Une lettre ouverte explosive : des anciens militaires somment le Président de quitter le pouvoir


Dans un climat politique tendu, marqué par des sondages alarmants et une défiance croissante envers les institutions, une lettre ouverte publiée sur le site Place d'Armes fait l'effet d'une bombe. Signée par Jean-Pierre Fabre-Bernadac, président d'honneur de cette association d'anciens militaires, cette missive adressée directement à « Monsieur le Président » – Emmanuel Macron, sans doute – appelle sans ambiguïté à sa démission immédiate. Les signataires, se présentant comme des « anciens de l’Armée », invoquent leur « devoir » pour le « bien commun du pays » et dressent un réquisitoire implacable contre les deux mandats du chef de l'État. Cette démarche, qualifiée de « solennelle » et inspirée du « Code du soldat », intervient dans un contexte où les tensions sociales et sécuritaires en France ne cessent de s'exacerber.
Un désaveu populaire comme point de départ
La lettre s'ouvre sur un constat brutal : le « désaveu des Français » à l'égard du Président. Selon un sondage d'octobre 2025 cité dans le texte, 70 % des sondés souhaitent sa démission, tandis que seulement 15 % se disent satisfaits de sa présidence. « Le peuple français vous méprise et se trouve exaspéré par les résultats désastreux de vos deux mandats », assènent les auteurs sans ménagement. Ce chiffre, s'il reflète une opinion publique en berne, souligne une fracture profonde entre le pouvoir et une partie de la nation, exacerbée par les crises successives – sanitaire, économique et géopolitique – traversées depuis 2017.
Un catalogue de maux qui minent la France
Le cœur de la lettre est un inventaire accablant des échecs présumés du quinquennat, étayé par des chiffres et des faits présentés comme irréfutables. Les anciens militaires pointent du doigt une « misère » qui touche un Français sur six (15,4 % sous le seuil de pauvreté depuis 1996), un chômage à 7,4 % en 2024 dans l'Hexagone (contre 5,9 % en moyenne dans l'UE), et un système éducatif en chute libre : -21 points en mathématiques et -19 en compréhension de l'écrit depuis le PISA 2018. La dette publique, qualifiée de « record et exorbitant » à 3 400 milliards d'euros (50 000 euros par habitant), et les prélèvements obligatoires à 46,1 % du PIB – un sommet en OCDE – complètent ce tableau sombre d'une économie asphyxiée.
Mais c'est sur la sécurité et l'immigration que la charge est la plus virulente. Les auteurs évoquent « 500 000 entrées » d'étrangers en 2022, portant le total à 4 millions depuis l'arrivée au pouvoir du Président. La délinquance est décrite comme « jamais aussi forte » : 120 attaques au couteau par jour en 2020, 23 agressions quotidiennes contre les forces de l'ordre, 50 000 voitures brûlées par an, 7 milliards d'euros de chiffre d'affaires pour le trafic de drogue, et une hausse de 59 % des homicides entre 2018 et 2024 – « la pire depuis le début du XXe siècle ». Des statistiques choc, comme 64 % des vols violents en Île-de-France commis par des étrangers (dont 43 % originaires du Maghreb, alors qu'ils ne représentent que 3,4 % de la population), ou 43 500 cambriolages en 2024 (1 200 par jour), sont brandies pour illustrer un pays « angoissant » pour ses citoyens.
Une souveraineté nationale en péril et une Armée affaiblie
Au-delà des chiffres domestiques, la lettre élargit son horizon à la perte de souveraineté. L'Union européenne est qualifiée d'« entité fallacieuse et dissolvante de la nation », avec 91 % des Français se sentant « en priorité français » contre 8 % « européens ». L'Armée, « peu nombreuse et mal équipée», est au centre des préoccupations des signataires. Ils citent le général Pierre de Villiers, ancien chef d'État-major : « Nos armées ne sont plus capables de gagner la guerre… On a cédé à plusieurs lignes Maginot ». Dans le classement Global Fire Power, la France rétrograde à la neuvième place mondiale, perdant deux rangs en un an. Les retraits des troupes françaises d'Afrique (Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad, Gabon, Sénégal) depuis 2022 sont présentés comme une humiliation, tout comme les relations tendues avec l'Algérie et la Tunisie.
« À cause de vous, Monsieur le Président, la France est la risée de l’Europe et du monde », lancent les auteurs, listant les manquements de la politique macronienne : sécurité, bien-être, éducation, santé, frontières, justice, natalité, et même le risque d'un « conflit nucléaire majeur ».

Un appel à la démission pour éviter la « révolte »
La conclusion est sans appel : « Votre démission est devenue nécessaire ! Car la France millénaire n'appartient ni à un homme ni à une caste du système ».
Les signataires, mus par un « profond désarroi » et un « amour de la France », adjurent le Président de quitter ses fonctions « au plus vite », avant qu'une « révolte » ne détruise ce qui reste de la Patrie. Bien que la lettre ne liste pas d'autres signataires au-delà de Jean-Pierre Fabre-Bernadac, elle émane d'un collectif d'anciens militaires, rappelant des initiatives passées comme la tribune des généraux en 2021, qui avait déjà secoué l'exécutif.

Un symptôme d'une crise plus profonde ?
Cette lettre ouverte, publiée sur Place d'Armes, un média dédié aux questions de défense et de sécurité, intervient à un moment critique : à moins d'un an des élections législatives potentielles et dans un contexte de grogne sociale persistante. Elle n'est pas isolée ; elle s'inscrit dans une série de voix dissonantes au sein des milieux militaires et patriotiques, qui reprochent au pouvoir une gestion laxiste de l'immigration, une faiblesse stratégique et un affaiblissement de l'identité nationale. Reste à savoir si cet appel aura un écho au-delà des cercles concernés, ou s'il restera lettre morte face à un exécutif acculé, mais déterminé. Une chose est sûre : en formulant cette demande « sans gaieté de cœur », les anciens soldats posent une question fondamentale : jusqu'où peut-on ignorer le mécontentement d'une nation au bord du gouffre ?
Cette publication, datée du 9 octobre 2025, pourrait bien marquer un tournant dans le débat public français, où la légitimité du pouvoir est de plus en plus contestée. La France attend une réponse – ou un départ.
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