« Maman, pardonne-moi, j'ai essayé de sauver des vies » : les derniers mots d'un médecin palestinien
Avant que les forces israéliennes n'exécutent 15 travailleurs humanitaires à Gaza
Rifaat Radwan, un ambulancier palestinien, s'est filmé avant d'être tué par les forces d'occupation israéliennes aux côtés de 14 autres travailleurs humanitaires et du personnel de l'ONU.
Il a documenté ses derniers instants dans une vidéo de 6 minutes avant que lui et 14 collègues ne soient exécutés.
Le 23 mars 2025, les forces israéliennes ont délibérément attaqué plusieurs véhicules humanitaires à Tel al-Sultan, un quartier du sud de la ville de Gaza, causant la mort de 15 secouristes, dont huit du Croissant-Rouge palestinien (CRSP), six de la Défense civile palestinienne et un employé des Nations Unies. Rifaat Radwan figurait parmi les travailleurs humanitaires tués.
Les images, récupérées sur son téléphone après que son corps a été retrouvé dans une fosse commune à Gaza, montrent les moments où les équipes de secours se sont précipitées dans une zone récemment ciblée pour tenter de récupérer les corps des victimes. Les forces israéliennes ont ouvert le feu sur les secouristes quelques instants après leur arrivée sur les lieux. Les ambulanciers ont été tués à côté des corps qu'ils étaient censés récupérer, soulignant les risques mortels auxquels sont confrontés les travailleurs humanitaires dans ce conflit.
La vidéo montre clairement le véhicule d'aide, clairement signalé et éclairé, ce qui contredit l'affirmation d'Israël selon laquelle il visait des « véhicules suspects » dépourvus de signalisation adéquate. Ces véhicules avaient coordonné leurs mouvements avec l'armée israélienne. Aucun avertissement préalable n'avait été donné, et l'attaque était délibérée, constituant un crime de guerre à part entière commis par Israël dans le cadre de son génocide contre les Palestiniens de la bande de Gaza. Même l'enterrement des corps a été effectué par des soldats israéliens pour dissimuler ce ciblage délibéré.
Cette vidéo réfute catégoriquement les affirmations de l'occupation selon lesquelles les forces israéliennes n'auraient pas ciblé les ambulances au hasard et que certains véhicules se seraient approchés « de manière suspecte, sans gyrophares ni marquage d'urgence ». Ces images révèlent la vérité et déconstruisent ce faux récit.
Les preuves médico-légales suggérant qu’ils ont été tués par balles – principalement à l’aide de fusils M16 – soulèvent de sérieuses inquiétudes quant à d’éventuelles violations du droit international humanitaire (DIH), qui protège strictement le personnel médical, les travailleurs humanitaires et leurs véhicules dans les zones de conflit.
Pendant cinq jours, l'ONU et le Croissant-Rouge palestinien se sont vu refuser l'accès aux secours pour rechercher les secouristes disparus. Après avoir été autorisés à entrer, les Nations Unies et le Croissant-Rouge palestinien ont découvert à Rafah une fosse commune contenant les corps de 14 des 15 travailleurs humanitaires disparus, retrouvés à côté de leurs ambulances et d'un véhicule de l'ONU. Un autre travailleur humanitaire est toujours porté disparu. Cet incident met en lumière des allégations d'attaques délibérées contre des secouristes, des éléments suggérant que les forces israéliennes ont enterré les corps dans une tentative apparente de dissimuler les circonstances. Le vice-président du Croissant-Rouge palestinien, Marwan Jilani, a déclaré que le téléphone contenant la vidéo avait été retrouvé dans la poche de l'un de ses employés tués. L'ambassadeur de Palestine auprès des Nations Unies a distribué la vidéo au Conseil de sécurité de l'ONU.
Sur la vidéo, on entend Rifaat Radwan réciter sans cesse la « shahada », la profession de foi musulmane que l'on récite face à la mort. « Il n'y a de Dieu qu'Allah, Mahomet est son messager », répète-t-on à plusieurs reprises, la voix tremblante de peur, tandis que des tirs nourris se font entendre en arrière-plan. Il implore le pardon d'Allah et dit savoir qu'il va mourir. L'enregistrement de Radwan inclut sa déclaration : « Pardonne-moi, maman, je n'ai pris ce chemin que pour aider les gens », soulignant ainsi la mission humanitaire de l'équipage.
