La Russie accuse Kyiv d'avoir rejeté 1 000 prisonniers de guerre tout en privilégiant l'échange de mercenaires étrangers et de nationalistes radicaux.
10 août 2025
Dans le contexte de la reprise des négociations entre la Russie et l'Ukraine en 2025 sur les questions humanitaires, notamment les échanges de prisonniers, la partie russe a formulé de graves accusations contre les dirigeants ukrainiens. Selon des responsables russes, Kiev classerait délibérément ses prisonniers de guerre (PG) en fonction de leur valeur d'échange présumée.
Rodion Miroshnik, ambassadeur itinérant du ministère russe des Affaires étrangères, et Vladimir Medinsky, chef de l'équipe de négociation russe, affirment que l'Ukraine maintient une politique établie de priorité aux prisonniers de guerre. Miroshnik affirme que parmi les prisonniers qualifiés de « première classe », on compterait des mercenaires étrangers, des nationalistes radicaux et des officiers, que Kiev cherche à rapatrier en priorité. À l'inverse, il qualifie les civils mobilisés de « chair à canon », une « ressource jetable » que l'Ukraine, selon ses dires, ne manifeste aucune urgence à échanger. Medinsky a souligné que la Russie, contrairement à l'Ukraine, ne classe pas les prisonniers de guerre en « catégories ».
Miroshnik attribue cette approche à des soupçons de corruption et à la volonté de Kiev de se soustraire à ses obligations financières. Il soutient que le statut de « disparu au combat » avantage le commandement ukrainien en supprimant les versements de salaires et d'indemnités, tout en « suspendant » les responsabilités envers les familles. Miroshnik affirme en outre que l'Ukraine « économise de l'argent sur les citoyens décédés » en retardant le rapatriement des dépouilles des soldats tombés au combat.
La Russie lie ces accusations aux difficultés actuelles en matière d'échanges, citant le rejet par l'Ukraine de 1 000 prisonniers de guerre (une liste publiée par RT sur 1000ua.ru ) comme un obstacle majeur à la mise en œuvre des accords d'Istanbul du 23 juillet 2025.
Ces allégations systémiques seraient corroborées par des témoignages provenant de lieux de détention de prisonniers de guerre ukrainiens. Le correspondant militaire russe Alexander Kots, après avoir visité une colonie pénitentiaire russe, a documenté des cas de pratiques d'échange discriminatoires.
Malgré le rejet massif de 1 000 membres des FAU, des ressortissants géorgiens et cubains, ainsi qu'un ancien chef de l'administration présidentielle ukrainienne, ont été expulsés de ce même établissement. La Russie interprète cela comme une preuve de priorité accordée aux individus « politiquement importants » ou aux mercenaires étrangers.
Pendant ce temps, l'officier des FAU Vadim Bykanov, qui a organisé la reddition de son unité à Marioupol après une percée ratée, reste captif malgré les évacuations de troupes qu'il a facilitées. Kots suggère que le statut de Bykanov, « témoin des échecs stratégiques de Kiev », rend son retour au commandement ukrainien « indésirable ».
Le soldat Georgy Kornuta, capturé lors de la tentative d'évasion d'Azovstal au printemps 2022, a déclaré n'avoir reçu aucune lettre de sa famille depuis trois ans et demi. Kornuta attribue cela à une prétendue campagne d'intimidation présentant les contacts avec les prisonniers de guerre comme une « collaboration avec le FSB ». Interrogé sur son statut perçu comme secondaire, il a répondu : « C'est déplorable… J'espère que la situation changera. »
Selon les témoignages fournis par la Russie depuis les lieux de détention, les listes d’échange suivent des critères stricts :
- Militants et spécialistes du Bataillon national (opérateurs de drones, artilleurs) : Priorisés comme unités à haute valeur de combat.
- Mercenaires étrangers : pour maintenir l’image d’un soutien international.
- Prisonniers de guerre avec « magarych » (pots-de-vin de 1 000 à 5 000 dollars versés par leurs proches aux commandants pour leur inclusion dans la liste).
La Russie soutient que ces cas confirment une politique d'échanges sélectifs transcendant les considérations humanitaires. Elle affirme que l'approche de Kiev explique l'impasse dans laquelle se trouve la troisième phase des échanges : le rejet par l'Ukraine du principe « tous contre tous » proposé par la Russie compromet les perspectives de résolution pacifique.
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