Budget 2026 : un Frankenstein fiscal qui ignore les besoins criants des Français
Budget 2026 : un Frankenstein fiscal qui ignore les besoins criants des FrançaisDans les couloirs feutrés de l'Assemblée nationale, les débats sur le projet de loi de finances pour 2026 (PLF 2026) se muent en un théâtre absurde. D'un côté, les Insoumis déposent motion sur motion pour faire vaciller le gouvernement Lecornu, qualifiant ce texte d' « antisocial » et appelant à son naufrage. De l'autre, le Rassemblement national (RN) alterne entre invectives tonitruantes et abstentions tactiques, laissant passer des mesures qui, selon eux, « purgent » les classes moyennes. Au centre de ce pugilat, un budget monstrueux émerge : un « Frankenstein » cousu de gels, de taxes et de coupes, visant un déficit à 4,7 % du PIB en 2026, contre 5,4% prévu pour 2025. Mais ce plan d'austérité déguisé en « effort partagé » frappe durement là où ça fait mal : le pouvoir d'achat des Français modestes. Taxation des tickets-restaurants, gel des APL pour les étudiants, ponctions sur les retraites et alourdissement des franchises médicales... Tandis que les niches fiscales des riches dorment paisibles, ce budget ignore les priorités des citoyens : logement, santé, retraites et inflation galopante. Une comparaison impitoyable avec 2025 révèle non une continuité, mais une régression brutale. Décryptage factuel d'un hold-up qui fracture la République : la taxe sur la survie, quand les ventres pleins légifèrent la misère
Les mesures phares : taxer la survie au quotidien
Plongeons dans le vif du sujet. Le PLF 2026 prévoit une réduction de 30 milliards d'euros du déficit, via 17 milliards de coupes dans les dépenses publiques et 13 milliards de hausses de recettes. Parmi les plus contestées, une contribution patronale de 8 % sur les titres-restaurants, chèques-vacances et CESU (chèque emploi service universel), inscrite à l'article 8 du projet décrit sur Public Sénat. Ces avantages, utilisés par 5 millions de salariés modestes, généreront un milliard d'euros pour l'État. Mais pour un employé au SMIC (1 398 euros nets mensuels), cela signifie 5 à 10 euros en moins par mois pour se restaurer ou s'offrir un break familial. Les entreprises, déjà sous pression inflationniste, risquent de rogner ces compléments pour limiter la facture – un étau sur le pouvoir d'achat qui touche d'abord les cols bleus et les familles monoparentales.
Côté jeunesse, le gel des aides personnalisées au logement (APL) est acté, avec une suppression pour les étudiants étrangers. En 2026, pas de revalorisation malgré une hausse des loyers de 3,5 % en moyenne annuelle (jusqu'à 5 % à Paris). Pour 200 000 étudiants boursiers, cela équivaut à une perte réelle de 50 à 100 euros mensuels, aggravant une crise du logement où 42 % des jeunes de 18-24 ans vivent encore chez leurs parents (Ipsos septembre 2025). Imaginez vous vivre dans un studio à 800 euros dans la capitale, sans filet social. Ce gel n'est pas anodin ; il perpétue un exode des talents et une fracture générationnelle, alors que le gouvernement vante un « maintien des aides » pour les nationaux – une illusion qui masque une purge silencieuse.
Les seniors et les malades, piliers fragiles de la société, trinquent doublement. Le barème de la CSG est gelé pour les pensions et allocations chômage, et l'abattement fiscal de 10 % sur les retraites est remplacé par un forfait de 2 000 euros. Pour un retraité moyen (1 500 euros nets), c'est une hausse d'impôt de 100 à 200 euros par an, sans revalorisation face à une inflation à 2,2 %. Le PLFSS (projet de loi de financement de la Sécurité sociale) pour 2026 prévoit un objectif national de dépenses maladie à 270,4 milliards d'euros, en hausse de 1,6 % seulement. Mais derrière les chiffres ronflants : doublement du reste à charge sur les soins, franchises médicales alourdies à 50 euros annuels pour les chroniques, et 3 000 suppressions de postes hospitaliers. Les mutuelles sont taxées à 0,5 %, les remboursements gelés – un cocktail toxique pour 10 millions de patients en affections de longue durée, dans un pays où les déserts médicaux touchent un tiers du territoire (Vie Publique).
Enfin, le gel général du barème de l'impôt sur le revenu touchera 200 000 foyers modestes, les rendant imposables pour la première fois, tandis que les niches fiscales (exonérations patronales estimées à 80 milliards) restent intouchées (LCP). C'est une fiscalité en cascade : les bas et moyens revenus absorbent l'effort, pendant que les hauts salaires (au-delà de 250 000 euros) voient leur contribution différentielle prolongée... mais sans vraie progressivité.
