Donner c'est gagner : La fast-fashion contourne la loi anti-gaspillage

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Auteur(s)
France-Soir
Publié le 22 mai 2025 - 14:10
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Vêtements

DR - Unsplash

Les géants de la fast-fashion détournent la loi anti-gaspillage de 2022 pour transformer leurs surplus en manne fiscale. Shein, Decathlon et Kiabi empochent plusieurs millions d'euros de réductions d'impôts en "donnant" leurs invendus à des associations, obtenant 60% de déduction sur la valeur déclarée. Cette stratégie leur permet de rentabiliser leur surproduction tout en asphyxiant les structures de réemploi, submergées par ces dons massifs.

Une enquête de Disclose, en partenariat avec Reporterre, révèle que l'ironie atteint son paroxysme quand une entreprise gagne plus à jeter qu'à vendre. Pour un pantalon Shein valorisé à 12 euros, la marque chinoise empoche 7,20 euros de ristourne fiscale si elle le "donne" à une recyclerie. Une aubaine pour une enseigne capable de fabriquer à quelques dizaines de centimes. Decathlon a ainsi encaissé 709 000 euros d'avoirs fiscaux en 2024, tandis que ses documents internes martèlent sans pudeur que "donner, c'est bon pour ton portefeuille".

Kiabi pousse le cynisme encore plus loin avec ses "Petits Magasins", un système où l'enseigne se donne littéralement à elle-même via sa filiale Kivi, tout en récupérant les réductions d'impôts. Comme le révèle un ancien cadre interrogé par Disclose, "il y a des rescrits fiscaux derrière ces dons". L'enseigne pourrait ainsi avoir économisé près de 15 millions d'euros d'impôts si elle avait donné tous ses 5,6 millions d'invendus de 2023.

Cette mécanique perverse crée une double peine pour les finances publiques : d'abord, l'État subventionne indirectement la surproduction via ces niches fiscales ; ensuite, les collectivités locales héritent des coûts de destruction de ces déchets textiles, les entreprises étant exemptées de la taxe sur les vêtements "donnés". Une ressourcerie d'Arles a ainsi dépensé 8 000 euros pour enfouir 10 tonnes de textiles en mars dernier.

La loi anti-gaspillage finance désormais le gaspillage qu'elle prétendait combattre, transformant l'argent public en carburant de la fast-fashion.

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