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POLITICO : L'effondrement du gouvernement français de Michel Barnier pourrait plonger la zone euro dans la tourmente

 De : https://en.interaffairs.ru/article/politico-the-collapse-of-prime-minister-michel-barniers-french-government-could-plunge-the-eurozon/

30.11.2024 •

Marine Le Pen a réitéré sa menace de renverser le gouvernement français si le Premier ministre Michel Barnier résiste à certaines des exigences de son parti d'extrême droite sur le budget de l'année prochaine, qu'elle a qualifié de « mauvais, injuste et violent », écrit POLITICO.

Les commentaires de Marine Le Pen interviennent alors que les marchés financiers craignent que le conflit budgétaire français ne précipite une crise à l'échelle de la zone euro, le rendement des obligations d'État françaises à 10 ans se situant à un centième de point seulement de celui de leurs homologues grecques. En outre, la prime exigée par les investisseurs par rapport aux obligations allemandes comparables est désormais plus élevée qu'à n'importe quel moment depuis le creux de la crise de la dette de la zone euro en 2012, à 0,87 point de pourcentage.

Quelques heures plus tôt, le parti de Le Pen, le Rassemblement national, avait tenu une conférence de presse pour réfuter les accusations selon lesquelles un effondrement du gouvernement conduirait à une crise financière de type grec ou à un shutdown de type américain.

Jean-Philippe Tanguy, membre du Rassemblement national (RND), a accusé Barnier de "crier au loup" après avoir mis en garde mardi soir à la télévision nationale contre de "graves turbulences sur les marchés financiers" qui pourraient suivre un effondrement du gouvernement.

« Incapable d'assurer une réforme fiscale fondée sur la justice et des contributions équitables pour tous, M. Barnier est contraint de brandir la panique [et] la peur du chaos », rétorque Tanguy.

Tanguy a déclaré que même si le gouvernement devait s'effondrer, il serait toujours en mesure d'introduire des mesures provisoires pour assurer le fonctionnement de l'administration. 

«Nous nous engageons à voter en faveur de cette loi», a promis Tanguy.

Barnier et le Rassemblement national sont en désaccord sur le budget 2025 du chef de l'Etat, qui prévoit 60 milliards d'euros d'économies destinées à réduire le déficit français. Le déficit devrait atteindre 6,1 % du produit intérieur brut en 2024, soit plus du double de la limite de dépenses excessives fixée par l'Union européenne.

Depuis sa nomination début septembre, Michel Barnier a clairement fait de la réduction du déficit sa priorité absolue, une promesse qui a rassuré ceux qui, à Bruxelles, s'inquiètent des dépenses excessives de la France depuis la pandémie. La Commission européenne a approuvé mardi le plan de Michel Barnier pour remettre de l'ordre dans les finances françaises.

Les parlementaires débattent du budget de Barnier depuis des semaines, mais à l’approche de la fin de l’année, il est de plus en plus évident que le Premier ministre devra recourir à une porte dérobée constitutionnelle pour le faire adopter. Cette manœuvre lui permet de promulguer des lois sans vote, mais permet en retour aux parlementaires de présenter des motions de censure. Une alliance de parlementaires de gauche a déjà annoncé qu’elle en présenterait une.

Le Rassemblement national a jusqu'à récemment apporté un soutien tacite au gouvernement minoritaire de Barnier, soutenu par des conservateurs et des centristes dans un mariage de raison compliqué. Marine Le Pen a menacé de se joindre à la gauche pour l'évincer en raison de plusieurs demandes liées au budget - notamment l'abandon d'une hausse de la taxe sur l'électricité et une proposition de report de l'ajustement des retraites en fonction de l'inflation.

La France se dirige vers une tempête parfaite de crise politique et financière alors que 2024 touche à sa fin, écrit POLITICO .

Le Rassemblement national (RND) de Marine Le Pen menace de mettre fin à la fragile coalition gouvernementale dirigée par le Premier ministre Michel Barnier en raison des projets du grand conservateur visant à maîtriser l'énorme déficit français.

Dans un geste spectaculaire, Le Pen a donné à Barnier jusqu'au lundi 2 décembre pour répondre à ses demandes et amender les projets budgétaires de son gouvernement.

Si le gouvernement venait à tomber, ce qui pourrait se produire dès la semaine prochaine, cela pourrait avoir des conséquences catastrophiques pour les finances françaises et la stabilité de la zone euro.

