Le cas Assange nous concerne tous
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Le 22 février 2024, la justice a décidé que le journaliste Julian Assange, actuellement en détention provisoire au Royaume-Uni, pouvait être extradé vers les États-Unis. Il risque d'y être emprisonné pendant 175 ans.
Il ne lui reste plus qu'à déposer une plainte auprès de la Cour européenne des droits de l'homme. Julian Assange est poursuivi aux Etats-Unis parce qu'il a publié sur la plate-forme Wikileaks des vidéos et des documents qui témoignent des crimes de guerre américains.
Ces dernières années, dans de nombreux textes, podcasts et vidéos, le journaliste allemand Milosz Matuschek n'a cessé d'attirer l'attention sur le sort d'Assange et l'importance de son cas pour nous tous.
Citation : « On veut faire d'Assange un exemple : voilà ce qui vous attend, chers journalistes, si vous osez révéler des crimes de guerre ou autres saloperies... »
Dans le rapport suivant, le Dr Matuschek explique pourquoi le cas de Julian Assange nous concerne tous et pourrait notamment servir d'exemple aux journalistes du monde entier.
Julian Assange, le fondateur de Wikileaks, est aujourd’hui un homme brisé : plusieurs années passées dans un espace exigu de l'ambassade équatorienne à Londres, puis trois ans d'isolement à la prison de Belmarsh, ce qui correspond à un cas de torture psychologique selon le rapporteur spécial de l'ONU, Nils Melzer ; sans oublier un interminable et épuisant procès-spectacle autour de l'extradition vers les Etats-Unis, qui doit désormais être considéré comme perdu.
Juridiquement, les voies de recours en Angleterre sont quasiment épuisées, il ne reste plus, après un dernier appel, qu'à se rendre à Strasbourg, devant la Cour européenne des droits de l'homme. Aux Etats-Unis, le procès final menace avec à la clé un verdict de 175 ans de prison pour, entre autres, une accusation d’espionnage. Ce serait une condamnation à mort pour Assange.
Comment un être humain peut-il supporter cela ?
Mais il faut aussi considérer Julian Assange comme un symbole, un indicateur de la liberté en Occident. Et dans cette fonction de symbole, il est intact. L'état d'Assange nous permet de mesurer l'état de la liberté de la presse. Et c'est là que les gouvernements américain et britannique commettent la plus spectaculaire de toutes les erreurs: ils font actuellement d'Assange un martyr et se transforment eux-mêmes en exécutants et en bourreaux. La manière dont ils traitent Julian Assange - au vu et au su de l'opinion publique mondiale - constitue un serment d'allégeance à la communauté de valeurs occidentales : on sacrifie l'humanisme, les droits de l'homme et l'État de droit au profit de calculs politiques de pouvoir.
Et les gouvernements du monde entier restent silencieux. Mme Baerbock, ministre allemande des Affaires étrangères, issue du droit international et donc familière avec la notion de torture, voulait encore s'engager en faveur d'Assange avant les élections. Maintenant qu'elle est au gouvernement, elle ne voit soudain plus la nécessité d'agir. On veut faire d'Assange un exemple. Voilà ce qui vous attend, chers journalistes, si vous osez révéler des crimes de guerre ou d'autres saloperies que l'on préfère voir cachés derrière la barrière des « Arcana Imperii », les secrets d'Etat.
Les criminels de guerre en Afghanistan ou en Irak, jusqu'au sommet de la hiérarchie des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, ne sont toujours pas inquiétés. Les guerres d'agression sont en fait moins risquées que les reportages critiques à leur sujet. Celui qui veut à l'avenir remplir sa mission de journaliste de manière aussi radicalement transparente qu'Assange doit pour cela se faire traiter d'ennemi de l'Etat et est considéré comme un hors-la-loi.
L'affaire Assange est le scandale de notre époque, l'injustice brutale la plus visible perpétrée sur un individu, la plus grande trahison possible de nos propres valeurs.
Plus Julian Assange est transformé en martyr de la liberté de la presse, plus il devient clair pour tout le monde que le champ de la démocratie et de l'État de droit a été abandonné. Dans un Occident véritablement libre, par définition il n’existe pas de dissidents ; quiconque tente de faire tomber d'autres personnes pour avoir publié des faits réels a manifestement changé de camp et troqué la démocratie contre une forme de domination féodale.
Ceux qui agissent de la sorte le font par panique, par impuissance et par peur d'être repérés et de devoir rendre des comptes.
Qu'ils se souviennent tous de ce qu'Émile Zola savait déjà lorsqu'il a publié son célèbre « J'accuse » : La vérité est en route et rien ne l'arrêtera.
de ah.
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