Guerres de religion : la « diabolisation » des musulmans et la bataille pour le pétrole
https://www.globalresearch.ca/the-demonization-of-muslims-and-the-battle-for-oil/4347
Une version antérieure de cet article a été publiée le 4 janvier 2007
Tout au long de l'histoire, les « guerres de religion » ont servi à occulter les intérêts économiques et stratégiques derrière la conquête et l'invasion de territoires étrangers. Ces « guerres de religion » visaient invariablement à s'assurer le contrôle des routes commerciales et des ressources naturelles.
Les croisades, qui s'étendent du XIe au XIVe siècle, sont souvent présentées par les historiens comme « une série continue d'expéditions militaro-religieuses menées par des chrétiens européens dans l'espoir d'arracher la Terre Sainte aux Turcs infidèles ». L'objectif des croisades, cependant, n'avait que peu à voir avec la religion.
Les croisades consistaient en grande partie, par des actions militaires, à remettre en cause la domination des sociétés marchandes musulmanes, qui contrôlaient les routes commerciales orientales.
La « guerre juste » a soutenu les croisades.
La guerre fut menée avec le soutien de l'Église catholique, agissant comme instrument de propagande religieuse et d'endoctrinement, qui fut utilisé dans l'enrôlement dans toute l'Europe de milliers de paysans, de serfs et de vagabonds urbains.
La croisade américaine en Asie centrale et au Moyen-Orient. La bataille pour le pétrole et le gaz naturel.
Aux yeux de l'opinion publique, il est essentiel de justifier une guerre par une « juste cause ». Une guerre est dite « juste » si elle est menée pour des raisons morales, religieuses ou éthiques.
La croisade américaine en Asie centrale et au Moyen-Orient ne fait pas exception. La « guerre contre le terrorisme » vise à défendre le territoire américain et à protéger le « monde civilisé ».
On la présente comme une « guerre de religion », un « choc des civilisations », alors qu’en réalité, l’objectif principal de cette guerre est de s’assurer le contrôle et la propriété des grandes richesses pétrolières de la région, tout en imposant, sous la houlette du FMI et de la Banque mondiale, la privatisation des entreprises d’État et le transfert des actifs économiques des pays aux mains de capitaux étrangers.
La théorie de la guerre juste considère la guerre comme une « opération humanitaire ». Elle sert à camoufler les véritables objectifs de l'opération militaire , tout en offrant aux envahisseurs une image morale et intègre. Dans sa version contemporaine, elle préconise une intervention militaire pour des raisons éthiques et morales contre les « États voyous » et les « terroristes islamiques » qui menacent la patrie.
droit à la guerre .
Posséder une « juste cause » pour faire la guerre était au cœur de la justification de l’administration Bush pour envahir et occuper l’Afghanistan et l’Irak.
Enseignée dans les académies militaires américaines, une version moderne de la théorie de la « guerre juste » a été intégrée à la doctrine militaire américaine. La « guerre contre le terrorisme » et la notion de « préemption » reposent sur le droit à la « légitime défense ». Elles définissent « quand il est permis de faire la guerre » : jus ad bellum .
Le jus ad bellum sert à établir un consensus au sein des structures de commandement des forces armées. Il sert également à convaincre les troupes que l'ennemi est « mauvais » et qu'elles combattent pour une « juste cause ». Plus généralement, la théorie de la guerre juste, dans sa version moderne, fait partie intégrante de la propagande de guerre et de la désinformation médiatique, appliquée pour obtenir l'adhésion du public à un programme de guerre.
La bataille du pétrole. La diabolisation de l'ennemi
La guerre nourrit un programme humanitaire. Tout au long de l'histoire, la diffamation de l'ennemi a été maintes fois utilisée.
Les croisades consistaient à diaboliser les Turcs comme des infidèles et des hérétiques, en vue de justifier l’action militaire.
La diabolisation sert des objectifs géopolitiques et économiques.
De même, la campagne contre le « terrorisme islamique » (soutenue secrètement par les services de renseignement américains) favorise la conquête des richesses pétrolières. Le terme « islamo-fascisme » vise à dégrader les politiques, les institutions, les valeurs et le tissu social des pays musulmans, tout en défendant les principes de la « démocratie occidentale » et du « libre marché » comme seule alternative pour ces pays.
La guerre menée par les États-Unis et l'OTAN dans la région élargie du Moyen-Orient et d'Asie centrale vise à prendre le contrôle de plus de 60 % des réserves mondiales de pétrole et de gaz naturel. Les géants pétroliers anglo-américains cherchent également à prendre le contrôle des tracés des oléoducs et gazoducs sortant de la région.
Le Venezuela possède les plus grandes réserves au monde.
