La Russie se prépare à répondre à l’Armageddon que souhaite l’administration Biden, par Thierry Meyssan
De : https://www.voltairenet.org/article221539.html
La Russie a déployé des milliers de soldats nord-coréens pour défendre sa région de Koursk, attaquée en août par les nationalistes intégraux ukrainiens.
Washington considère ce fait comme un développement de la guerre qu’il conduit depuis 1950, malgré un cessez-le-feu, contre les communistes coréens et chinois, plus encore que comme un développement de celle qu’il conduit par Ukrainiens interposés contre la Russie depuis 2022. Il a donc répondu, le 19 novembre, en guidant contre la Russie six missiles ATACMS (Army TACtical Missile System) qu’il avait donné à Kiev [1]. Ils étaient dirigés non seulement contre l’oblast de Koursk, mais aussi contre celui de Briansk où ils ne sont pas parvenus à toucher un dépôt de munitions. Londres a, de son côté, décidé le 21 novembre de guider identiquement les missiles Storm Shadow qu’il a donné à Kiev. La totalité des missiles alliés a été détruite en vol par la défense anti-aérienne russe.
Au contraire, Moscou considère l’attaque de Koursk comme la continuation de la guerre secrète de la CIA en Ukraine et comme celle organisée dans les années 50 contre l’URSS, toutes deux avec l’appui des nationalistes intégraux ukrainiens de Stepan Bandera.
Les Occidentaux ne comprennent pas ces évènements car ils ont
oublié le soutien de Beijing à Pyongyang,
pensent —à tort— que Koursk et Briansk sont en Ukraine
et ignorent la guerre secrète
durant laquelle les Anglo-Saxons s’allièrent aux derniers nazis (ce qui a
comme conséquence qu’ils n’ont pas compris non plus l’objectif de
l’opération militaire spéciale russe en Ukraine).
Les missiles ATACMS peuvent être tirés depuis des lanceurs mobiles HIMARS. Les derniers modèles ont une portée de 300 kilomètres et volent à une altitude de 50 000 mètres. Les dernières versions des missiles Storm Shadow, quant à eux, ont une portée d’environ 400
kilomètres. Aucun ne peut donc atteindre la Russie en profondeur.La Russie dispose d’une large gamme de réponses aux attaques alliées
Elle peut, en représailles,
soutenir des adversaires des Anglo-Saxons sur un autre théâtre de
combat. C’est ce qu’elle avait fait, lors du bombardement d’un de ses
gazoducs par Kiev, auquel elle avait répondu en guidant un missile
yéménite, le 15 septembre, qui détruisit un oléoduc israélien [2] ; un évènement capital qui a été couvert par la censure militaire israélienne et ignoré par la presse occidentale.
Elle a modifié, le 19 novembre, sa doctrine nucléaire, laissant ouverte l’option d’une réplique nucléaire.
Enfin, elle peut faire usage de sa dominance militaire. L’Ukraine a annoncé que, le 20 novembre, Moscou avait tiré un missile balistique à longue portée (c’est-à-dire pouvant atteindre les États-Unis depuis la Russie), RS-26 Rubezh. Nous savons aujourd’hui qu’il s’agissait d’autre chose.
Sans que nous en ayons conscience, les champs de bataille d’Ukraine et du Moyen-Orient se sont déjà réunis, tandis que les néo-conservateurs états-uniens (les straussiens), les « sionistes révisionnistes » israéliens [3] et les « nationalistes intégraux » ukrainiens [4] se sont à nouveau alliés, comme lors de la Seconde Guerre mondiale. Ces trois groupes, historiquement liés à l’Axe tripatite, sont partisans d’une confrontation finale. Il ne manque à l’appel que les militaristes japonais du nouveau Premier ministre, Shigeru Ishiba.
Immédiatement après le tir de missiles états-uniens ATACMS et avant même celui des Storm Shadow britanniques, le président russe, Vladimir Poutine, a signé un décret promulguant la nouvelle doctrine nucléaire de son pays qu’il avait annoncé le 24 septembre dernier [5]. Elle autorise l’usage des armes atomiques dans cinq nouveaux cas :
1) si des informations fiables sont reçues sur le lancement de missiles
balistiques ciblant le territoire de la Russie ou ses alliés.
2) si des armes nucléaires ou d’autres armes de destruction massive frappent le territoire de la
Russie ou de ses alliés, ou sont utilisées pour frapper des unités ou des installations militaires russes à l’étranger.
