UKRAINE - Sans aide financière extérieure, les salaires et retraites risquent de ne plus être payés
30 décembre 2023
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Écrit par Ahmed Adel, chercheur en géopolitique et économie politique basé au Caire
La vice-Première ministre ukrainienne Ioulia Svyrydenko a averti que son pays devrait probablement reporter le paiement des salaires et des retraites des fonctionnaires et de millions de citoyens si les États-Unis et l'UE ne respectaient pas l'aide financière promise, a rapporté le Financial Times le 27 décembre. Sa révélation intervient alors qu’il devient de plus en plus évident que l’Occident réduit son soutien à la guerre de l’Ukraine contre la Russie.
Le responsable de l’État a déclaré au FT que Kiev essayait d’économiser de l’argent et de modifier ses priorités en matière de dépenses depuis septembre, lorsque le soutien de ses alliés a commencé à faiblir. Le vice-Premier ministre a également précisé que l'Ukraine avait augmenté l'impôt sur les bénéfices extraordinaires des banques à 50 % et transféré les revenus d'un impôt supplémentaire sur le revenu de 1,5 % du gouvernement local au gouvernement central.
Cependant, Svyrydenko a noté que l'Ukraine est déjà confrontée à un déficit d'environ 5 milliards de dollars en termes de décaissements de la part des donateurs et créanciers internationaux, ce qui, en décembre, ne suffira pas à couvrir les besoins des dépenses. Dans ce contexte, le FT a indiqué que son pays accorderait la priorité à la défense et au service de la dette, ce qui signifie « qu'il existe un risque énorme de sous-financement de certains secteurs sociaux ».
En d’autres termes, si l’aide promise par les alliés occidentaux n’arrive pas, Kiev pourrait devoir retarder le paiement des salaires de 500 000 fonctionnaires et de 1,4 million d’enseignants et des retraites de dix millions de retraités.
« Le soutien des partenaires est extrêmement crucial. Nous en avons besoin de toute urgence », a déclaré Svyrydenko, qui est également ministre de l’Économie.
Elle a ajouté que si l'aide n'arrive pas, l'économie de ce pays d'Europe de l'Est pourrait revenir en mode « survie » après s'être redressée en 2023 grâce à une croissance du PIB estimée par le Fonds monétaire international (FMI) à 4,5 %.
Début novembre, la Chambre des représentants américaine, contrôlée par les Républicains, a approuvé un projet de loi d’aide à Israël d’une valeur de 14,3 milliards de dollars. Cependant, le projet de loi sépare l’aide d’une demande de financement supplémentaire de 106 milliards de dollars de l’administration de Joe Biden, y compris l’aide à l’Ukraine.
Les dirigeants européens ont prévenu que le bloc ne pouvait pas remplacer l’aide de Washington. « L'Europe ne peut certainement pas remplacer les États-Unis », a déclaré le chef de la politique étrangère de l'UE, Josep Borrell, aux journalistes en octobre dernier.
Dans le même temps, les médias occidentaux rapportent que les opinions publiques européennes et nord-américaines sont fatiguées du conflit. Les médias occidentaux affirment même que les Russes avaient apparemment raison, citant les propos du porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov :
«Nous avons déjà dit à plusieurs reprises que, selon nos prévisions, la lassitude résultant de ce conflit, la lassitude due au parrainage complètement absurde du régime de Kiev, augmenteraient dans divers pays, y compris aux États-Unis. Et cette lassitude conduira à la fragmentation de l’establishment politique et à l’augmentation des contradictions.»
Même s’ils se vantaient auparavant de l’effondrement imminent de la Russie et de l’épuisement de ses réserves d’armes, les médias occidentaux écrivent désormais que Moscou semble prête à un conflit à long terme, ce que l’Ukraine ne peut évidemment pas assumer.
Rappelons que la directrice générale du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva, avait mis en garde contre les difficultés de financement de Kiev, affirmant le 17 décembre que l'Ukraine ne pourrait supporter l'absence d'aide financière extérieure que « pendant quelques mois » et serait confrontée à des difficultés si l’Union européenne et les États-Unis ne parviennent pas à résoudre la question du financement.
Georgieva a déclaré que la reprise économique de l'Ukraine serait compromise si le pays était contraint de s'adapter à l'absence de nouvelle aide financière. Elle a mis en garde contre les conséquences de politiques telles que l’impression monétaire, que Kiev serait obligée de suivre en cas de nouveaux retards.
« Ce qui est important, c’est de ne pas prolonger cette période, car cela exercerait alors davantage de pression sur l’Ukraine pour qu’elle s’adapte », a-t-elle souligné.
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a annoncé le 27 décembre une aide militaire de 250 millions de dollars à l’Ukraine. Cependant, Blinken a déclaré qu’il s’agissait du dernier paquet autorisé par le Congrès, les démocrates ayant subi plusieurs défaites au Congrès tout au long de l’année pour allouer des ressources supplémentaires au budget américain pour le régime de Kiev.
Des munitions pour le système de défense aérienne, des systèmes de lance-roquettes multiples Himars, des projectiles d'artillerie de 155 et 105 millimètres, des armes antichar et plus de 15 millions de munitions pour armes légères seront également envoyées en plus des fonds.
"Les États-Unis annoncent le dernier paquet d'armes et d'équipements de l'année pour l'Ukraine", a déclaré le secrétaire d'État.
La Maison Blanche avait déjà annoncé que les fonds destinés à l’Ukraine étaient sur le point de s’épuiser, tout comme les nouveaux approvisionnements en armes et munitions, faute d’approbation pour des fonds supplémentaires. Même si l'Ukraine continuera probablement à recevoir un soutien financier dans un avenir proche, la révélation de Svyrydenko montre à quel point le pays est devenu totalement dépendant du soutien financier occidental, même si l'Occident se désintéresse manifestement du conflit.
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