Invisibilisation : Nicolas Vidal dénonce une censure algorithmique qui étouffe les médias indépendants

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France-Soir
Publié le 29 septembre 2025 - 17:00

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Nicolas Vidal
Invisibilisation : Nicolas Vidal dénonce une censure algorithmique qui étouffe les médias indépendants

 France-Soir


Le journaliste et fondateur de Putsch Media, Nicolas Vidal, sonne l’alarme. Invité d’un débriefing pour évoquer le « shadow ban » — cette invisibilisation algorithmique sur les plateformes —, il décrit une mécanique discrète mais implacable qui, selon lui, réduit au silence des voix indépendantes tout en fragilisant leur modèle économique. « Le shadow ban, c’est te planquer au fond d’une caisse : ta vidéo ne monte pas, n’apparaît pas en page d’accueil, n’est pas suggérée à ceux qui ne te connaissent pas », résume-t-il. « C’est une forme de censure respectable, parce qu’elle n’est jamais avouée. »

Nicolas Vidal situe le tournant pendant et après la crise sanitaire. Sa chaîne YouTube, quasi dormante avant 2020, décolle au cœur du Covid : « On faisait entre 3 000 et 4 000 abonnés par jour, avec des lives à plus de 15 000 personnes. » Puis, dit-il, les premières suppressions tombent, « des vidéos diffusées six à huit mois plus tôt, uniquement sur le Covid ». L’épisode charnière : une interview d’Idriss Aberkane « à 240–250 000 vues en douze heures », retirée dans la foulée. « À partir de là, la descente aux enfers : avertissements, déréférencement et une audience qui ne te trouve plus. »

Le fondateur de Putsch assure avoir accumulé des indices chiffrés d’une invisibilisation active. « On a des lives où il y a plus de likes que de viewers simultanés : c’est incohérent si l’algorithme pousse l’engagement, comme YouTube le promet », explique-t-il, citant un taux d’engagement « entre 17 et 18 % » là où « une chaîne sérieuse tourne entre 4 et 8 % ». Malgré ces signaux, les réponses de l’assistance YouTube restent, dit-il, « toujours à côté ». Même le trophée des 100 000 abonnés s’est transformé en feuilleton : « On m’a dit qu’une commission avait jugé que la chaîne ne respectait pas ‘les standards de la communauté’. Je ne l’ai reçu qu’un an plus tard, sans explication. » 

voir la vidéo sur le site de France-Soir

 

Le sujet dépasse YouTube, selon lui. Sur X (ex-Twitter), Vidal affirme avoir perdu « tous [ses] comptes » le jour de la publication d’une enquête sur McKinsey en mars 2022 : « Poser la question du rôle de McKinsey auprès de l’Élysée m’a coûté très cher. » Plus largement, il évoque l’Europe, les « ingérences » et l’énergie comme thèmes sensibles, et critique la narration dominante, citant les élections en Moldavie : « J’ai entendu des choses délirantes : si les électeurs ne sont pas pro-UE, ce serait forcément la main de Moscou. On est chez les dingues. »

Au cœur de son alerte, une conséquence très concrète : l’asphyxie financière. « L’argent, c’est l’oxygène économique. Passer de 4 000 à 600–700 personnes en direct, c’est mécaniquement moins de dons et d’abonnements », dit-il, rappelant que Putsch ne touche « aucune aide publique, aucune subvention ». L’invisibilisation — et la conjoncture — épuiserait le modèle : « Des lecteurs nous écrivent: ‘Je ne peux plus mettre 5 euros par mois’. »

Nicolas Vidal situe cette dynamique dans un paysage de « concurrence déloyale » où des plateformes au pouvoir de distribution écrasant et des « médias subventionnés » coexistent. « La question du financement des médias par l’État doit être posée. Quand des titres privés adossés à des actionnaires reçoivent des dizaines de millions d’euros, où est la légitimité ? Pour nous, le seul juge de paix, c’est le lecteur. » Il plaide pour des « commissions d’enquête franches » et une remise à plat des subventions.

Le journaliste élargit enfin au terrain politique et sociétal : fracture entre « caste politique » et médias indépendants, crispation croissante, risque d’un encadrement accru des réseaux sociaux au nom de la protection des mineurs : « C’est le cheval de Troie d’un encadrement généralisé. Si on nous coupe Internet, on n’existe plus. »

Son mot de la fin sonne comme un appel civique : « J’espère une issue démocratique. Tant que la majorité baisse la tête, ces gens ne s’arrêteront jamais. Il faut une pression citoyenne pour une remise à zéro de ce pays. » Et, pour les jeunes journalistes, un avertissement lucide : 

« Il faut aimer ce métier, tenir une ligne, bâtir un modèle économique. La viralité sans filtre, c’est fini. Mais la légitimité par le lecteur, elle, reste. »

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