3) si l’impact d’un ennemi sur le gouvernement ou sur les installations
militaires russes sont d’une importance critique susceptible de saper la
capacité de frappe nucléaire en représailles.
4) si l’agression contre la Russie ou la Biélorussie avec des armes
classiques fait peser une grave menace sur leur souveraineté et leur
intégrité territoriale.
5) si des informations fiables sont reçues sur le décollage ou le
lancement d’avions stratégiques et tactiques, de missiles de croisière,
de drones, de véhicules hypersoniques ou d’autres véhicules volants et
de leur franchissement de la frontière russe.
Le 21 novembre, c’est-à-dire après les tirs britanniques, le président russe, Vladimir Poutine, a délivré une allocution télévisée [6] au cours de laquelle, il a révélé que les armées russes avaient détruit un centre militaro-industriel ukrainien, mais n’avaient pas utilisé de missile balistique classique RS-26 Rubezh comme l’avaient annoncé les Ukrainiens. Elles avaient par contre testé une nouvelle génération d’armes hypersoniques, en l’occurrence un missile balistique Oreshnik à portée nucléaire mais chargé conventionnellement*. Celui-ci a été lancé depuis Astrakhan (mer Caspienne) sur une usine de satellites à Dnipro. Sa vitesse, supérieure à mach 10, ne permet actuellement à aucune armée au monde de l’intercepter. Il cumule les capacités des anciens missiles Iskander et des nouveaux missiles Kinjal avec encore plus de vitesse et de maniabilité.
Le président Poutine a rappelé que la Russie, sans en avoir l’obligation, continue à respecter le traité FNI dont les États-Unis se sont retirés en 2019 [7]. Le Pentagone très en retard d’un point de vue technique, a redéployé déployé des missiles à portée intermédiaire en Europe et en Asie-Pacifique, comme à l’époque de la crise des euromissiles, tandis que la Russie en produit, mais ne les déploie pas. Vladimir Poutine a alors mis en garde les Occidentaux en suggérant aux civils de quitter les zones dangereuses que la Russie pourrait frapper avec des missiles Oreshnik chargés nucléairement.
Il se peut que ce discours ne soit pas suivi d’attaques et que son seul objectif soit de montrer la supériorité militaire russe sur l’Occident, déjà reconnue en juillet par la Commission nationale états-unienne sur la Stratégie de Défense, établie par le Congrès lors de l’adoption de la loi de programmation militaire de 2022 [8]. Son seul effet sera alors de booster les ventes d’armes russes.
Quoi qu’il en soit, jamais le monde n’a été aussi proche d’une guerre nucléaire car jamais il n’y a eu plusieurs puissances nucléaires, dont une en net avance technique sur toutes les autres.
Le 22 novembre, le président Poutine a réuni les développeurs des systèmes de missiles et les responsables industriels de l’armement [9]. Il les a félicité pour le succès d’Oreshnik et leur a demandé de le produire en série.
La Russie a déployé des milliers de soldats nord-coréens pour défendre sa région de Koursk, attaquée en août par les nationalistes intégraux ukrainiens.
Washington considère ce fait comme un développement de la guerre qu’il conduit depuis 1950, malgré un cessez-le-feu, contre les communistes coréens et chinois, plus encore que comme un développement de celle qu’il conduit par Ukrainiens interposés contre la Russie depuis 2022. Il a donc répondu, le 19 novembre, en guidant contre la Russie six missiles ATACMS (Army TACtical Missile System) qu’il avait donné à Kiev [1]. Ils étaient dirigés non seulement contre l’oblast de Koursk, mais aussi contre celui de Briansk où ils ne sont pas parvenus à toucher un dépôt de munitions. Londres a, de son côté, décidé le 21 novembre de guider identiquement les missiles Storm Shadow qu’il a donné à Kiev. La totalité des missiles alliés a été détruite en vol par la défense anti-aérienne russe.
Au contraire, Moscou considère l’attaque de Koursk comme la continuation de la guerre secrète de la CIA en Ukraine et comme celle organisée dans les années 50 contre l’URSS, toutes deux avec l’appui des nationalistes intégraux ukrainiens de Stepan Bandera.
