Les Docteurs des Puissants : les médecins conseils des bureaucrates de l’UE et des parlementaires, un jeu avec la transparence ?
France-Soir s’était lancé à la recherche du Dr Perrochon, médecin discret de l’Élysée, pour avoir son éclairage sur les bulletins de santé présidentiels. Cette investigation inspire une série inédite, "Les Docteurs des Puissants", explorant les relations intimes et souvent controversées entre les médecins et les dirigeants qui ont façonné l’histoire. Que font-ils pour soigner ces figures ? Que murmurent-ils à leur oreille dans le secret des consultations ? Après Morell et Hitler, Gubler et Mitterrand, Jacobson et Kennedy, et Zhisui et Mao, ce cinquième chapitre plonge dans les coulisses médicales des bureaucrates de l’Union européenne et du Parlement français, où stress, addictions, et opacité interrogent : les élites, prônant la transparence, ne jouent-elles pas un double jeu pour protéger leurs secrets ?
Quand Ursula von der Leyen cache une pneumonie sévère en janvier 2025, l’UE minimise. À Paris, des parlementaires consomment des stupéfiants, s’exemptent de vaccins, ou sont accusés de violence. Ailleurs, des scandales similaires secouent l’Allemagne, le Royaume-Uni, et la Grèce. Derrière ces opacités, les médecins-conseils soignent des décideurs sous pression, mais leur silence interroge. La transparence, brandie par les élites, masque-t-elle une dystopie où la santé de la démocratie est en jeu ?
Médecins de l’ombre : soigner sous secret
À Bruxelles, le Service médical interinstitutionnel de l’UE, composé de médecins fonctionnaires, soigne 10 000 bureaucrates, dont von der Leyen ou Roberta Metsola. Les dossiers, cryptés sous le RGPD, restent secrets. Un service sous la responsabilité de Octavian Purcacera qui rapporte à la direction générale des ressources humaines et de la sécuté M Stephen Quest. Parmi les nombreuses personnes du département HR aucune ne semble avoir la qualification de médecin.

À Paris, les services médicaux de l’Assemblée nationale et du Sénat, avec des généralistes salariés, soutiennent 577 députés et 348 sénateurs. Leur proximité crée des conflits d’intérêts : un médecin anonyme confie à France-Soir avoir été pressé de taire une addiction d’un député pour “préserver sa carrière” et les médias en parlent : la drogue circule, mais les élus se taisent. Ces médecins gèrent des maux visibles et invisibles, mais sous haute pression.
Le stress et burn-out, des maux invisibles
Les décideurs affrontent un rythme infernal. À l’UE, les crises (Ukraine, climat) engendrent stress chronique, insomnie, et burn-out. Plusieurs sources au sein des instances européennes rapportent une augmentation des troubles anxieux chez les fonctionnaires européens, exacerbée par des agendas surchargés se traduisant.
L’absentéisme des bureaucrates pour raison de santé ne semble pas documenté, cependant une de nos sources explique que « la crise du covid a accentué l’attention portée à la santé mentale et aux congés pour raisons médicales avec des préoccupations sur la confidentialité des données médicales ». De plus elle ajoute : « les absences sont de plus en plus nombreuses, mais les gens ne veulent pas que l’on connaisse les raisons de leurs absences », avant d’expliquer que « la pression est croissante sur les bureaucrates qui doivent avant tout se conformer aux directives imposées disposant ainsi d’une baisse d’autonomie voire une perte totale d’autonomie ». « La pression est telle que certains doivent recourir à des traitements, prennent des stupéfiants ou préfèrent se mettre en arrêt maladie qu’avoir à mentir, ou aller contre leur éthique ».
En France, la dissolution, les séances nocturnes et l’exposition médiatique épuisent les parlementaires, avec un absentéisme croissant avec des députés boudant les débats. Leur présence est excessivement variable, « bien plus que ce que l’on peut voir dans le privé » nous déclare un assistant parlementaire. Ce qui est aussi confirmé par Le Jour : « les députés macronistes accumulent les maux d’absence » avec des fonctionnaires qui racontent « des tensions » entre députés « qui ne se respectent plus ».
