L'Iran n'est pas seul : cette guerre est un moment historique pour le Sud global pour mettre fin à l'impérialisme
https://www.globalresearch.ca/iran-war-global-south-end-imperialism/5891394
Plusieurs jours se sont écoulés depuis le début de l'affrontement militaire direct entre la République islamique d'Iran et le régime israélien, et il est déjà clair qu'il ne s'agit pas d'une simple escarmouche régionale. Ce à quoi nous assistons n'est pas un simple échange de missiles : il s'agit d'un tournant géopolitique qui pourrait bien marquer le début de la fin de l'ordre unipolaire dirigé par les États-Unis.
Israël, dans une erreur stratégique stupéfiante, a cru pouvoir traiter l'Iran comme il l'a fait avec la Syrie, l'Irak ou Gaza : en recourant à des frappes aériennes de précision, à la guerre psychologique et au contrôle de l'information pour forcer le retrait. Mais la réponse de l'Iran était tout sauf prévisible. Les missiles qui ont frappé profondément Haïfa et Tel-Aviv ont fait plus que causer des dégâts physiques : ils ont brisé l'illusion de « dissuasion absolue » que l'Occident cultivait depuis des décennies.
Cette guerre ne concerne pas seulement l’Iran ; elle représente un moment décisif pour le Sud global.
Mais la signification profonde de ce moment réside dans le défi qu'il représente pour des pays comme la Chine, la Russie, le Pakistan, l'Afrique du Sud, le Venezuela et d'autres pays du Sud. Depuis des années, ces États parlent de créer un monde multipolaire, de se libérer de l'hégémonie américaine et de bâtir un nouvel ordre international. Mais s'ils restent passifs ou indifférents face à ce moment aux conséquences mondiales, toute cette rhétorique risque de devenir caduque.
Le Sud global d'aujourd'hui n'est plus ce qu'il était au XXe siècle. Il ne s'agit pas seulement de nations faibles et dépendantes de l'aide internationale. Ce sont des puissances émergentes dotées d'importantes capacités économiques, voire militaires. La Chine est la deuxième économie mondiale. La Russie est une puissance nucléaire et militaire majeure. L'Iran possède une puissance balistique régionale inégalée. Le Pakistan, le Brésil, l'Indonésie, l'Afrique du Sud et la Turquie ne sont plus en marge de l'histoire. Ils font partie intégrante de la réalité émergente.
La crainte d'une troisième guerre mondiale n'est plus un moyen de dissuasion efficace, car l'équilibre des forces a changé. Si cette guerre s'intensifie et que l'Iran décide de fermer le détroit d'Ormuz, l'économie mondiale sera étouffée. Ce n'est pas une menace, c'est un fait. Les capitales occidentales le savent. À l'heure actuelle, des dizaines de groupes de réflexion à Washington, Bruxelles et Tel-Aviv analysent l'effondrement potentiel des chaînes d'approvisionnement mondiales, des marchés pétroliers et des systèmes financiers en cas de fermeture du détroit d'Ormuz.
Mais il ne s’agit pas ici de peur, mais de choix.
Le Sud global veut-il observer l’histoire depuis la marge ou la façonner ?
Le Pakistan a déjà clairement exprimé sa position : il soutiendra l’Iran si le conflit s’étend. Aujourd’hui, le monde a les yeux rivés sur la Chine et la Russie. Si elles ne se mobilisent pas – politiquement, économiquement et, oui, si nécessaire, militairement –, la promesse d’un « nouvel ordre mondial » sonnera creux. C’est là le test. Non pas en paroles, mais en actes.
L'Iran est seul, certes. Mais il porte sur ses épaules le poids de générations qui ont souffert de l'impérialisme, des sanctions et de l'asservissement. Si l'Iran remporte cette guerre, ce ne sera pas seulement une victoire nationale, ce sera une victoire pour nous tous.
Peut-être marquera-t-elle la chute du dollar. Peut-être la fin de la domination des médias occidentaux. Peut-être la naissance d'un nouveau paradigme économique et politique.
Quoi qu’il arrive, ce moment n’appartient pas seulement à l’Iran.
Cela nous appartient, à nous, le Sud global.
Peiman Salehi est un analyste politique et écrivain de Téhéran, en Iran.
L'image sélectionnée provient de Silent Crow News
Commentaires
Enregistrer un commentaire