Entretien avec Alexandre Boisson ancien policier. de la BAC et du GSPR - Par NEXUS
De : https://www.nexus.fr/actualite/entretien/alexandre-boisson/
Entretien avec Alexandre Boisson, ancien garde du corps de Chirac et Sarkozy qui oeuvre pour la résilience
Ancien policier, il a notamment fait partie de la BAC de nuit de Paris, ainsi que de l’unité du GSPR, une unité d’élite, en tant que garde du corps des présidents Chirac et Sarkozy durant neuf ans. Pourtant « persuadé de défendre les valeurs de la République », Alexandre Boisson a fini par constater qu’il était en désaccord profond avec les politiques menées. Déçu par ce qu’il a vu de près, il a claqué la porte avant la fin du mandat de Nicolas Sarkozy. Il a accordé à Nexus un entretien d’une heure vingt, divisé en deux parties.
Dans une première partie, Alexandre Boisson livre son analyse sur les émeutes particulièrement graves qui se sont produites en France au mois de juin 2023. « On risque un effondrement », explique-t-il. Dans une seconde partie, il raconte son parcours qui l’a amené à s’intéresser aux risques d’effondrement de la société et, notamment, aux problématiques de résilience. Il est aujourd’hui le cofondateur de l’association SOS Maires.
◆ Des émeutes bien plus graves qu’en 2005
Pour Alexandre Boisson, les dernières émeutes sont « du jamais vu » : « On a sorti des services d’élite ! Et là, c’est un message très grave que de sortir la BRI, le RAID, le GIGN pour gérer des émeutes ! RAID, ça veut dire Recherche, Assistance, Intervention, Dissuasion. Le “D” est très important ! Le RAID, comme le GIGN, c’est en gros le dernier recours ! Vous envoyez le dernier recours pour gérer une crise sociale ? Vous imaginez le signal donné ? Ça va être quoi, la prochaine émeute ? Ils vont envoyer quoi ? L’armée ? C’est quoi le délire ? »
◆ Le déni face à un retour à la normale apparent
Pour Alexandre Boisson, « on est trop confortables pour anticiper les crises. On a trop de confort pour se dire qu’un moment, tout peut s’arrêter ! Cérébralement, nous sommes câblés pour nous dire : “On a eu une alerte mais voyez, ça s’est calmé !” Alors que ces alertes sont ultra-importantes ! »
Selon lui, pour beaucoup de gens, « “y’a eu une crise, après ça revient à la normale.” C’est faux ! C’est totalement faux ! Elles ont de plus en plus d’ampleur, ces crises ! Elles disent de plus en plus de choses ! »
◆ Des mairies qui doivent s’engager
Alexandre Boisson ne se dit ni optimiste, ni pessimiste, mais «
pragmatique » et « empêcheur de tourner en rond ». Aujourd’hui, il est
cofondateur de l’association SOS Maires
qu’il a co-fondée pour développer l’autonomie et la résilience des
communes afin qu’elles sachent prévenir les situations de crises ou
réagir face à elles. « Des crises de l’approvisionnement
alimentaire, vous ou moi, notre génération, on ne connaît pas ça, parce
qu’on a toujours eu de l’énergie abondante. » Mais il pourrait en
être autrement à l’avenir puisque « la résilience alimentaire ne rentre
pas dans les plans de la mondialisation ». « La mondialisation fait
fortune sur les flux tendus, alors que la prudence, ce sont les stocks. »
Il rappelle que le maire, le premier à être sollicité en cas de problème majeur, comme ça a été le cas à Portes-lès-Valence en 2019, a l’obligation de prévoir « un plan communal de sauvegarde ». Il doit « communiquer à la population, par tout moyen approprié, les caractéristiques du ou des risques majeurs, les mesures de prévention, les modalités d’alerte et d’organisation des secours et, le cas échéant, celles de sauvegarde ». Très souvent, cela n’est pas fait.
◆ Une sécurité alimentaire et énergétique à co-construire
Tout en serrant la sonnette d’alarme, Alexandre Boisson reste constructif. « On peut arriver très vite à un chaos. Il faut savoir qu’un chaos, ça peut être contrôlé ou incontrôlable. Au regard des problèmes géopolitiques que nous rencontrons, on va plus vers un chaos incontrôlé, à moins que les gens ne comprennent, l’intérêt de faire société ensemble. » La cohésion sociale, co-construire une nouvelle société, sans attendre que les solutions ne viennent que des institutions, voilà une solution majeure. « Je pense qu’il est temps rétablir le dialogue le plus possible avec les gens des quartiers (…) Les quartiers, c’est pas seulement la délinquance, la violence, les trafics. Il y a d’autres choses, et des choses qui sont belles. »
Alexandre Boisson cite l’exemple de la ville de Montfermeil « qui a mis 15 ans à apaiser les tensions » et qui développe depuis des années en partenariat avec la population et les associations « des projets de renaturation de son tissu urbain et de développement de l’agriculture urbaine ».
Aujourd’hui, Alexandre Boisson propose des conférences spectacle, des ateliers interactifs ainsi que des formations pour élus en lien avec la résilience alimentaire et énergétique aux côtés de Marjolaine Gaudard, facilitatrice. Il a écrit un livre Face à l’effondrement, si j’étais maire ? à destination des maires et élus locaux.
👉Pour voir la première partie de notre entretien avec Alexandre Boisson :
👉Seconde partie accessible ici :
Alexandre Boisson a répondu aux questions d’Armel Joubert des Ouches, journaliste, responsable du pôle vidéo du magazine Nexus.
👉Voir notre précédent entretien avec Alexandre Boisson (octobre 2021) :
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