Dépressions et fatigues chroniques, rarement diagnostiquées par honte, pèsent lourd. Les médecins prescrivent des anxiolytiques (lorazépam) et hypnotiques (zolpidem), avec un risque de dépendance après 4-6 semaines, selon l’ANSM. À l’Assemblée, les fonctionnaires ne cachent pas qu’il y a « un problème » et que de plus en plus de députés « boivent de manière excessive » ou « prennent des stupéfiants ». Même si l’UE promeut des alternatives comme la méditation ou le sport, leur adoption reste limitée chez les décideurs sous pression
Ces maux fragilisent les décideurs avec « le stress des bureaucrates européens qui devient un fardeau croissant » explique une source à la Commission européenne.
Addictions et dérives : une exemplarité fragile
Les addictions, non généralisées, ternissent l’image des élus. En 2005, une étude de la télévision allemande SAT-1 a effectué 46 prélèvements dans les toilettes du bâtiment bruxellois du Parlement européen : 41 d’entre eux ont été testés positifs à la cocaïne ! Plus récemment, selon la source, une étude confidentielle estimerait que 5-10 % des eurodéputés consommaient occasionnellement des stupéfiants (cocaïne, 3-MMC). En France, Andy Kerbrat (ex-LFI, interpellé pour 3-MMC en 2024) et Joël Guerriau (sénateur, accusé d’avoir drogué une députée en 2023) illustrent ces dérapages.
L’alcool, courant à la buvette, est dénoncé par Caroline Janvier : « il y a des soirées ou de la drogue circule … comme il y a des dîners ou des fins de sessions parlementaires où il y a une consommation excessive d'alcool ». Les soirées arrosées nuisent au débat ». « Une surconsommation d’anxiolytiques, similaire aux cadres » explique un médecin qui connait bien les problématiques des élus et du stress au travail. Et il ajoute : « On les oriente vers des addictologues, mais les élus refusent souvent, craignant les fuites ». Des dérives qui alimentent la défiance.
Le mur du secret : une omerta institutionnelle
À l’UE, le RGPD protège les dossiers des parlementaires, renforcés par la loi sur le droit à la vie privée.
Motif invoqué par l’avocat de von der Leyen dans le cadre de la plainte pénale que Fréderic Baldan a porté contre elle. Un usage à géométrie variable de ces personnes aux responsabilités qui prônent la transparence, l’attente des citoyens, mais ne sont pas à même de montrer l’exemple.
En France, les services médicaux garantissent la confidentialité, mais des scandales brisent l’omerta et les médias s’y interessent. Les investigations transnationales, comme Follow the Money sur Qatargate, amplifient l’exposition.
Les médecins, tenus par le secret professionnel, évitent de signaler, malgré l’Ordre des médecins exigeant d’agir face à des dangers. Un véritable problème d'autant plus que la grande majorité des médecin-conseils sont anonymes et que les relations entre un patient et son médecin sont rarement dévoilées.
Cette opacité contraste avec les promesses de transparence.
Impact : une psyché sous pression
Le secret et les addictions fragilisent la psyché.
À l’UE, le stress pousserait à des recours médicamenteux. En France, la pression exacerbe l’anxiété : « vous pouvez facilement vriller » entre alool et drogues, l’Assemblée pas épargnée par les addictions comme le note BFM. » « A l’Assemblée, les déboires de la défonce nationale » titre le Canard pour une fois « déchainé ».
Les stupéfiants causent irritabilité, comme dans l’affaire Guerriau, créant des tensions. Les absences lors de votes, comme sur la réforme des retraites 2023, interrogent la fiabilité. « Les scandales menacent la réélection et affectent les prises de positions des parlementaires » explique un professionnel de santé consulté par plusieurs élus.
Cas d’étude : Von der Leyen et l’exemption vaccinale
Ursula von der Leyen incarne l’opacité. Hospitalisée pour une pneumonie sévère en janvier 2025, l’UE minimise, jusqu’à la révélation par l’agence de la presse allemande DPA dans ce qui s’apparente de plus en plus à des mensonges par omissions. « Cela ressemble davantage au comportement de Pékin qu’à celui d’une démocratie occidentale » critique Laurence Norman du Wall Street Journal.