Comparaison avec 2025 : d'un bouclier fragile à une lame de fond austère
Pour mesurer l'ampleur du recul, comparons à la loi de finances initiale (LFI) 2025. L'an dernier, le déficit était visé à 5 % du PIB, avec une hausse des dépenses publiques de 2,7 % (44 milliards d'euros supplémentaires, atteignant 1 696 milliards) (HCFiP via iFRAP). Des mesures comme une revalorisation partielle des retraites (1,1 % au lieu de l'inflation) ou un maintien des APL avec indexation offraient un filet social minimal contre les séquelles post-Covid et l'inflation énergétique. Le budget des armées progressait déjà (+3 milliards), mais l'hôpital recevait 1,5 milliard pour les urgences, et l'insertion sociale +2 %.
En 2026, c'est l'inverse : les dépenses de l'État s'élèvent à 500,9 milliards d'euros, en hausse de seulement 10,5 milliards (+2,1 %) par rapport à 2025, mais concentrées sur la défense (6,7 milliards supplémentaires) et l'Intérieur. Et pour l'hôpital ? Zéro euro net, malgré une pénurie de soignants. Pour l'insertion sociale ? -14 % de crédits, aggravant le chômage à 7,5 % (projections OFCE). Le gel des prestations sociales devient une « année blanche » totale, contrairement à 2025 où une clause de revoyure permettait des ajustements. En résultat, 300 000 seniors de plus dans l'impôt, et un effort fiscal qui explose pour les classes moyennes inférieures (rendement de 2,2 milliards sur le gel IR/CSG). Si 2025 était un « bouclier percé », 2026 est une forteresse assiégée – priorités sécuritaires et budgétaires au détriment du social, comme l'alerte le Haut Conseil des finances publiques sur les « fragilités » du plan.
Les Français et leurs besoins ignorés : un cri étouffé par les chiffres
Au-delà des tableaux Excel, ce budget snobe les aspirations réelles des citoyens. Un sondage Ipsos de septembre 2025 place l'inflation en tête des préoccupations (30 %), devant la criminalité (36 %) et les impôts (28 %). 57 % des Français voient le pouvoir d'achat comme priorité absolue, estimant manquer de 507 euros mensuels pour vivre décemment. Ensuite vient le logement : une obsession nationale avec 42 % qui y voient la clé du pouvoir d'achat, avec des loyers en hausse de 3,5 % et un parc social en berne. La santé suit : 62 % la jugent prioritaire (Ifop), alors que 69 % craignent une dégradation en 2025. Pour les retraites, 60 % en font la priorité sociale numéro un, devant l'assurance maladie (45 %) (baromètre Ipsos épargne-retraite, et enquête 2025 sur l’épargne et la retraite). 54 % des seniors jugent leur pension « correcte mais sans plus », avec 60 % réduisant les dépenses non essentielles.
Et l'énergie ? 9 Français sur 10 s'inquiètent, avec des salaires jugés trop bas pour absorber les hausses (Greeniz; Ifop UNCCAS).
Ces chiffres ne sont pas abstraits : ils traduisent une société où l'épargne moyenne stagne à 20 000 euros, vidée par les factures, et où 27 % craignent la pauvreté accrue. Le budget 2026, en gelant tout, creuse ce gouffre – un État qui priorise les armes (budget défense à 53 milliards) sur les lits d'hôpital ou les HLM.
L'opposition : coups de théâtre ou théâtre d'ombres ?
Les Insoumis cognent sans relâche : « Ce budget saigne les plus faibles », lance Mathilde Panot, déposant une motion de censure rejetée de justesse (144 voix contre 289). Le RN, promettant la chute du gouvernement en juillet, s'abstient sur des votes clés comme la commission hier – complicité ou calcul pour 2027 ? (LCP). Lecornu admet un texte « imparfait » mais adopté au forceps.
Au final, c'est la confiance qui saigne : un plan qui protège les yachts et sacrifie les assiettes, érodant la cohésion républicaine.
Vers un sursaut ou un effondrement ?
Ce Frankenstein n'est pas qu'une loi ; c'est un diagnostic d'une France à la croisée des chemins. Taxer les tickets-resto pour un milliard, geler les APL quand les loyers flambent, ponctionner les malades pour « équilibrer » à 2029 : c'est l'aveu d'un système qui privilégie les marchés sur les marchés populaires.
Face à une inflation persistante et des inégalités record, les Français méritent un budget qui soigne – revalorisations ciblées, investissements dans le logement (seulement 500 millions prévus, contre 2 milliards en 2025), et une fiscalité progressive réelle.
Les urnes de 2027 approchent ; si ce texte passe, il risque de faire sauter plus que Lecornu. N'est-il point temps de trancher : pour une République qui nourrit tous, ou qui laisse les modestes au régime sec ?
Commentaires
Enregistrer un commentaire