Les pays musulmans qui sont l'objet de guerres des États-Unis et de l'OTAN, de changements de régime, etc. comprennent l'Arabie saoudite, l'Irak, l'Iran, le Koweït, les Émirats arabes unis, le Qatar, le Yémen, la Libye, le Nigéria, l'Algérie, le Kazakhstan, l'Azerbaïdjan, la Malaisie, l'Indonésie, Brunei. Ces pays possèdent plus de 55 % des réserves mondiales de pétrole. ( Voir tableau , octobre 2024).
Les réserves mondiales totales (dernières données) sont de l'ordre de 1 650 585 140 000 (cliquez pour les dernières données, mai 2025)
équivalent en barils des réserve de pétrole des 10 premier pays
Cliquez ici pour la liste complète des pays : réserves de pétrole (compteurs mondiaux de pétrole)
Le Venezuela, qui possède la plus grande part des réserves de pétrole, est menacé par les États-Unis qui ne possèdent qu'à peine 2 pour cent des réserves totales de pétrole.
La plus grande partie des réserves mondiales de pétrole se trouve dans une région s'étendant (au nord) de la pointe du Yémen au bassin de la mer Caspienne et (à l'est) du littoral oriental de la Méditerranée jusqu'au golfe Persique. Cette région élargie du Moyen-Orient et d'Asie centrale, théâtre de la « guerre contre le terrorisme » menée par les États-Unis, englobe, selon les estimations de World Oil , plus de soixante pour cent des réserves mondiales de pétrole. (Voir tableau ci-dessous).
L’Irak possède cinq fois plus de pétrole que les États-Unis.
Les pays musulmans possèdent plus de 58 % des réserves mondiales de pétrole.
Les principaux pays non musulmans disposant de réserves de pétrole sont le Venezuela, le Canada, la Russie, le Mexique, la Chine et le Brésil.
La diabolisation s'applique à un ennemi qui possède une part importante des réserves mondiales de pétrole et de gaz. « Axe du Mal », « États voyous », « nations faillies », « terroristes islamistes » : la diabolisation et la diffamation sont les piliers idéologiques de la « guerre contre le terrorisme » menée par l'Amérique. Elles servent de prétexte pour mener la bataille du pétrole.
La bataille pour le pétrole nécessite la diabolisation de ceux qui possèdent le pétrole.
L’ennemi est qualifié de maléfique, afin de justifier une action militaire, y compris le massacre de civils.
La région du Moyen-Orient et d'Asie centrale est fortement militarisée (voir carte). Les champs pétroliers sont encerclés : des navires de guerre de l'OTAN stationnent en Méditerranée orientale (dans le cadre d'une opération de « maintien de la paix » de l'ONU), des groupes aéronavals et des escadrons de destroyers américains dans le golfe Persique et en Arabie, déployés dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme ».
PRODUCTION PÉTROLIÈRE AU MOYEN-ORIENT
L'objectif ultime, combinant action militaire, opérations secrètes de renseignement et propagande de guerre, est de démanteler le tissu national et de transformer des pays souverains en territoires économiques ouverts, où les ressources naturelles peuvent être pillées et confisquées sous la supervision du « libre marché ». Ce contrôle s'étend également aux corridors stratégiques d'oléoducs et de gazoducs (par exemple, en Afghanistan).
La diabolisation est une opération psychologique utilisée pour influencer l’opinion publique et créer un consensus en faveur de la guerre .
La guerre psychologique est directement financée par le Pentagone et les services de renseignement américains. Elle ne se limite pas à l'assassinat ou à l'exécution des dirigeants des pays musulmans, mais s'étend à des populations entières.
Il vise également les musulmans d’Europe occidentale et d’Amérique du Nord.
Il vise à briser la conscience nationale et la capacité de résister à l’envahisseur.
Cela dénigre l’Islam.
Elle crée des divisions sociales. Elle vise à diviser les sociétés nationales et, à terme, à déclencher une « guerre civile ».
Tout en créant un environnement qui facilite l'appropriation pure et simple des ressources du pays, elle crée en même temps des réactions négatives potentielles, crée une nouvelle conscience nationale, développe la solidarité interethnique et rassemble les peuples pour faire face aux envahisseurs.
Il convient de noter que le déclenchement de divisions sectaires et de « guerres civiles » est envisagé dans le processus de modification de la carte du Moyen-Orient , où les pays sont destinés à être démantelés et transformés en territoires.
La carte du Nouveau Moyen-Orient, bien que non officielle, a été utilisée par l'Académie nationale de guerre des États-Unis.