Ce secret, reportant la « Boussole pour la compétitivité » interroge pour l’application de la transparence et la stabilité européenne. En France, l’exemption vaccinale de 2021, où les parlementaires imposent le vaccin à d’autres sans se l’appliquer, est perçue comme un privilège.
Ces cas révèlent un double discours.
Le précédent Gubler : la santé publique
L’affaire Claude Gubler, médecin de Mitterrand, marque un tournant. Son livre Le Grand Secret (1996) révèle un cancer caché dès 1981, malgré des promesses de transparence. La CEDH (Plon c. France, 2004) juge que la santé d’un président est d’intérêt public.
Ce précédent a redéfini les attentes, mais les élites invoquent encore le secret médical.
Transparence ou jeu de dupes ?
Les élites prônent la transparence, mais s’abritent derrière le secret médical et le droit à la vie privée. Von der Leyen cache sa pneumonie, les parlementaires leurs exemptions. Ce double discours, où des principes démocratiques servent de bouclier, évoque une dystopie où le public est dupé.
Comme Mitterrand, les décideurs manient ces concepts pour limiter l’audit de la santé démocratique, sapant la confiance : 62 % des Français doutent des élus et 76 % estiment que le gouvernement n’agit pas dans l’intérêt de la population.
Défiance publique : une crise de légitimité
Les scandales amplifient la méfiance.
Kerbrat risque une amende. Guerriau, accusé d’agression sous drogue, reste sénateur sous contrôle judiciaire. Adrien Quatennens, condamné pour violences conjugales en 2022, est réintégré en 2023. Ces sanctions, jugées faibles, contrastent avec les lois votées, alimentant l’hypocrisie.
Éric Piolle propose des tests anonymes. L’UE développe des programmes anti-stress, la France des formations éthiques. La crise d’exemplarité menace la légitimité.
Un phénomène global : scandales dans d’autres pays
Ce double jeu n’est pas unique.
En Allemagne, des députés CDU ont été impliqués en 2020 dans un scandale de corruption lié à la vente de masques Covid-19, profitant de contrats opaques (Transparency International).
Au Royaume-Uni, le Partygate (2020-2021) a révélé des fêtes illégales à Downing Street pendant le confinement, tandis que Boris Johnson, sous stress, aurait souffert d’épuisement, minimisé par son entourage (Euronews) et a reçu une amende pour avoir enfreint les règles du confinement. Ce qui fut aussi le cas en France avec des journalistes de BFM qui furent vus dans un restaurant proche de leur bureau dans le 15ème arrondissement de Paris, ou encore ce visiteur nocturne de l’Elysée qui rapporte que des « soirées festives » auraient pris place pendant le confinement avec la présence d’actuels ministres. Le nom de François Bayrou est cité sans être confirmé.
En Grèce, post-Qatargate, la surveillance d’un journaliste a soulevé des questions sur la santé mentale des élites sous pression (Anadolu Agency).
Outre l’Europe, les États-Unis affrontent des défis similaires. En 2023, le sénateur démocrate John Fetterman s’est fait hospitaliser pour une dépression clinique sévère, révélant publiquement son traitement pour briser le tabou. Son cas a poussé le Congrès à envisager des programmes de santé mentale pour les élus, mais la stigmatisation persiste. Ce précédent contraste avec l’opacité européenne, soulignant une tentative, bien que limitée, de transparence.
Ces affaires, souvent étouffées par le secret, montrent un schéma global de défiance.
Une démocratie à l’épreuve
Les médecins-conseils soignent des décideurs sous pression, mais leur silence protège des dérives. De von der Leyen à Quatennens, en passant par l’Allemagne ou le Royaume-Uni, l’opacité et le double discours des élites fragilisent la démocratie. Dans ce jeu de dupes, où la transparence masque des privilèges, l’exemplarité reste un défi. A commencer par la transparence sur les addictions des élus.
Prochain volet : Retour en France avec l’absence de bulletins de santé d’Emmanuel Macron – un silence en guise de transparence. Restez à l’écoute !
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