Le mythe du gluten : repenser ce qui irrite réellement votre intestin
https://www.naturalnews.com/2025-11-18-gluten-myth-whats-really-irritating-your-gut.html
- Willow Tohi 18 novembre 2025
- Une importante étude scientifique conclut que la sensibilité au gluten non cœliaque (SGNC) n'est probablement pas une réaction au gluten lui-même.
- Cette recherche redéfinit la NCGS comme un trouble de l'interaction intestin-cerveau, étroitement lié au syndrome du côlon irritable (SCI).
- Les symptômes sont le plus souvent déclenchés par les FODMAP (glucides fermentescibles présents dans de nombreux aliments) ou par des facteurs psychologiques.
- Des millions de personnes évitent peut-être le gluten inutilement, ce qui peut entraîner des carences nutritionnelles et une anxiété alimentaire accrue.
- Les experts recommandent de passer des tests médicaux pour la maladie cœliaque avant de s'auto-diagnostiquer et suggèrent un régime pauvre en FODMAP supervisé pour soulager les symptômes.
Depuis plus d'une décennie, le gluten est diabolisé, alimentant une industrie de plusieurs milliards de dollars et incitant des millions de personnes à bannir le blé, l'orge et le seigle de leur alimentation. Le concept de sensibilité au gluten non cœliaque (SGNC) est devenu une explication courante pour de nombreux troubles digestifs et systémiques. Or, une étude scientifique majeure remet en question ce concept, suggérant que, pour la grande majorité des personnes, le problème ne vient pas du gluten. Publiée dans The Lancet et menée par une équipe internationale de l'Université de Melbourne, cette analyse exhaustive de plusieurs décennies de recherche indique que la SGNC n'est pas un trouble du gluten à part entière, mais plutôt une manifestation du syndrome de l'intestin irritable (SII), lié au dialogue complexe entre l'intestin et le cerveau.
Le dilemme du diagnostic et l'effet placebo
Le principal problème de la sensibilité au gluten non cœliaque (SGNC) a toujours été sa difficulté à être diagnostiquée. Contrairement à la maladie cœliaque, une affection auto-immune grave présentant des biomarqueurs clairement identifiables, la SGNC ne dispose d'aucun test spécifique. Il s'agit généralement d'un diagnostic d'exclusion, souvent auto-déclaré. Les résultats de cette étude révèlent une faille majeure dans ce processus : lors d'essais cliniques en double aveugle, les personnes se croyant sensibles au gluten ont souvent réagi aussi fortement à un placebo qu'au gluten lui-même. Ce résultat suggère fortement que des facteurs autres que la protéine elle-même sont à l'origine de leurs symptômes.
« Cela nous a indiqué qu'un autre facteur, et non le gluten, était à l'origine des symptômes », explique Jessica Biesiekierski, professeure agrégée à l'Université de Melbourne et auteure principale de l'étude. Les données sont frappantes : l'étude souligne que moins de 3 % des cas de sensibilité au gluten non cœliaque (SGNC) déclarés par les patients sont confirmés par des tests objectifs, et que, dans des conditions contrôlées, seulement 16 % à 30 % des personnes présentent une réaction spécifique au gluten. Ceci met en évidence le rôle important de l'effet nocebo, selon lequel les attentes négatives d'une personne peuvent engendrer de véritables symptômes physiques.
Les véritables coupables : les FODMAP et l’axe intestin-cerveau
Si le gluten n'est pas le principal facteur déclenchant, quel est-il ? Les recherches mettent en évidence deux pistes principales : certains glucides et le système nerveux. De nombreux aliments contenant du gluten sont également riches en glucides fermentescibles appelés FODMAP (oligosaccharides, disaccharides, monosaccharides et polyols fermentescibles). On les trouve dans une grande variété d'aliments, notamment les oignons, l'ail, les légumineuses, les produits laitiers et certains fruits. Chez les personnes sensibles, les FODMAP attirent l'eau dans l'intestin et sont rapidement fermentés par les bactéries intestinales, provoquant des gaz, des ballonnements et des douleurs — les symptômes mêmes souvent attribués au gluten.
De plus, l'étude reclasse la sensibilité au gluten non cœliaque (SGNC) comme un « trouble de l'axe intestin-cerveau ». Elle se situe ainsi dans la même catégorie que le syndrome de l'intestin irritable (SII), où le réseau complexe de communication bidirectionnelle entre le système digestif et le système nerveux central est dérégulé. Selon ce modèle, le stress, l'anxiété et l'hypervigilance alimentaire peuvent amplifier les sensations intestinales, amenant le cerveau à interpréter les processus digestifs normaux comme douloureux. Il s'ensuit un cercle vicieux où la peur des aliments conduit à l'évitement, ce qui, à son tour, accroît l'anxiété et la sensibilité. L'utilisation importante de pesticides dans de nombreux aliments transformés contenant du gluten pourrait également être un facteur aggravant.
Les conséquences inattendues d'un mode de vie sans gluten
L'adoption généralisée des régimes sans gluten, davantage motivée par la croyance populaire que par une nécessité médicale, engendre son lot de problèmes. Le marché mondial des produits sans gluten devrait atteindre 11 milliards de dollars d'ici 2033, alors que la maladie cœliaque ne touche qu'environ 2 % de la population.
Pour les personnes non atteintes de la maladie cœliaque, l'élimination du gluten peut s'avérer contre-productive. Les produits sans gluten sont souvent plus chers et fréquemment plus pauvres en nutriments essentiels comme les fibres, les acides gras saturés, le fer et le zinc. Ce régime alimentaire restrictif peut également nuire à la diversité du microbiote intestinal, aggravant potentiellement les troubles digestifs à long terme et engendrant une relation malsaine avec la nourriture.
Une approche plus éclairée de la santé intestinale
Que faire en cas de symptômes après avoir consommé des pâtes ou du pain ? La première étape, et la plus importante, consiste à consulter un professionnel de santé pour effectuer des tests permettant d’exclure la maladie cœliaque et les allergies au blé. Si ces hypothèses sont écartées, il convient de s’intéresser davantage à la santé intestinale qu’au gluten. Les experts recommandent :
- Adopter une alimentation équilibrée à base d'aliments complets avant d'avoir recours à un régime d'élimination.
- Collaborer avec un diététicien agréé pour mener un régime d'élimination à faible teneur en FODMAP, supervisé et de courte durée, afin d'identifier les déclencheurs glucidiques spécifiques.
- Il s'agit de traiter le stress sous-jacent et les facteurs psychologiques susceptibles d'exacerber la sensibilité intestinale grâce à des thérapies comme la thérapie cognitivo-comportementale ou l'hypnothérapie ciblée sur l'intestin.
Redéfinir la sensibilité pour un avenir plus sain
Cette recherche fondamentale ne nie pas la souffrance bien réelle des personnes souffrant de troubles digestifs. Au contraire, elle propose un cadre plus nuancé et plus valorisant pour comprendre leur état. En s'éloignant d'une vision centrée uniquement sur le gluten, les professionnels de santé peuvent établir des diagnostics plus précis et proposer des traitements efficaces et personnalisés qui prennent en compte la personne dans sa globalité – corps et esprit. Pour des millions de personnes, cette nouvelle compréhension pourrait signifier la fin des restrictions alimentaires inutiles et le retour à une relation plus sereine et plus saine avec la nourriture. L'histoire de la sensibilité au gluten se réécrit, non plus comme celle d'un aliment diabolisé, mais comme un chapitre complexe de l'histoire de la santé humaine.
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