Les Occidentaux ne comprennent pas ces évènements car ils ont
oublié le soutien de Beijing à Pyongyang,
pensent —à tort— que Koursk et Briansk sont en Ukraine
et ignorent la guerre secrète
durant laquelle les Anglo-Saxons s’allièrent aux derniers nazis (ce qui a
comme conséquence qu’ils n’ont pas compris non plus l’objectif de
l’opération militaire spéciale russe en Ukraine).
Les missiles ATACMS peuvent être tirés depuis des lanceurs mobiles HIMARS. Les derniers
modèles ont une portée de 300 kilomètres et volent à une altitude de 50
000 mètres. Les dernières versions des missiles Storm Shadow, quant à
eux, ont une portée d’environ 400
kilomètres. Aucun ne peut donc atteindre la Russie en profondeur.
La Russie dispose d’une large gamme de réponses aux attaques alliées
Elle peut, en représailles,
soutenir des adversaires des Anglo-Saxons sur un autre théâtre de
combat. C’est ce qu’elle avait fait, lors du bombardement d’un de ses
gazoducs par Kiev, auquel elle avait répondu en guidant un missile
yéménite, le 15 septembre, qui détruisit un oléoduc israélien [2] ; un évènement capital qui a été couvert par la censure militaire israélienne et ignoré par la presse occidentale.
Elle a modifié, le 19 novembre, sa doctrine nucléaire, laissant ouverte l’option d’une réplique nucléaire.
Enfin, elle peut faire usage de
sa dominance militaire. L’Ukraine a annoncé que, le 20 novembre, Moscou
avait tiré un missile balistique à longue portée (c’est-à-dire pouvant
atteindre les États-Unis depuis la Russie), RS-26 Rubezh. Nous savons
aujourd’hui qu’il s’agissait d’autre chose.
Sans que nous en ayons conscience, les champs de bataille d’Ukraine et du Moyen-Orient se sont déjà réunis, tandis que les néo-conservateurs états-uniens (les straussiens), les « sionistes révisionnistes » israéliens [3] et les « nationalistes intégraux » ukrainiens [4] se sont à nouveau alliés, comme lors de la Seconde Guerre mondiale. Ces trois groupes, historiquement liés à l’Axe tripatite, sont partisans d’une confrontation finale. Il ne maque à l’appel que les militaristes japonais du nouveau Premier ministre, Shigeru Ishiba.
Immédiatement après le tir de missiles états-uniens ATACMS et avant
même celui des Storm Shadow britanniques, le président russe, Vladimir
Poutine, a signé un décret promulguant la nouvelle doctrine nucléaire de
son pays qu’il avait annoncé le 24 septembre dernier [5]. Elle autorise l’usage des armes atomiques dans cinq nouveaux cas :
1) si des informations fiables sont reçues sur le lancement de missiles
balistiques ciblant le territoire de la Russie ou ses alliés.
2) si des armes nucléaires ou d’autres armes de destruction massive frappent le territoire de la
Russie ou de ses alliés, ou sont utilisées pour frapper des unités ou des installations militaires russes à l’étranger.
3) si l’impact d’un ennemi sur le gouvernement ou sur les installations
militaires russes sont d’une importance critique susceptible de saper la
capacité de frappe nucléaire en représailles.
4) si l’agression contre la Russie ou la Biélorussie avec des armes
classiques fait peser une grave menace sur leur souveraineté et leur
intégrité territoriale.
5) si des informations fiables sont reçues sur le décollage ou le
lancement d’avions stratégiques et tactiques, de missiles de croisière,
de drones, de véhicules hypersoniques ou d’autres véhicules volants et
de leur franchissement de la frontière russe.
Le 21 novembre, c’est-à-dire après les tirs britanniques, le président russe, Vladimir Poutine, a délivré une allocution télévisée [6] au cours de laquelle, il a révélé que les armées russes avaient détruit un centre militaro-industriel ukrainien, mais n’avaient pas utilisé de missile balistique classique RS-26 Rubezh comme l’avaient annoncé les Ukrainiens. Elles avaient par contre testé une nouvelle génération d’armes hypersoniques, en l’occurrence un missile balistique Oreshnik à portée nucléaire mais chargé conventionnellement. Celui-ci a été lancé depuis Astrakhan (mer Caspienne) sur une usine de satellites à Dnipro. Sa vitesse, supérieure à mach 10, ne permet actuellement à aucune armée au monde de l’intercepter. Il cumule les capacités des anciens missiles Iskander et des nouveaux missiles Kinjal avec encore plus de vitesse et de maniabilité.
