La bombe à retardement de la dette française fait tic-tac sous le calme estival

 https://www.zerohedge.com/markets/frances-debt-time-bomb-ticking-beneath-summer-calm


Photo de Tyler Durden
PAR TYLER DURDEN
SAMEDI 16 AOÛT 2025 - 13H00

Soumis par Thomas Kolbe

La France demeure un monolithe politiquement inébranlable. Un mélange toxique de déficit budgétaire croissant, d'État-providence démesuré et de récession persistante fait du pays un candidat de choix pour une crise de la dette souveraine généralisée. Si le gouvernement ne parvient pas à adopter son budget, l'Europe pourrait connaître un automne mouvementé.

Les coupes dans les prestations sociales, le gel des retraites ou la réduction de la couverture maladie se sont traditionnellement soldés par des grèves générales, des blocages d'autoroutes ou des émeutes de banlieue. Les médias ont tendance à idéaliser ce phénomène en le présentant comme une « force de caractère » – un peuple résistant à l'avarisme de l'État et luttant pour ses droits.

Ce qui n'est pas dit, c'est que la France fonctionne avec un ratio de dépenses publiques ahurissant de 57 % du PIB – le plus grand État-providence de l'UE, peut-être même le champion mondial démocratique de la redistribution. Ce mix politique profondément socialiste a conduit le pays dans une impasse budgétaire et économique.

Les coûts d'intérêt explosent 

La dette publique s'élève à environ 114 % du PIB, et le gouvernement du Premier ministre François Bayrou prévoit de nouveaux emprunts à hauteur de 5,4 % du PIB cette année – des chiffres si éloignés des anciens critères de Maastricht qu'ils donnent le vertige. En juillet, Bayrou a réussi à réduire le déficit prévu de 5,8 % à 5,4 %, soit une réduction de 5 milliards d'euros.

Mais face à une dette de 3 000 milliards d’euros, ce n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan – un léger coup de pouce d’une politique en déclin terminal. Les marchés obligataires l’ont remarqué : les rendements de la dette française à 10 ans ont grimpé de 30 points de base au cours de l’année écoulée, pour atteindre 3,3 %. Cela représente au moins 67 milliards d’euros de charges d’intérêts cette année – soit 16 milliards d’euros de plus que l’an dernier – réduisant la marge de manœuvre de l’État comme la fonte des glaces sur la Côte d’Azur.

Le calme avant la tempête 

Pour l'instant, la sécheresse médiatique estivale a englouti le récit de la crise de la dette. Depuis le plan de réformes de Bayrou à la mi-juillet, les médias sont restés muets. En réalité, des budgets comme ceux de la France, de l'Espagne ou de l'Italie n'ont été maintenus à flot que grâce à la volonté de la BCE d'étouffer les troubles sur les marchés obligataires par des interventions massives – une habitude prise depuis la dernière crise de la dette il y a 15 ans.

Hormis le Luxembourg, aucun grand État de l'UE ne pourrait à lui seul échapper à une crise de la dette souveraine. À ce stade, de véritables réformes pourraient déjà être trop tardives : toute réduction drastique entraînerait l'effondrement d'économies dépendantes des subventions, du crédit bon marché et de l'interventionnisme de l'État, provoquant un chômage de masse et des troubles sociaux.

Pourtant, Paris semble avoir pris conscience de l'urgence. Il y a trois semaines, Bayrou a dévoilé le prochain plan de consolidation : 44 milliards d'euros de coupes budgétaires pour l'année prochaine (environ 1,5 % du PIB). Ce plan comprend un gel des embauches de fonctionnaires, la fusion des agences inefficaces et le gel des prestations sociales et des retraites en 2026 aux niveaux de 2025 – une « année blanche » pour l'État-providence. Seul le budget de la défense augmentera, conformément aux exigences de l'OTAN.

Les contribuables aisés perdront certains avantages fiscaux, le système de santé sera allégé et les congés maladie seront surveillés plus strictement. Si la conjoncture économique se maintient, le déficit pourrait tomber à 4,6 % l'an prochain, le gouvernement visant à atteindre le plafond de 3 % fixé par Maastricht d'ici 2029. Mais compte tenu du bilan de la France, peu de gens s'attendent à ce que les chiffres se maintiennent une fois le projet de loi sur la paix sociale déposé.

Faux pas symbolique 

Le plan supprime également deux jours fériés : le lundi de Pâques et, de manière controversée, le 8 mai, jour de la victoire de la Seconde Guerre mondiale. Bien que visant à stimuler la productivité, de nombreux Français patriotes y verront une provocation, loin d'être un moyen de rallier l'opinion publique à la réforme budgétaire. Face à une résistance organisée et à la menace d'une nouvelle motion de censure, Bayrou a évoqué l'idée d'un référendum budgétaire en 2026 – un pari inhabituel qui pourrait se retourner contre lui.

Comme en Allemagne, la crise budgétaire française se déroule dans un contexte de récession. La faiblesse du moral des consommateurs et la baisse des ventes au détail sont partiellement compensées par le tourisme, dont la croissance est attendue à 6 % cette année. Mais la France se désindustrialise : son indice PMI manufacturier stagne autour de 48 et sa production dans le secteur de la construction à 43, en pleine récession.

Pour l'instant, l'accalmie estivale permet à Paris d'enterrer son propre désastre budgétaire sous la couverture médiatique du drame de la dette américaine. Mais Bruxelles craint qu'une panique sur le marché obligataire français ne fasse s'effondrer l'édifice de la dette de l'UE. Avec l'intensification de la guerre commerciale avec les États-Unis et l'aggravation de la récession, la crise française pourrait revenir à la une des journaux d'ici quelques semaines, préfigurant peut-être un automne chaud à Paris et un nouveau drame de la dette européenne.

* * * 

À propos de l'auteur : Thomas Kolbe, diplômé en économie en Allemagne, travaille depuis plus de 25 ans comme journaliste et producteur média pour des clients issus de divers secteurs et associations professionnelles. En tant que publiciste, il se concentre sur les processus économiques et observe les événements géopolitiques du point de vue des marchés financiers. Ses publications s'inscrivent dans une philosophie centrée sur l'individu et son droit à l'autodétermination.

25 003156

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Jacques Attali : "L'avenir de la vie" 1981 - Extrait .....et rectifications

L'EDTA de calcium disodique et l'acide ascorbique inhibent complètement le développement de micropuces et de nanoantennes dans les anesthésiques dentaires L'articaïne épinéphrine, connue pour contenir du graphène

HCR-HCE - CE N'EST PAS VOUS QUI ĒTES FOU