Enquête du 4-4-2 : Dahbia Benkired — 30 ans minimum, plus de 1 million €, aucune obligation de travailler… et c’est nous qui finançons
mise à jour le 25/10/25
Et si la justice condamnait une criminelle à vie, mais que ce soit finalement les contribuables qui paient la note ? C’est le cas de Dahbia Benkired, 27 ans, qui a écopé hier, le 24 octobre 2025, de la réclusion criminelle à perpétuité incompressible pour le viol, la torture et le meurtre effroyable de Lola Daviet, une enfant de 12 ans. Une peine historique, la première pour une femme en France, mais qui met en lumière des failles criantes : pourquoi une condamnée comme elle n’est-elle pas obligée de travailler pour rembourser sa dette à la société ?
Un verdict qui marque l’histoire judiciaire
Dans l’enceinte surchauffée de la cour d’assises de Paris, les jurés n’ont pas tremblé. Dahbia Benkired, en situation irrégulière en France au moment des faits en octobre 2022, a été reconnue coupable d’avoir attiré la petite Lola dans un sous-sol d’immeuble, avant de commettre l’irréparable. Les expertises psychiatriques ont peint le portrait d’une personnalité instable, marquée par la paranoïa, mais les faits – corroborés par des preuves accablantes – ont scellé son sort. Le procureur a requis la sanction maximale, et les jurés l’ont suivie, imposant une période de sûreté de 30 ans incompressible. C’est une mesure rare, réservée depuis 1994 à une poignée de cas extrêmes, comme des tueurs en série ou des terroristes, pour garantir que la société reste protégée.
Historiquement, cette peine reflète l’évolution du droit pénal français : introduite pour répondre à des crimes odieux, elle vise à équilibrer punition et prévention. Comparée aux États-Unis, où la perpétuité sans libération conditionnelle est plus courante, la France offre une porte de sortie théorique après 30 ans – via un réexamen par la Cour de cassation – mais en pratique, aucun des douze condamnés précédents n’a été libéré.
La réalité derrière les barreaux : 30 ans minimum, et après ?
Dahbia Benkired, incarcérée à Fresnes depuis trois ans, ne verra pas le jour avant 2055 au plus tôt. Pendant ces 30 ans, aucune remise de peine, pas de permissions, rien. Ensuite ? Un tribunal d’application des peines pourrait examiner une libération conditionnelle, mais seulement si elle prouve une réadaptation exemplaire et un risque zéro de récidive. Vu la gravité – un crime contre un enfant qui a traumatisé le pays – les chances sont minces, comme pour Michel Fourniret, mort en prison en 2021 après des décennies.
Socialement, cette affaire ravive des plaies : l’immigration
irrégulière, la protection des mineurs, et le deuil d’une famille
brisée. Le père de Lola est décédé en 2024, emporté par le chagrin, laissant une mère et un frère en quête de justice. On a restauré la mémoire de ma sœur
, a lâché Thibault Daviet après le verdict, une phrase qui résonne comme un maigre réconfort dans un océan de douleur.
Le poids financier : un million d’euros pour les contribuables ?
Au-delà du drame humain, les chiffres interpellent. Un détenu coûte en moyenne 32 000 euros par an à l’État, selon les données du ministère de la Justice pour 2024 : hébergement, surveillance, repas, soins médicaux. Pour Dahbia Benkired, sur 30 ans minimum, c’est déjà près d’un million d’euros. Si elle reste 40 ou 50 ans – scénario probable vu les précédents – on frôle 1,3 à 1,6 million, sans inflation.
Dans un système carcéral français surchargé (82 000 détenus pour 62 000 places en 2025), ce budget explose : 5,2 milliards d’euros annuels, en hausse constante. Économiquement, c’est un fardeau qui pose question : pourquoi la société finance-t-elle intégralement une condamnée qui, elle, n’a aucune obligation de contribuer ?
La réparation civile : une dette souvent impayée, assumée par l’État
La cour a aussi condamné Dahbia Benkired à réparer le préjudice civil : dommages et intérêts pour la famille de Lola, estimés à des centaines de milliers d’euros pour le trauma psychologique et les frais. Mais voilà le hic : sans ressources, elle a de fortes chances de ne jamais payer. Le Fonds de Garantie des Victimes (FGTI) et son Service d’Aide au Recouvrement (SARVI) avancent l’argent aux victimes, puis tentent de recouvrer auprès du condamné. Si elle reste insolvable – comme c’est souvent le cas pour les longues peines – c’est l’État qui assume, via des fonds publics alimentés par des taxes sur les assurances (notamment les assurances habitation, auto, etc.), payée par tous les assurés en France. Cette taxe, appelée « contribution au fonds de garantie », s’élève à quelques euros par contrat et génère environ 1,5 milliard d’euros par an pour couvrir les indemnisations.

C’est une incohérence flagrante : Benkired sera nourrie, logée et soignée aux frais de la société, sans obligation de travailler. En France, le travail en prison est un droit, pas un devoir, selon l’article 720 du Code de procédure pénale. Elle pourrait refuser tout emploi, tout en accédant à des « conforts » basiques : une bibliothèque pour lire (un droit garanti par les articles D443 et D445 du CPP), ou même une TV louée pour quelques euros par mois. Pourquoi ces privilèges sans contrepartie ? Imaginez : un salaire pénitentiaire (300-400 euros nets mensuels) pourrait servir à rembourser la dette civile, allégeant le poids sur les contribuables.
Des incohérences qui appellent à une réforme urgente
Ce dossier Dahbia Benkired cristallise un débat récurrent sur le système carcéral français. Des réformes récentes, comme celle de 2022 sur le travail pénitentiaire, ont amélioré le statut des détenus employés, mais sans imposer l’obligation. Au Sénat, en mars 2025, des discussions ont porté sur les conditions de détention, plaidant pour plus d’incitations au travail.Des pétitions et experts suggèrent même de le rendre obligatoire pour les longues peines, conditionnant l’accès à des activités comme la lecture ou la TV à une participation active. L’idée : transformer la prison en lieu de réparation, où le travail finance les dettes et favorise la réinsertion – même si, pour une perpétuité comme celle-ci, c’est plus symbolique.

Comparé à l’Allemagne, où le travail est quasi imposé avec des salaires décents, la France traîne. Économiquement, cela soulagerait les budgets ; socialement, cela atténuerait le sentiment d’injustice ressenti par les victimes et leurs proches.
Une affaire qui force à repenser la justice
L’affaire Lola Daviet n’est pas qu’un fait divers sordide ; c’est un miroir tendu à notre société. Dahbia Benkired paiera-t-elle un jour ? Probablement pas intégralement, laissant l’État – et nous – endosser le coût. C’est une injustice qui interpelle : pourquoi ne pas obliger le travail pour un « confort minimum », et rediriger les gains vers les victimes ? Des réformes en ce sens pourraient rééquilibrer le système, alliant punition, réparation et efficacité. Pour l’instant, la perpétuité incompressible protège, mais à quel prix humain et financier ?
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