Le président Poutine a rappelé que la Russie, sans en avoir l’obligation, continue à respecter le traité FNI dont les États-Unis se sont retirés en 2019 [7]. Le Pentagone très en retard d’un point de vue technique, a redéployé déployé des missiles à portée intermédiaire en Europe et en Asie-Pacifique, comme à l’époque de la crise des euromissiles, tandis que la Russie en produit, mais ne les déploie pas. Vladimir Poutine a alors mis en garde les Occidentaux en suggérant aux civils de quitter les zones dangereuses que la Russie pourrait frapper avec des missiles Oreshnik chargés nucléairement.
Il se peut que ce discours ne soit pas suivi d’attaques et que son seul objectif soit de montrer la supériorité militaire russe sur l’Occident, déjà reconnue en juillet par la Commission nationale états-unienne sur la Stratégie de Défense, établie par le Congrès lors de l’adoption de la loi de programmation militaire de 2022 [8]. Son seul effet sera alors de booster les ventes d’armes russes.
Quoi qu’il en soit, jamais le monde n’a été aussi proche d’une guerre nucléaire car jamais il n’y a eu plusieurs puissances nucléaires, dont une en net avance technique sur toutes les autres.
Le 22 novembre, le président Poutine a réuni les développeurs des systèmes de missiles et les responsables industriels de l’armement [9]. Il les a félicité pour le succès d’Oreshnik et leur a demandé de le produire en série.
[1] Biden Allows Ukraine to Strike Russia With Long-Range U.S. Missiles, Adam Entous & Eric Schmitt & Julian E. Barnes, The New York Times, November 17, 2024. « Ukraine Fired U.S.-Made Missiles Into Russia for First Time, Officials Say », Marc Santora & Eric Schmitt, The New York Times, November 19, 2024. « Biden approves Ukraine’s use of long-range U.S. weapons inside Russia, reversing policy », Ellen Nakashima & Michael Birnbaum & John Hudson & Alex Horton, Washington Post, November 17, 2024. « Ukraine fires U.S.-made ATACMS missiles into Russia for first time », Siobhán O’Grady & David L. Stern & Serhiy Morgunov & Missy Ryan, Washington Post, November 19, 2024.
[2] « La Russie arme Ansar Allah contre Israël en riposte à l’armement de l’Ukraine par les États-Unis », Réseau Voltaire, 20 septembre 2024.
[3] « Le voile se déchire : les vérités cachées de Jabotinsky et Netanyahou », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 23 janvier 2024.
[4] « Qui sont les nationalistes intégraux ukrainiens ? », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 15 novembre 2022.
[5] « Executive Order Approving the Basic Principles of State Policy of the Russian Federation on Nuclear Deterrence », Kremlin, November 19, 2024. « Российская ядерная доктрина », 19 ноября 2024 г. « Putin Lowers Russia’s Threshold for Using Nuclear Arms », Anton Troianovski, The New York Times, November 19, 2024.
[6] « Statement by the President of the Russian Federation », Kremlin, November 21, 2024.
[7] « Le fossoiement US du Traité FNI avec les complicités européennes », « Le Traité FNI enterré, les nouveaux euromissiles arrivent », « Le retour des euromissiles se prépare », par Manlio Dinucci , Traduction M.-A., Il Manifesto (Italie) , Réseau Voltaire, 2 février, 3 août et 26 octobre 2018. « Réfutation de la propagande russe en ce qui concerne le traité FNI et chronologie », États-Unis (Department of State) , Réseau Voltaire, 30 juillet 2019. “Sergey Ryabkov on the INF treaty”, by Sergey Ryabkov, and « Contre-argumentation aux 5 mythes russes déconstruits par l’Otan », Ministère russe des Affaires étrangères, Réseau Voltaire, 26 and 30 novembre 2021.
[8] « Report of the Commission on the National Defense Strategy », Rand Corporation, July 2024. « Not Prepared for Major War : Commission Slams US Defense Strategy », Chris Gordon, Air and Space Forces Magazine, July 29, 2024. « We face unprecedented peril. The Pentagon and Congress must change their ways », Robert Gates, Washington Post, September 24, 2024.
[9] « Meeting with the Defence Ministry leadership, representatives of the military-industrial complex and missile system developers », Kremlin, November 22, 2024.
********************
*
https://lezarceleurs.blogspot.com/2024/11/le-missile-hypersonique-russe-oreshnik.html
Commentaires
Enregistrer un commentaire