraiment à risque : 80-84, 85-89, 90-94, 95 ans et plus ; et les comorbidités à risque bien documenté de formes sévères).
Aucun des quatre essais cliniques randomisés versus placebo de Pfizer (étude initiale chez les 16 ans et + 12/2020 ; étude chez les 12-15 ans 05/2021 ; étude de la 3ᵉ dose dont les résultats n’ont toujours pas été publiés dans une revue médicale, mais dans un communiqué de presse de Pfizer 10/2021 ; étude chez les 5-11 ans 11/2021), aucun de ces essais n’a permis, au-delà d’un freinage des contaminations virales, de démontrer un bénéfice sur les critères cliniques de jugement qui ont du sens : décès, formes sévères prises en charge en réanimation.
Il est bien regrettable que la HAS ait baissé à ce point son niveau d’exigence requis pour accorder aussi facilement son label à des travaux pseudo-scientifiques et valider ainsi ses injustifiables recommandations dans le but de plaire au pouvoir.
Auteur(s): François Pesty, pour FranceSoir
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