Cette carte a été publiée dans l'Armed Forces Journal (juin 2006). Sur cette carte, les États-nations sont démantelés et les frontières internationales redéfinies selon des critères ethniques et confessionnels, globalement en accord avec les intérêts des géants pétroliers anglo-américains (voir carte ci-dessous). Elle a également été utilisée dans le cadre d'un programme de formation destiné aux officiers supérieurs du Collège de défense de l'OTAN.
CARTE DU NOUVEAU MOYEN-ORIENT
Carte : cliquez pour agrandir Note : La carte suivante a été préparée par le lieutenant-colonel Ralph Peters. Elle a été publiée dans l'Armed Forces Journal en juin 2006.
Peters est un colonel à la retraite de l'Académie nationale de guerre des États-Unis. (Carte Copyright Lieutenant-colonel Ralph Peters 2006).
Le pétrole et le gaz naturel se trouvent dans les terres musulmanes
Le pétrole se trouve en terres musulmanes. La diffamation de l'ennemi fait partie intégrante de la géopolitique énergétique eurasiatique. Elle est directement liée à la répartition géographique des réserves mondiales de pétrole et de gaz. Si le pétrole se trouvait dans des pays majoritairement occupés par des bouddhistes ou des hindous, on pourrait s'attendre à ce que la politique étrangère américaine soit dirigée contre ces deux groupes, qui seraient également la cible de diffamations.
Sur le théâtre de guerre du Moyen-Orient, l’Iran, qui fait partie de « l’axe du mal », est la prochaine cible selon les déclarations officielles américaines.
Des « guerres civiles » et des changements de régime parrainés par les États-Unis ont également eu lieu dans plusieurs autres régions pétrolières et gazières stratégiques, notamment au Nigeria, au Soudan, en Colombie, en Somalie, au Yémen, en Angola , sans oublier la Tchétchénie et plusieurs républiques de l'ex-Union soviétique. Des « guerres civiles » parrainées par les États-Unis, qui incluent souvent un soutien secret à des groupes paramilitaires, ont été déclenchées dans la région du Darfour au Soudan ainsi qu'en Somalie, où le Darfour possède d'importantes réserves de pétrole. En Somalie, des concessions lucratives ont déjà été accordées à quatre géants pétroliers anglo-américains.
Selon des documents obtenus par le Times, près des deux tiers du territoire somalien ont été attribués aux géants pétroliers américains Conoco, Amoco [aujourd'hui filiale de BP], Chevron et Phillips au cours des dernières années précédant le renversement du président somalien pro-américain Mohamed Siad Barre et le plongement du pays dans le chaos en janvier 1991. Des sources industrielles affirment que les entreprises détenant les droits sur les concessions les plus prometteuses espèrent que la décision de l'administration Bush d'envoyer des troupes américaines pour sécuriser les livraisons d'aide humanitaire en Somalie contribuera également à protéger leurs investissements de plusieurs millions de dollars dans ce pays. ( Les intérêts de l'Amérique en Somalie , Global Research, 2002)
La mondialisation et la conquête des ressources énergétiques mondiales
La diabolisation collective des musulmans, y compris la diffamation de l'islam, appliquée à l'échelle mondiale, constitue, sur le plan idéologique, un instrument de conquête des ressources énergétiques mondiales. Elle s'inscrit dans les mécanismes économiques et politiques plus vastes qui sous-tendent le Nouvel Ordre Mondial.
ANNEXE
Les 25 pays : réserves de pétrole
À propos de l'auteur :
Michel Chossudovsky est un auteur primé, professeur émérite d'économie à l'Université d'Ottawa, fondateur et directeur du Centre de recherche sur la mondialisation (CRG) à Montréal, et rédacteur en chef de Global Research. Il a mené des recherches de terrain en Amérique latine, en Asie, au Moyen-Orient, en Afrique subsaharienne et dans le Pacifique, et a publié de nombreux articles sur l'économie des pays en développement, notamment sur la pauvreté et les inégalités sociales. Français Il a également entrepris des recherches en économie de la santé (Commission économique des Nations Unies pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), FNUAP, ACDI, OMS, gouvernement du Venezuela, John Hopkins International Journal of Health Services (1979, 1983). Il est l'auteur de 13 ouvrages, dont The Globalization of Poverty and The New World Order (2003), America's « War on Terrorism » (2005), The Globalization of War, America's Long War against Humanity (2015). Il contribue à l'Encyclopaedia Britannica. Ses écrits ont été publiés dans plus de vingt langues. En 2014, il a reçu la Médaille d'or du mérite de la République de Serbie pour ses écrits sur la guerre d'agression de l'OTAN contre la Yougoslavie. Vous pouvez le contacter à l'adresse crgeditor@yahoo.com« Les Arabes ont peut-être le pétrole, mais nous avons les allumettes. » Ariel Sharon (2)
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