LES TWEETS, LES TARIFS ET LES MILLIARDS DE MILLIARDS DE TRUMP : UNE MASTERCLASS DE MANIPULATION DU MARCHÉ ?
Une présidence qui fait bouger les marchés
Depuis son retour au pouvoir en janvier 2025, les publications du président Donald Trump sur les réseaux sociaux et ses décisions en matière de droits de douane ont coïncidé avec des fluctuations historiques des marchés boursiers, des fluctuations de plusieurs milliers de milliards de dollars. Ayant déjà attiré l'attention des dirigeants mondiaux, des législateurs, des économistes, des entreprises et des traders, l'ampleur et la synchronisation de ces mouvements soulèvent la question suivante : s'agit-il de simples coïncidences ou assistons-nous à une manipulation calculée des marchés financiers ?
Chronologie des dates clés
2
avril – Annonce des tarifs douaniers du « Jour de la libération » ; les
marchés mondiaux perdent 6 000 milliards de dollars en 48 heures
9 avril – Trump publie « C'EST LE MOMENT IDÉAL POUR ACHETER !!! » ; les marchés rebondissent fortement
8 mai – Trump encourage les investisseurs à acheter des actions avant d'annoncer la réduction des tarifs douaniers le 12 mai
5 juin – Musk critique le projet de loi de Trump ; la querelle s'intensifie ; Tesla chute de 25 % en deux jours
11 juin – Musk présente des excuses publiques à Trump après la suppression d'un tweet d'Epstein ; Tesla entame sa reprise
2 avril 2025 : 6 000 milliards de dollars perdus
Surnommé « Jour de la Libération », le 2 avril a marqué une refonte radicale de la politique commerciale américaine et un net déclin des marchés mondiaux. Le président Trump a annoncé un droit de douane général de 10 % sur les importations en provenance de presque tous les pays, ainsi que des droits de douane « réciproques » supplémentaires sur certains États – les plus notables étant la surtaxe initiale de 34 % appliquée à la Chine et celle de 20 % appliquée à l'UE.
Qualifiés par Trump d'« autodéfense économique », ces droits de douane visaient à accroître la productivité nationale des États-Unis et à réduire les déficits commerciaux avec d'autres pays. Les marchés mondiaux ont réagi négativement, mais la Maison-Blanche les a présentés comme une initiative audacieuse de nationalisme économique.
En seulement 48 heures, les marchés boursiers mondiaux ont perdu plus de 6 000 milliards de dollars . Le S&P 500 a chuté de 6 %, marquant sa plus forte baisse sur deux jours depuis mars 2020, et le Dow Jones a plongé de plus de 4 000 points.
Les plus grands perdants ont été les secteurs de la technologie, des semi-conducteurs et de l’automobile, avec des actifs refuges comme l’or en plein essor, signalant la panique des investisseurs.
9 avril 2025 : La vérité à mille milliards de dollars
Les publications sur la plateforme de médias sociaux de Trump, Truth Social, sont connues sous le nom de « Vérités », et à 9 h 37 HE, le président a déclaré : « C'EST LE MOMENT IDÉAL POUR ACHETER !!! ».
Quelques heures plus tard, tous les droits de douane – dont la Maison Blanche avait annoncé qu'ils affecteraient le commerce avec la plupart des pays du monde et entraîneraient une forte baisse des marchés boursiers – ont été suspendus pendant 90 jours. Instantanément, l'indice S&P 500 (SPY) a gagné à lui seul 1 400 milliards de dollars de capitalisation boursière totale en fin de journée, avec une hausse de 9,5 % dans les dernières heures de négociation, marquant la plus forte hausse journalière depuis la crise financière de 2008.
Tesla (TSLA) a gagné à elle seule 50 milliards de dollars de valeur, ce qui, avec le recul, nous montre que cela ne faisait que préfigurer la période volatile à venir pour l'entreprise et la relation entre son PDG et le président.
Selon Bloomberg , la plus forte hausse boursière des deux mandats présidentiels de Trump a eu lieu entre le 9 avril et le 8 mai, période durant laquelle l'indice S&P 500 a progressé de 14 %. Le 8 mai, Trump aurait déclaré à la presse de la Maison Blanche : « Il vaut mieux acheter des actions maintenant », avant l'annonce, le 12 mai, de la désescalade du conflit commercial entre les États-Unis et la Chine et d'une baisse des droits de douane à seulement 10 %. La hausse soudaine qui a suivi a effacé toutes les pertes boursières subies après le Jour de la Libération.
Ce cycle est devenu connu sous le nom de « TACO Trade » (Trump Always Chickens Out), suite à un modèle de choc, de chute et de renversement partiel – un rythme désormais familier sur le marché de 2025.
Le moment choisi pour ces actions a suscité des appels à une enquête :
« Il est inadmissible que des initiés aient pu activement profiter de la volatilité du marché déclenchée par les messages présidentiels. » — Sénateur Adam Schiff , TIME
ProPublica a révélé des activités de trading menées par des alliés de Trump et des donateurs de campagne sur des actions affectées par les changements tarifaires, suscitant des inquiétudes quant à une manipulation coordonnée.