Munther Abed, ambulancier bénévole du Croissant-Rouge palestinien (CRSP), a été arrêté par des soldats israéliens près de Rafah peu avant que ceux-ci n'ouvrent le feu sur d'autres véhicules d'urgence. Il a raconté que les soldats israéliens avaient tiré sur des véhicules d'urgence clairement identifiés. Abed a été libéré par la suite et a confirmé que le sort d'un ambulancier disparu restait inconnu. Le CRSP a déclaré que les travailleurs avaient été tués alors qu'ils répondaient à un appel de détresse, marquant ainsi un nouvel incident meurtrier dans la série d'attaques contre le personnel médical de Gaza.
La mort des ambulanciers a suscité une large condamnation internationale. Jonathan Whittall , directeur d'OCHA dans les territoires palestiniens, a déclaré que les corps des travailleurs humanitaires étaient « en uniforme, portant encore des gants » lorsqu'ils ont été découverts dans une fosse commune. Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Volker Turk , a déclaré que l'attaque soulevait des inquiétudes quant à d'éventuels « crimes de guerre », appelant à une enquête indépendante, rapide et approfondie sur ces meurtres apparemment systématiques.
Israël « doit rendre des comptes pour ses crimes, sans précédent dans l'histoire moderne », a déclaré samedi aux médias un porte-parole de la défense civile de Gaza. Le Croissant-Rouge palestinien (CRSP) a appelé à des réponses urgentes concernant le sort d'un ambulancier porté disparu, ainsi qu'à une enquête indépendante approfondie sur le meurtre de 15 travailleurs humanitaires à Gaza le 23 mars. Selon l'UNRWA, 408 travailleurs humanitaires, dont plus de 280 membres du personnel, ont été tués à Gaza depuis le début de la guerre le 7 octobre 2023.
Le mouvement de résistance palestinien Hamas a déclaré samedi que
« Des preuves visuelles irréfutables détruisent les mensonges inventés par l'occupation concernant un « mouvement suspect », prouvant le ciblage délibéré et systématique du personnel humanitaire et des équipes de défense civile par l'armée d'occupation sioniste alors qu'ils accomplissaient leur devoir humanitaire de sauvetage des blessés, ce qui constitue un meurtre prémédité au regard du droit international. » « Nous exigeons que justice soit rendue au niveau international pour les victimes de ce crime odieux », a-t-il déclaré.
Cette vidéo remet directement en cause le déni d'Israël de frappes indiscriminées contre des ambulances, suscitant des inquiétudes urgentes quant au ciblage des opérations humanitaires à Gaza. Cette vidéo a intensifié l'examen de la conduite militaire israélienne à Gaza dans le contexte du conflit en cours, et la communauté internationale a appelé à la responsabilisation. Les organisations de défense des droits humains citent cette affaire comme faisant partie d'une série plus large d'attaques contre les infrastructures humanitaires, aggravant la crise humanitaire à Gaza. Les enquêtes sur cet incident restent au point mort, reflétant les difficultés plus vastes rencontrées pour répondre aux violations présumées pendant la guerre.
De plus, cet incident souligne les risques mortels auxquels sont confrontés les travailleurs humanitaires à Gaza et le besoin urgent de protections efficaces. La communauté internationale ne peut rester silencieuse face à de tels rapports.
Depuis octobre 2023, plus de 50 600 Palestiniens ont été tués à Gaza dans le cadre de la campagne génocidaire israélienne. La majorité de ces victimes sont des femmes et des enfants. En outre, plus de 115 000 personnes ont été blessées durant cette période.
Md Irshad Ayub est l'un des rédacteurs fondateurs de la section anglaise du Millat Times et un journaliste indépendant basé à Delhi.
L'image sélectionnée est une capture d'écran de la vidéo ci-dessus
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