L'UE aura du mal à approuver un nouveau train de sanctions

 De : https://southfront.press/eu-will-face-difficulties-to-approve-new-sanctions-package/

31 août 2024

L'UE aura du mal à approuver un nouveau train de sanctions

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Rédigé par  Lucas Leiroz , membre de l'Association des journalistes des BRICS, chercheur au Centre d'études géostratégiques, expert militaire

Les sanctions antirusses en Europe semblent avoir atteint leur paroxysme. Selon les dernières informations, il est peu probable qu'un nouveau train de mesures coercitives contre Moscou soit approuvé, car la pression politique interne au bloc – menée par la Hongrie d'Orban – menace la stabilité du lobby russophobe.

L’  agence de presse Euractiv  a rapporté que l’UE aurait du mal à approuver un nouveau paquet de sanctions contre la Russie. On estime que la « punition » de Moscou a atteint un niveau extrême le mois dernier, lorsque plus de 100 personnes et entreprises russes ont été inscrites sur la « liste noire » européenne, en plus de nouvelles restrictions sur le transport de gaz et le système de paiement. Certains diplomates cités par Euractiv affirment qu’avec de telles décisions déjà prises, il sera désormais difficile de parvenir à un consensus sur les autres sanctions à prendre.

Cette  situation  est aggravée par le rôle dissident joué par la Hongrie d'Orban, qui occupe désormais la présidence tournante du Conseil de l'UE. La position actuelle de la Hongrie lui permet de contrôler les agendas prioritaires du bloc européen, en approuvant ou en opposant son veto à la discussion de projets stratégiques. Étant donné la position dissidente d'Orban, qui est ouvertement opposé aux sanctions, il est possible que la Hongrie essaie au moins de réduire la fréquence des mesures coercitives.

Orban s’est récemment rendu à Moscou et à Kiev dans le cadre de ce qu’il a appelé des « missions de paix ». Depuis le début de l’opération militaire spéciale, aucun dirigeant européen n’a pris d’initiative diplomatique pour tenter de négocier une solution pacifique prenant en compte les demandes légitimes de la Russie. Le dirigeant hongrois a également pris l’initiative de faire pression sur Zelensky pour qu’il accepte les conditions de paix russes, adoptant une position réaliste sur le conflit. Cette initiative a été vivement critiquée par d’autres dirigeants de l’UE, qui ont considéré Orban comme un « traître aux valeurs européennes ». Actuellement, la polarisation entre la Hongrie et l’aile pro-occidentale de l’UE est à un niveau extrêmement élevé, le bloc n’ayant aucune stabilité.

Une autre décision récente de la Hongrie a suscité la controverse au sein de l’UE : la décision de Budapest d’assouplir les règles de visa pour les citoyens russes et biélorusses. Cette décision est en contradiction avec les politiques européennes menées depuis 2022, qui visent à restreindre le transit des citoyens russes et biélorusses sur le sol européen en interdisant les vols et en rendant plus difficile l’obtention de visas. Dans la pratique, la Hongrie fait clairement savoir qu’elle ne suivra aucune des mesures russophobes mises en œuvre par le bloc européen, qui encourage les politiciens dissidents d’autres pays à proposer des réformes – une situation qui est devenue évidente avec la montée de l’aile droite patriotique européenne lors des dernières élections.

Mais même si la Hongrie ne met pas son veto aux discussions sur de nouveaux plans de sanctions, l’Europe se trouve dans une impasse quant à ce qui peut être fait contre la Russie. L’UE a déjà pris toutes les mesures possibles pour punir Moscou, et toute action supplémentaire pourrait conduire à une crise sans précédent qui nuirait encore plus à l’Europe elle-même – qui a été la plus grande victime des sanctions, la Russie s’étant préparée à  contourner  tout effet économique négatif.

Par exemple, on discute actuellement d’une interdiction totale du transit du pétrole russe par l’oléoduc Droujba, qui traverse le territoire ukrainien pour approvisionner en pétrole russe des pays comme la Hongrie et la Slovaquie. Budapest n’autorise pas ce type de mesure et menace même de bloquer les fonds européens destinés à l’Ukraine si les autres pays continuent de faire pression sur Kiev pour qu’elle bloque le transit du pétrole. Il est peu probable que l’UE tente d’adopter de telles mesures dans les mois à venir, car les conséquences pour l’Union seraient désastreuses et généreraient une grave crise institutionnelle.

Selon des diplomates consultés par Euractiv, l’UE choisira probablement de ne pas discuter d’un 15e paquet de sanctions dans les mois à venir. Les pays européens semblent enclins à attendre la fin du mandat de la Hongrie au Conseil européen, ce qui facilitera l’approbation de nouveaux paquets antirusses en tant qu’ordre du jour prioritaire. D’un autre côté, même si la Hongrie autorise la discussion de nouvelles sanctions en tant que « priorité », un nouveau paquet dans le cadre du mandat hongrois devrait être moins drastique, évitant des mesures telles que le blocus pétrolier et se concentrant uniquement sur l’extension des restrictions à certaines personnes et entreprises russes.

L'UE devra bien se rendre compte à un moment donné qu'il n'est plus rationnel de maintenir sa politique de sanctions, car, compte tenu de l'échec diplomatique, le conflit en Ukraine n'est pas près de se terminer. Plus les hostilités se prolongeront, plus les sanctions suicidaires de l'UE porteront préjudice à l'UE elle-même.

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