Même NPR et WSJ ont rapporté que des membres du Congrès ont effectué des transactions qui pourraient indiquer une connaissance préalable des changements de politique.
5-10 juin 2025 : Tesla s'effondre (et rebondit) sur fond de querelle avec Musk
Le matin du 5 juin, Musk a critiqué le « Big Beautiful Bill » de l'administration Trump, qui ciblait les énergies propres et l'industrie manufacturière du pays. Qualifiant ce projet de loi d'« abomination répugnante », le PDG de Tesla a affirmé qu'il favorisait les constructeurs automobiles traditionnels au détriment de l'innovation.
À 11 heures HE, le président Trump a répondu via Truth Social en déclarant : « Musk est un milliardaire pleurnichard qui veut des aides, pas de la concurrence. »
Musk a réagi en lançant ce qui est devenu la « grenade numérique » au président, déclarant sur X qu'il « figurait dans les dossiers Epstein. C'est la véritable raison pour laquelle ils n'ont pas été rendus publics. Bonne journée, DJT ! »
Dans l'après-midi, la querelle naissante a été relayée par les médias du monde entier, et l'action Tesla a chuté à 272 dollars, son plus bas de la journée – soit une baisse de 25 % par rapport à son récent sommet de 363 dollars –, vidant ainsi la valeur de l'entreprise d'environ 250 milliards de dollars de sa capitalisation boursière estimée à 1 000 milliards de dollars. Cet effondrement figure parmi les plus lourdes pertes jamais enregistrées par une entreprise sur deux jours.
La panique des investisseurs s'accroît, car ils anticipent des changements réglementaires de la part de l'administration Trump visant à compromettre délibérément les perspectives de Tesla. Dans la soirée, les spéculations ont commencé quant à savoir si le conflit était réel ou truqué. Les options de vente (opérations qui bénéficient d'une baisse plutôt que d'une hausse de la valeur de l'action) avaient quadruplé avant l'annonce de la nouvelle, indiquant un préavis de la dispute imminente et donc un risque de délit d'initié.
Le tweet provocateur d'Elon Musk a été supprimé le 6 juin, et il est resté silencieux malgré la chute de la valeur de Tesla, la crainte croissante d'une possible annulation des contrats gouvernementaux de l'entreprise et les représailles réglementaires imminentes du président. Pendant ce temps, les vendeurs à découvert – ceux qui pariaient sur la baisse du cours de l'action – ont continué à engranger des profits importants.
Des rumeurs ont émergé le 7 juin concernant des discussions en coulisses entre Trump et Musk, alors que les marchés étaient fermés. Le 9 juin, l'action est passée de 281 $ à 309 $ en séance, pour atteindre 327 $ le 10 juin, après les excuses publiques d'Elon Musk : « Je regrette certains de mes messages concernant le président [Trump] de la semaine dernière. Ils sont allés trop loin. »
Même après les excuses publiques d'Elon Musk , qui ont augmenté sa valeur nette personnelle de près de 200 millions de dollars en une journée, des soupçons ont persisté quant à savoir qui aurait pu profiter du moment choisi pour déclencher la querelle.
La hausse de 20 % du cours de l'action Tesla depuis le point le plus bas lors de la dispute en ligne jusqu'à la résolution quelques jours plus tard, ainsi que les soupçons sur la sincérité de la querelle elle-même, ont alimenté de nouvelles spéculations quant à savoir s'il s'agissait en réalité d'un simple stratagème de manipulation du marché.
« Les traders d'options anticipaient une hausse de 5,4 %… mais c'était le triple. »
— Analyste de Bloomberg , le 7 juin
Perspectives réglementaires : le système peut-il rattraper son retard ?
« Nous ne pouvons pas permettre que l'intégrité du marché soit mise à mal par des tweets improvisés ou des accords en coulisses. » — / Comité sénatorial des banques
Malgré les inquiétudes des deux partis, la SEC n'a pas encore lancé d'enquête officielle. Certains estiment qu'elle est mal équipée pour surveiller un marché désormais autant influencé par les mèmes et les personnalités que par les fondamentaux.
Tout le monde ne voit pas un acte criminel :
« Il dit au peuple américain exactement ce qu'il croit. C'est de la transparence, pas de la manipulation. » — Steve Bannon, podcast War Room
Conclusion : Quand les tweets déplacent des milliards
L'histoire de 2025 ne se résume pas à la réaction des marchés à la politique – ils l'ont toujours fait. Elle s'interroge plutôt sur le caractère prévisible, non réglementé et rentable de cette réaction.
Le président Trump n'est pas le premier dirigeant à faire bouger les marchés par un message. Mais lorsque les réseaux sociaux deviennent le principal moyen de communication pour annoncer soudainement des changements politiques majeurs, et lorsque des milliards, voire des milliers de milliards, peuvent être gagnés ou perdus par une seule publication, l'intégrité du système financier mondial tout entier est mise à rude épreuve.
S’agissait-il d’une maîtrise du marché ou d’une manipulation au vu et au su de tous ?
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