Revenons en juin, lorsque le président français Emmanuel Macron a convoqué des élections anticipées après que le Rassemblement national d'extrême droite a infligé à son parti une défaite majeure aux élections européennes. Le vote français a vu le Nouveau Front populaire, une coalition de partis de gauche qui s'est réunie pour bloquer le Rassemblement national, remporter le plus grand nombre de sièges au parlement français, mais n'a pas obtenu la majorité absolue. Les centristes de Macron ont perdu leur majorité et ont terminé deuxièmes, tandis que le Rassemblement national est arrivé troisième.

Le résultat fut un parlement sans majorité absolue.

Le Nouveau Front populaire estimait que, du fait de sa victoire aux élections, il avait le droit de former un gouvernement. Macron n’était pas d’accord, affirmant que sans majorité absolue, un gouvernement de gauche pourrait facilement être renversé par ses adversaires politiques.

Après des semaines de spéculations et de discussions, Macron a nommé début septembre Michel Barnier, l'ancien négociateur du Brexit pour l'Union européenne, au poste de Premier ministre. Barnier a ensuite formé un gouvernement avec le soutien des centristes de Macron et d'un petit groupe de conservateurs, qui détiennent ensemble plus de sièges que le Nouveau Front populaire mais n'ont toujours pas la majorité absolue.

En choisissant un Premier ministre conservateur qui a poussé le gouvernement plus à droite, Macron a lié l'avenir de Barnier aux désirs de Le Pen et du Rassemblement national. Le président et le Premier ministre ont misé sur le fait que le Rassemblement national, qui a passé des années à essayer de se vendre comme une force politique respectable et traditionnelle, ne renverserait pas immédiatement un gouvernement de droite qui était ouvert à certaines de leurs idées sur l'immigration et la sécurité.

Le Rassemblement national a donc apporté un soutien tacite à Barnier, tout en se réservant le droit de le débrancher s'il venait à violer ses lignes rouges en matière de pouvoir d'achat, de sécurité et d'immigration.

Pourquoi maintenant ?

Barnier a clairement indiqué dès le premier jour que sa priorité était de réduire le déficit budgétaire français, c'est-à-dire la différence entre le montant qu'un pays dépense et le montant qu'il reçoit.

La France a dépensé massivement pour maintenir l'économie à flot pendant et après la pandémie, ce qui a fait grimper le déficit à 5,5 % du produit intérieur brut en 2023, incitant la Commission européenne à placer la France sous ce qu'elle appelle une « procédure de déficit excessif » - un examen plus approfondi qui peut aboutir à des sanctions si les objectifs ne sont pas atteints.

Les deux textes doivent être adoptés d'ici la fin de l'année, et à mesure que l'échéance approche, la question est revenue au premier plan. Après avoir rencontré Barnier lundi, Marine Le Pen a déclaré qu'elle et ses troupes envisageaient de renverser le gouvernement "en l'état actuel des choses".

Barnier devra probablement recourir à une porte dérobée pour faire passer son budget, l'article 49.3 de la Constitution française. Cette mesure permet au gouvernement de promulguer des lois sans vote à l'Assemblée nationale. Toutefois, les parlementaires sont autorisés à réagir en présentant une motion de censure.

Les membres du Nouveau Front populaire, toujours furieux de la décision de Macron de renoncer à gouverner, ont déjà juré de le faire.

Que se passe-t-il si le gouvernement tombe ?

Ce n'est pas tout à fait clair. Dans l'immédiat, le budget ne sera pas approuvé.

Il ne faut cependant pas s'attendre à un shutdown à l'américaine qui paralyserait l'administration du pays, car la Constitution française prévoit au moins deux solutions provisoires. La première permet au gouvernement de proposer une « loi spéciale » permettant à l'État de reporter de fait le budget de l'année précédente pendant quelques mois.

La deuxième option est plus compliquée, mais elle consisterait à prolonger le débat parlementaire jusqu'au 21 décembre et à permettre ensuite au gouvernement d'adopter le budget par voie d'ordonnance. Barnier s'exposerait toujours à un vote de défiance, qu'il perdrait probablement, mais le budget serait adopté.

Il faut également tenir compte de l'incertitude politique. Le gouvernement de Barnier continuerait d'assurer les fonctions de direction intérimaire, mais Macron devrait à un moment donné nommer un nouveau Premier ministre pour tenter de faire passer le projet de loi à l'Assemblée nationale, divisée.

Pourquoi Bruxelles a-t-elle si peur ?

D’autres inquiétudes plus importantes concernent la stabilité de la zone euro.

Rappelons que des problèmes similaires ont eu lieu en Grèce et au Portugal au cours de la dernière décennie et ont suscité des craintes dans toute l'Europe. Imaginez ce qui pourrait arriver si la deuxième économie européenne se retrouvait dans la même situation.


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